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journées franco-italiennes de psychomotricité

« Les gestes qui soignent »

Sommaire:

Journees-franco-italiennes de psychomotricité

téléchargez sur le site de l’Afpup: http://www.afpup.org/page33/page8/index.html

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captureLE MATÉRIEL ET SON UTILISATION

dans les médiations aquatiques d’animation, d’accompagnement et de soins.

Anne Luigi-Duggan décembre 2016

Téléchargez la version pdf: materiel-et-utilisation

séparation coloreDroitier ou gaucher : de l’importance de la latéralité chez l’enfant

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Savoir si l’on est droitier ou gaucher semble souvent complètement naturel. Pourtant, certains enfants peuvent se tromper de latéralité. Au quotidien, les problèmes liés à ce trouble sont nombreux. Explications autour de l’enjeu de la latéralisation.

« Mes parents m’ont confié qu’ils avaient toujours pensé que je serai gauchère. Pourtant, 27 ans plus tard, je suis droitière et victime d’une série de problèmes liés à ma mauvaise latéralité« , lance Harmonie.

« Mon sens de l’orientation est désastreux, mon équilibre aussi. Je tiens très mal mon stylo, mon écriture est vilaine, je ne peux descendre les escaliers sans tenir la rampe et petite on se moquait de moi car je n’arrivais pas à rattraper un ballon », souligne la jeune femme de 28 ans en reprise d’études.

De multiples facteurs

A elle seule, Harmonie cumule un large éventail des problèmes liés à la latéralité, c’est-à-dire au « mauvais choix » de sa main dominante. Cette dernière concerne aussi l’œil et le pied, même si le côté préféré n’est pas nécessairement le même pour les trois. On peut également avoir une main droite dominante et un œil gauche dominant différents sans que cela ne pose de problème.

Pour Emmanuelle Renaud Thomas, psychomotricienne à Nantes, le terme de « trouble de la latéralité » reste à utiliser avec parcimonie car « ils sont en général liés à une autre pathologie. Il s’agit souvent d’un symptôme découlant de facteurs génétiques, neurologiques, environnementaux ou psychologiques. Un enfant qui peine à trouver sa place dans sa famille peut avoir du mal à faire un choix de latéralité. Par mimétisme, il peut aussi choisir la même latéralité que l’un de ses parents, même si ce n’est pas la bonne pour lui. Ces exemples ne sont qu’une minorité parmi des cas multiples. »

Se repérer dans l’espace

Le processus de latéralisation permet de déterminer quelle est la main dominante de l’enfant. Elle va ensuite jouer un rôle essentiel dans son développement de l’enfant, lui permettant d’acquérir une bonne perception de son corps et de l’espace et de manipuler des objets.

Selon Emmanuelle Renaud Thomas, « la latéralité chez l’enfant influence directement sa connaissance spatiale. S’il a un trouble de la latéralité, il aura souvent du mal à différencier sa droite et sa gauche. Il aura aussi des soucis de motricité. »

Hélène Bordron-Sauvêtre, également psychomotricienne, souligne-t-elle que l’enjeu est également symbolique : être gaucher ou droitier est une question d’identité au sein de notre société. « Statistiquement, il y a plus de droitiers que de gauchers, donc l’impression d’être ‘dans le moule’ pour certains droitiers, et l’inverse pour certains gauchers existe, précise la psychomotricienne. Il est arrivé plusieurs fois que des enfants qui viennent me voir me disent en se présentant ‘je suis gaucher’, en même temps que leur âge, leur hobby, etc., comme si ça les définissait, soit de façon positive, soit de façon négative. »

Une temporalité différente pour chacun

Le processus de latéralisation débute vers deux mois, dès que le nourrisson commence à attraper des objets. Une étude irlandaise va jusqu’à avancer qu’une préférence serait déjà perceptible in utero, notamment en observant le pouce que le fœtus suce.

A partir de quatre/cinq mois, l’enfant utilise ses deux mains. C’est le premier signe de coordination. Vers sept/huit mois, il passe les objets d’une main à l’autre et se rend peu à peu compte qu’il en a deux. Puis vers un an et demi, il commence à mettre en place la coopération bi-manuelle : une main soutient, l’autre agit.

Chez certains enfants la latéralisation s’opère très vite. Chez d’autres, le processus sera beaucoup plus lent. De manière générale, la latéralisation définitive arrive vers sept ans. Au-delà on peut commencer à s’interroger.

LIRE AUSSI>> Qu’apprennent les enfants à l’école maternelle?

L’apprentissage de l’écriture

Les troubles de la latéralité peuvent parfois avoir des répercussions sur la scolarité de l’enfant ou sur son développement psychomoteur. Les institutrices sont aujourd’hui alertées sur ces questions et remarquent bien souvent quand un élève accumule du retard, notamment dans son apprentissage de l’écriture.

Pour autant, Emmanuelle Renaud Thomas insiste sur l’importance de laisser le temps à l’enfant de « choisir son camp ». « A l’école, on entre dans la calligraphie très tôt, souvent dès la moyenne section de maternelle. A cet âge-là, il serait plus judicieux de rester concentré sur la manipulation d’objets.

Écrire demande une certaine maturité psychologique et nécessite d’avoir une main dominante, alors que la peinture par exemple n’exige pas une telle dextérité. Aujourd’hui, on aime que les enfants sachent faire les choses vite et si possible en même temps que les autres », complète la psychomotricienne.

« On lui demande de passer à la vitesse supérieure »

Hélène Bordron-Sauvêtre confirme: « Savoir écrire revient à entrer dans le monde des adultes. Il y a donc une forte pression psychologique concernant cet apprentissage », se désole la psychomotricienne. « Un enfant qui a des problèmes de latéralité sera souvent un enfant tendu. Dans ce cas, il peut être intéressant de lui faire faire des exercices de relaxation« , suggère-t-elle.

A sept ans, Eliott est un petit garçon qui a du mal à choisir sa main dominante. « Le CP a été très difficile pour lui », confirme sa maman, Laëtitia, graphiste de 29 ans. « Son écriture est trop brouillonne. Il a du mal à tenir correctement son stylo, il est lent et change parfois de main malgré une dominance à droite. Je pensais qu’il s’améliorerait avec le temps mais ce n’est pas le cas. Maintenant qu’Eliott est en CE1, on lui demande de passer à la vitesse supérieure. Il vient de commencer les séances chez le psychomotricien. J’espère que les progrès vont vite se faire sentir », confie Laëtitia.

LIRE AUSSI >> TDAH: Comment détecter un enfant hyperactif?

Une difficulté à choisir

Vous vous demandez si votre enfant est mal latéralisé ? Pour le savoir, observez avant tout sa façon d’être. C’est peut-être le cas s’il bouge beaucoup, n’est pas bien ancré, qu’il a du mal à trouver ses appuis et a souvent besoin d’agripper quelque chose pour se stabiliser. Il va par exemple constamment changer de main pour se brosser les dents ou découper à l’aide de ciseaux.

C’est aux parents et à l’institutrice d’observer ces signes. Dans de nombreux cas, il ne s’agira que d’une difficulté à choisir mais il peut malgré tout être intéressant de faire un bilan auprès d’un(e) psychomotricien(ne).

Un frein au développement psychomoteur

Pour éviter au maximum un trouble de la latéralité, il est recommandé de stimuler l’enfant dès le plus jeune âge. Pâte à modeler, Lego, peinture et autres dessins sont autant d’outils pour l’aider à construire sa motricité. « Plus il fera d’expériences, plus il sera libre dans son choix de main dominante », martèle Emmanuelle Renaud Thomas.

Les écrans représentent au contraire un frein au développement psychomoteur des plus jeunes. « Je vois souvent des parents fiers de me montrer que leur enfant est doué pour pianoter sur une tablette ou un téléphone », développe Emmanuelle Renaud Thomas. « Ces derniers n’apportent absolument rien au niveau du développement moteur de l’enfant. Avant trois ans, je les déconseille vivement. Être dans l’action permet de stimuler l’intelligence et la conscience de l’espace chez l’enfant », conclut-elle. capture Par Valérie Gautier, publié le 13/07/2016 à 07:00

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AUTISME: Dire l’indiscible

Patrick SADOUN

Dans ce recueil de textes personnels hors du commun, Patrick Sadoun témoigne avec sensibilité et subtilité de son vécu de père d’enfant d’autiste ainsi que de tout le travail d’élaboration qu’il a dû mener pour pouvoir essayer de dire l’indicible de l’autisme. Ses réflexions sur les singularités des personnes autistes ouvrent vers l’universalité de la condition humaine.

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Thérapie psychomotrice et recherches N°175numérisation0001

 

Editorial :

– Enjeux de la relation en psychomotricité

Boutinaud, Jérome

– Interview de Christian Robineau par Jérôme Boutinaud

Robineau,Christian, Boutinaud, Jerôme

– Interview du Professeur Jean Charles Picaud : Les soins de soutien au développement en question

Perrier-Genas Monique, Picaud Jean Charles

Dossier :

– Réflexion sur les soins de développement

Perrier Genas, Monique

– Un dispositif particulier : co consultation pédiatre/psychomotricienne

Goiset, E. / Perrier-Genas, Monique

Recherches :

– Les autocontacts chez l’enfant autiste

Panisset-Pallier, Caroline

Hors thèmes :

– Des matières et des formes à l’imaginaire corporel

Latour, Anne-Marie

Ailleurs :

– La psychomotricité en Uruguay

De Léon, Cristina

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Revue THÉRAPIE PSYCHOMOTRICE – et Recherches– N° 171

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Nous avons souhaité débuter ce numéro thématique consacré aux actions des psychomotriciens « Hors la séance » par un remarquable travail de recherche menée en Suisse romande par Sylvie AVET LOISEAU-TISSOT et des psychomotriciens, enseignants à la filière Thérapie psychomotrice de la Haute école de travail social de Genève. Cette recherche sur l’évaluation des effets des thérapies psychomotrices a le grand mérite de ne pas céder aux sirènes des approches focales, si en vogue actuellement, renouant ainsi avec une approche intégrative de la psychomotricité et de la recherche si chère à Julian de Ajuriaguerra. Nous laissons le lecteur découvrir les résultats prometteurs de cette recherche et on ne peut qu’inciter nos collègues et enseignants-chercheurs à poursuivre dans la voie ainsi tracée. Nous profitons d’ailleurs de l’occasion qui nous est donnée pour annoncer aux lecteurs que nous accorderons dorénavant dans la revue plus de place aux travaux de recherches et notamment aux recherches centrées sur la clinique.

Notre jeune collègue Amélie COURTIN nous relate dans un très bel article une réflexion sur la temporalité de l’urgence dans le monde du travail. Cette réflexion menée sur la base d’une enquête auprès des professionnels souligne l’accélération des contraintes de l’institution et leurs impacts sur les pratiques psychomotrices. Le temps de l’institution n’est pas celui du sujet, comment dès lors concilier deux logiques si opposées ?

Nous poursuivons avec Frédéric PUYJARINET sur la question de la temporalité mais dans une toute autre perspective, centrée principalement sur la dimension comportementale de la gestion du temps. Dans cet article très argumenté Frédéric PUYJARINET fait une revue des travaux actuels sur les mécanismes de perception et connaissance du temps chez l’enfant et propose pour le clinicien des pistes possibles de remédiations.

Enfin en clôture de cette thématique Géraldine AYMARD nous livre une expérience des plus originales en se mettant dans la peau d’une personne obèse par le biais d’un costume simulant l’obésité. Partant au plus près du corps et de ses ressentis Géraldine AYMARD nous propose des pistes de travail possibles en psychomotricité auprès des personnes obèses.

Ce numéro se poursuit par la publication intégrale de la journée d’étude de nos collègues lyonnais (ARRCP) consacrée aux addictions. La présentation et le fil rouge de cette journée sera assurée page 54 par Catherine POTEL-BARANES.

Nous tenons cependant à remercier tous les participants à cette journée mais plus particulièrement les membres de l’Association de Réflexion et de Recherche Clinique en Psychomotricité de Lyon et sa région qui chaque année nous offre, un travail de réflexion et de recherche de qualité qui comme le bon vin (région oblige) s’améliore d’année en année. Qu’ils en soient ici remerciés.

Bonne lecture à toutes et à tous.

THERAPIE PSYCHOMOTRICE -et Recherches- N° 171

Le psychomotricien hors la séance

Sommaire

Editorial – Par M. RODRIGUEZ p. 2

HORS LA SÉANCE

N° 171 / 01 Evaluation des effets de la thérapie psychomotrice
- Par S. AVET L’OISEAUTISSOT, B. SENN, K. BALIGAND-LECOMTE & S. RUSCONI-SERPA p. 4

N° 171 / 02 La temporalité de l’urgence
- Par A. COURTIN p. 20

N° 171 / 03 Perception du temps : aspects théoriques et perspectives cliniques en psychomotricité
- Par F. PUYJARINET p. 30

N° 171 / 04 Ce corps qui me pèse
- Par G. AYMARD p. 44

ARRCP

N° 171 / 05 Journée d’étude de l’ARRCP du samedi 10 décembre 2011 : « Addiction et psychomotricité » p. 53

N° 171 / 06 Introduction à la journée
- Par C. POTEL p. 54

N° 171 / 07 Psychomotricité et alcoolodépendance : un espace pour sortir de l’agir répétitif
- Par C. EXPOSITO p. 56

N° 171 / 08 Se former – Se déformer – Se transformer. Rencontre avec Barbara une adolescente boulimique
- Par C. BERTIN p. 66

N° 171 / 09 Maigrir ou grandir : le dilemme de Framboise
- Par O. GAUCHER-HAMOUDI p. 78

N° 171 / 10 Le corps, la jouissance et le refus du désir : réflexions à propos de l’économie psychique des personnalités addictives
- Par Pr V. DODIN p. 90

N° 171 / 11 La balnéothérapie : un espace de rencontre
- Par O. GAUCHER-HAMOUDI p. 98

N° 171 / 12 / 42e des Journées Annuelles de Thérapie Psychomotrice : Groupe et Psychomotricité
- Les 10, 11, 12 octobre 2013 au Centre des Congrès de St-Etienne p. 108

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Grandir avec les écrans « La règle 3-6-9-12 »

Face aux écrans, qu’est ce qui est bon pour nos enfants ? A partir de quel âge offrir une console de jeux, un premier gsm? Combien d’heures le laisser au quotidien devant la tv ou l’ordinateur ? Quelles limites fixer ? De nombreux parents et professionnels sont désorientés parce qu’ils souhaitent que l’enfant développe au mieux toutes ses capacités, et ces nouvelles technologies semblent être une manière d’y parvenir … Qui croire dans cette cacophonie ? Les marchands de nouvelles technologies ? Les industriels ? Les défenseurs du livre et du « c’était mieux avant. » ? Ni les uns, ni les autres…

Loin de diaboliser les écrans et selon les études menées entre autres par Serge Tisseron, le but de la campagne 3-6-9-12 ans est d’inviter, d’initier parents et professionnels à suivre les besoins du développement de l’enfant et, en fonction de ces étapes, de l’introduire au monde des écrans.ligne_du_temps_04_a4

Pas de TV avant 3 ans

Avant 3 ans, l’enfant a besoin de construire ses repères. Dans l’espace à travers toutes les interactions sensorielles et motrices avec l’environnement. Dans le temps à travers les histoires qu’on lui raconte et les livres qu’il feuillette. Les tablettes tactiles peuvent être utilisées au même titre que tous les jouets traditionnels, mais dans un accompagnement ludique. Le bébé captivé par le rythme rapide des couleurs et des sons qui se succèdent sur l’écran risque d’intérioriser ce rythme nocif pour sa personnalité.

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Pas de console de jeu avant 6 ans

Avant 6 ans, l’enfant a besoin de découvrir toutes ses possibilités: il est prioritaire qu’il ait des activités engageant ses dix doigts pour développer son habileté motrice, et surtout son cerveau. Le risque des écrans est en effet qu’ils accaparent toute son attention, tout son temps. Il est important dès lors d’établir des règles claires sur le temps d’écrans, d’installer les écrans dans le salon, de préférer les jeux vidéos que l’on joue à plusieurs.

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Pas d’internet seul avant 9 ans

Avant 9 ans, l’enfant continue à mettre en place les différentes formes de son intelligence. Internet risque de brouiller les repères qu’il est en train de se construire. Pour éviter les pièges du web, l’enfant doit notamment assimiler la distinction entre espaces intime et public. Il est important d’installer les écrans dans le salon, de dialoguer en famille sur ce qui s’y passe et d’établir des règles claires sur le temps d’écrans.

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Pas de réseaux sociaux avant 12 ans

Avant 12 ans, l’enfant a besoin d’explorer la complexité du monde réel. Il a besoin d’éprouver ses relations sociales, de tester ses comportements et les réactions qu’ils suscitent, sans la distance créée par les écrans. Il est important de privilégier les jeux en famille et entre amis, dans la même pièce, d’installer les écrans dans le salon et de continuer à établir des règles claires sur le temps d’écrans.

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ABONNEMENT

REVUE THÉRAPIE PSYCHOMOTRICE – et Recherches– 

COLLECTION 2009 :

  • N° 157 – Le tonus dans tous ses états (24€)
  • N°158 – Approches psychomotrices et interdisciplinaires autour du jeune enfant (JA Bordeaux) (24€)
  • N° 159 – Autour de la pataugeoire et du pack : Quelles perspectives thérapeutiques ? (24€)
  • N° 160 – La personne âgée et son approche en psychomotricité (24€)

ANNEE 2010 :

  • N° 161 – Techniques et médiations (25€)
  • N°162 – Le tonus : toile de fond des émotions (JA Angers) (25€)
  • N° 163 – Le groupe en psychomotricité (25€)
  • N° 164 – Travailler avec les familles (25€)

ANNEE 2011 :

  • N° 165 – Dyspraxies ? Hyperactivité ? Perspectives critiques autour de notions polémiques (26€)
  • N° 166 – Hors des sentiers battus (26€)
  • N° 167 – JA Toulon 2010 – Le corps abîmé (26€)
  • N°168 -Variations cliniques : récits de cas singuliers (26€)

ANNEE 2012 :

  • N° 169 – JA Strasbourg 2011 – Traces (27€)
  • N° 170 – Les thérapeutiques psychomotrices à l’épreuve de l’adolescence (27€)
  • N° 171 – Le psychomotricien hors la séance (27€)
  • N°172 – Déclinaisons autour de la verticalité : son développement et ses destins (27€)
Vous êtes : Collection 2009 Abt Année 2010 Abt Année 2011 Abt Année 2012
Particulier (France) 70 € 72 € 74 € 76 €
Particulier (CEE & Etranger) 83 € 85 € 87 € 90 €
Particulier Adhérent au S.N.U.P. 44 € 44 € 45 € 46 €
Institution ou Organisme (France) 88 € 96 € 98 € 100 €
Institution ou Organisme (CEE & Etranger) 98 € 105 € 107 € 110 €
Chômeur, Etudiant, Retraité (France) * 44 € 44 € 45 € 46 €
Chômeur, Etudiant, Retraité (CEE & Etranger) * 54 € 54 € 55 € 56 €

*Prière de joindre à votre commande un justificatif de votre situation d’étudiant, chômeur ou retraité

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A envoyer au Syndicat National d’Union des Psychomotriciens – 24 Bd Paul Vaillant Couturier – 94 200 Ivry sur Seine ( 01 56 20 02 91 Ê 01 56 20 14 70 Email infosnup@orange.fr http://www.snup.fr

arton615-adf62THERAPIE PSYCHOMOTRICE –et Recherches– N° 166

Sommaire N° 166

Le corps abîmé

Nous nous intéresserons lors de ces Journées à la question du sujet et de son corps lorsque celui-ci est porteur d’une atteinte dans le réel, du côté de l’organisme.

Prévenir, construire, reconstruire, faire avec cette différence… Pour le tout-petit : avoir un corps quoiqu’il en soit. Pour l’adulte : vivre avec cette mémoire ou ces marques du corps souffrant.

Ces Journées se donnent le projet de mettre en valeur une clinique qui se développe et prend une place importante pour la profession de psychomotricien.

Dans les institutions où les aspects organiques, déficitaires, sont au coeur du dispositif de soin et où le sujet semble se diluer, le psychomotricien déploie sa fonction de mise en forme, mise en corps et en relation.

Il pourra y être question d’une clinique spécifique, aux formes et temporalités parfois inattendues : interventions de psychomotricité en phase aiguë dans des unités de soins neurovasculaires, questionnement de psychomotricien engagé auprès de personnes aux corps immobiles, comme emmurées, mais présentes malgré tout.

Le corps abîmé sera aussi entendu comme lieu d’expression avec les somatisations chez le jeune enfant, ou les attaques du corps propre chez l’adolescent. Autant de marques, d’éprouvés du corps, de « donnés » à voir, que le psychomotricien aura à considérer dans la rencontre de ces personnes.

Les réflexions engagées dans le domaine de la recherche et de l’élaboration d’outils d’évaluation viendront proposer un étayage complémentaire des pratiques psychomotrices.

Enfin, dans le souci d’une mise en perspective nous aborderons les aspects anthropologiques du handicap et la question de la sexualité en situation de dépendance.

Ces Journées seront l’occasion de soutenir un discours, de porter une parole, permettant à une pensée parfois sidérée par le vif de la clinique de retrouver son chemin… du côté du sujet.

Editorial – Par Florence LEQUENNE p. 2

N° 166 / 01 De la légende à l’actualité de la psychomotricité – Mémoire d’un apôtre
René SOULAYROL page 4

N° 166 / 02 De la psychomotricité au ski assis
Jacques FOURNIOL page 12

N° 166 / 03 TOUS DANS L’EAU, à la recherche de frayage pour se sentir exister !
Monique PERRIER GENAS page 16

N° 166 / 04 Prématurité et soins de soutien au développement : Des appuis pour l’organisme
Anja KLOECKNER page 28

N° 166 / 05 De la perception à la représentation de soi chez l’enfant déficient visuel
Patricia GIACOPELLI page 38

N° 166 / 06 Le corps en abîmées Souffrances du corps de l’enfant… représentations abîmées du corps de l’adulte
Fabien JOLY page 48

N° 166 / 07 Une approche psychanalytique du polyhandicap
Béatrice ARE page 68

N° 166 / 08 Pour un corps relié et expressif : travail avec des personnes polyhandicapées
Benoit LESAGE page 72

N° 166 / 09 Le corps abîmé, nouvelle métaphore du médico-social ?
Olivier GRIM page 80

N° 166 / 10 Les abîmes de la maltraitance
Suzanne ROBERT-OUVRAY page 88

N° 166 / 11 Prise en charge précoce de l’accident vasculaire cérébral : la place du psychomotricien dans les unités neuro-vasculaires
Chantal DUTEMS CARPENTIER page 98

N° 166 / 12 La psychomotricité auprès d’adultes présentant des atteintes neurologiques graves
Delphine BROUARD page 104

N° 166 / 13 Entre l’abîme gériatrique et le jardin de la vieillesse : La poésie du présent
Geneviève PONTON page 114

N° 166 / 14 Somatisations précoces et psychomotricité : Perspectives théorico-cliniques
Marc RODRIGUEZ page 124

N° 166 / 15 un test d’image : l’entretien sur les représentations corporelles
Olivier MOYANO page 132

arton631-c6388 THÉRAPIE PSYCHOMOTRICE –et Recherches– N° 167

Sommaire N° 167

Hors des sentiers battus

Nous avons souhaité avec Béatrice ROPERS et Béatrice GUERRA DE CEA qui ont coordonné ce numéro, et je les en remercie chaleureusement, mettre en exergue des pratiques psychomotrices qui sortent des sentiers battus. Ces dernières années les psychomotriciennes et psychomotriciens se sont aventurés vers des terrains professionnels et parfois de stage où la psychomotricité n’avait pas encore voie au chapitre. Cette évolution qui voit la psychomotricité s’ouvrir vers des champs cliniques nouveaux ne se fait pas sans questionnement et parfois difficulté. C’est pour cette raison qu’il nous a semblé nécessaire d’offrir un espace de réflexion et de diffusion à ces pratiques novatrices. Ici peut-être plus qu’ailleurs se ressent la nécessité de témoigner, élaborer et partager ses expériences. C’est ce que tous les auteurs de ce numéro ont accepté de faire, qu’ils en soient ici remerciés.

Sabine FRITIS ARCAYA nous parle dans le cadre d’une activité libérale de ses rencontres avec des femmes en difficulté de fertilité ou souffrant de troubles des conduites alimentaires. Audelà des cliniques singulières qui sont ici évoquées avec une grande sensibilité et finesse clinique, Sabine FRITIS ARCAYA nous propose une réflexion théorico-clinique d’envergure sur l’utilisation du dispositif et du cadre en psychomotricité lorsqu’ils sont au service du réinvestissement narcissique du corps.

S’il est une situation où le dispositif et le cadre du thérapeute sont mis à l’épreuve, c’est probablement lorsque celui-ci intervient au domicile des parents et de l’enfant. Hélène FENEAU et Marie-Pierre GABLAIN abordent ici la spécificité de l’approche psychomotrice en SESSAD auprès d’un enfant qui présente des troubles autistiques. Le titre évocateur « J’irai camper chez vous » souligne les difficultés inhérentes à la mise en place d’un espace thérapeutique dans le cadre de l’intimité familiale. Le lecteur habitué à ces pratiques « hors les murs » trouvera dans ce texte une réflexion de qualité sur la singularité de cette approche. Mais c’est bien la question du cadre, dans ses dimensions institutionnelles et phoriques qui est ici posée et qui ne peut que faire écho à nos pratiques respectives.

Pour poursuivre avec la clinique de l’autisme Anne AUVE-DEBACQUE témoigne d’une expérience de thérapie avec le cheval centrant sa réflexion sur le « remaniement » des enveloppes corporelles. C’est bien d’une médiation thérapeutique dont il est question ici et dont il faut souligner qu’elle engage le thérapeute dans une relation triangulaire qui vise à favoriser la rencontre avec le sujet autiste.

Claire EXPOSITO nous relate sa rencontre avec une patiente qui souffre d’anorexie au travers de la médiation par le toucher thérapeutique. L’auteure y souligne le rôle essentiel du contretranfert émotionnel face à l’écoute sensible du corps en souffrance de l’anorexique.

Christine Leçon-ROBERT nous parlera de relaxation psychomotrice auprès d’une adolescente souffrant de douleurs chroniques invalidantes revisitant avec bonheur la notion de dialogue tonique si chère à J. de Ajuriaguerra.

Anne BUTTIN, J-Olivier POUTOU, Laure GIRARD et Sylvie HINGRAY-WINCKEL ont en commun d’accueillir des adultes porteurs de déficience intellectuelle et troubles associés. Ils nous livrent, au travers d’une série de vignettes cliniques qui sont autant de rencontres « improbables » avec des sujets entravés par des angoisses archaïques, un questionnement sur la prise en compte nécessaire pour le travail thérapeutique de leurs besoins archaïques et leurs impacts sur les représentations des soignants.

Yolande FRADET-VALLEE conclura cette thématique en nous proposant une étude d’une grande qualité didactique sur les incidences du vieillissement sur la vie psychique de personnes atteintes de handicaps neurologiques.

Enfin dans la rubrique « Hors thème » Marthe HAMMEL nous propose un travail tiré de sa recherche au DU « Initiation à la Recherche Clinique en Psychomotricité » sur la conceptualisation de l’empathie en psychomotricité. Après avoir dégagé plusieurs dimensions fondamentales au processus empathique, Marthe HAMMEL nous donne des repères pour utiliser l’empathie comme un outil au service de la relation en thérapie psychomotrice. Bonne lecture à toutes et à tous.

Pour conclure nous souhaitons, au-delà des cliniques singulières évoquées ici dans ce numéro spécial « Hors des sentiers battus », que la revue devienne un espace de rencontres et d’échanges pour tous les psychomotriciennes et psychomotriciens engagés dans des pratiques novatrices. Pour ce faire nous proposons à ces jeunes professionnels (pour la plupart) un espace dédié de discussion et de diffusion des informations concernant leurs pratiques singulières. Par l’importance de sa diffusion la revue peut permettre de faire connaitre et/ou de fédérer des professionnels engagés dans des pratiques peu communes. Alors n’hésitez pas à nous contacter.

Editorial par Marc RODRIGUEZ p. 2

N° 167 / 01 Les poupées russes ou la mise en abyme du soi dans soi
Thérapie psychomotrice en libéral, auprès d’adultes souffrant de troubles de l’image du corps
Sabine FRITIS-ARCAYA page 4

N° 167 / 02 « J’irai camper chez vous » Essais de réflexion sur la thérapie psychomotrice à domicile
Hélène FENEAU page 18

N° 167 / 03 L’impact de la thérapie avec le cheval sur les enveloppes corporelles
Anne AUVE-DEBACQUE page 32

N° 167 / 04 Le toucher thérapeutique : Rencontre avec le sujet anorexique, son corps, sa souffrance…
Claire EXPOSITO page 48

N° 167 / 05 Relaxation psychomotrice et adolescence
Approche de la douleur prenant en compte la globalité du sujet
Christine LEÇON-ROBERT page 60

N° 167 / 06 Rencontres en psychomotricité avec des adultes à évolution déficitaire
Anne BUTTIN, Laure GIRARD, Jacques-Olivier POUTOU, Sylvie HINGRAY-WINCKEL page 78

N° 167 / 07 Handicaps Neurologiques et Vieillissement : vécus psychologiques
Yolande FRADET-VALLÉE page 92

N° 167 / 08 Empathie et psychomotricité / Outil au service de la relation en thérapie psychomotrice
Marthe HAMMEL page 102

arton640-9c412THÉRAPIE PSYCHOMOTRICE –et Recherches– N° 168

Variations cliniques : Récits de cas singuliers

La revue thérapie psychomotrice -et Recherches- a toujours eu pour ligne directrice éditoriale d’accorder à la dimension clinique de la psychomotricité toute la place qui lui revient ce qui lui vaut probablement de la part des professionnels un engouement et une fidélité qui jusqu’ici n’a jamais été démentie.

Au moment où la clinique est mise à mal dans nos institutions où la logique administrative et son goût immodéré pour les protocoles et évaluations quantitatives nous éloigne inexorablement des préoccupations des sujets dont nous nous occupons, il devient plus que nécessaire de défendre l’idée que les savoirs cliniques fondée sur l’observation et l’analyse approfondie des cas individuels ou des groupes sont une richesse tant pour l’institution que pour le praticien.

Ces savoirs empiriques issus de la rencontre de deux corps et deux psychés ne sont en aucune façon substituables voire opposables à un savoir constitué fusse t’il paré de tous les attributs de la scientificité.

Il existe aujourd’hui une nécessité impérieuse à restaurer dans nos institutions la dimension clinique et intersubjective de nos approches. Une nécessité à ne plus considérer que l’individu pourrait être étudiée d’une façon isolée des enjeux interactifs et intersubjectifs sous prétexte que ces éléments sont au-delà de toute possibilité d’évaluation. Un nécessité de réduire l’écart entre décideurs, chercheurs et cliniciens.

Pour introduire ce numéro consacré à la clinique quoi de plus logique et stimulant que de commencer par un texte de Catherine POTEL. Ce texte est issu d’une conférence donnée avec le Dr Chauvet le 22 juin 2011, dans le cadre des conférences de formation à la psychanalyse de la SPP. Catherine POTEL nous y relate le parcours thérapeutique de Sybille une jeune enfant de 10 ans dont le corps est souvent mis à rude épreuve. Au-delà du cas singulier de Sybille avec le tact clinique qui la caractérise Catherine POTEL nous engage dans une réflexion plus générale sur « ce qu’un travail corporel peut avoir de spécifique pour favoriser la remise en chantier des symbolisations primaires si essentielles dans le processus de construction identitaire. »

Dans un texte issu d’une intervention aux journées d’études nationale des CMPP sur le thème de « L’enfant connecté » Roland OBEJI nous livre une réflexion clinique sur le rapport au corps singulier d’un adolescent de 13 ans. La place du numérique et du virtuel dans la vie des adolescents que nous suivons est ici posée et avec beaucoup de pertinence Roland OBEJI soulève la question centrale à laquelle nous sommes particulièrement confrontés : quid de la place singulière du corps dans cette fascination du virtuel ? Face à cette question qui suscite tant de débats entre nous, je vous laisse découvrir avec plaisir les pistes de réflexions ouvertes par Roland OBEJI.

Carole GETIN et Anne Chantal FERCHAUD nous font part dans cet article consacré à la clinique de l’adolescente anorexique prépubère de leur expérience et de la mise en place d’un dispositif thérapeutique dans le cadre d’une unité d’hospitalisation. Face à cette clinique du clivage si angoissante pour les familles et les soignants, l’articulation entre un dispositif institutionnel bien pensé et des thérapeutiques à médiation où la psychomotricité à toute sa place offre une réponse thérapeutique au plus près des caractéristiques de ces patients. La pertinence des propositions thérapeutiques ainsi que la richesse des réflexions cliniques soulevées par Carole GETIN et Anne Chantal FERCHAUD ne manqueront de susciter l’intérêt des lecteurs.

C’est autour de sa rencontre mouvementée avec Marie une jeune fille au comportement perturbateur que Laurent BRANCHARD nous propose une réflexion sur la spécificité du cadre psychothérapeutique en psychomotricité. Bien des psychomotriciennes et psychomotriciens se retrouveront dans la lecture de ce récit clinique où l’auteur avec une grande honnêteté n’a rien sacrifié de ses doutes et questions. Notamment les questions sur l’aspect psychothérapeutique des interventions en psychomotricité et sur la place à accorder aux interprétations verbales. Si comme le souligne avec justesse Laurent BRANCHARD « le cas singulier apporte plus de questions qu’il ne dévoile de vérités » nous lui sommes gré de la grande qualité et originalité de ses réflexions dans un domaine où pourtant bien des choses ont été écrites.

Enfin pour conclure cette première série d’écrits cliniques Yolande FRADET-VALLEE nous livre au travers plusieurs vignettes cliniques une réflexion d’envergure sur « les bienfondés des pratiques thérapeutiques à médiation corporelle ». En personnifiant ses récits Yolande FRADET-VALLEE nous livre une vision humaniste du soin en psychomotricité, qu’elle en soit ici remerciée.

Nous poursuivrons cette série d’écrits cliniques par les présentations de Lise MOLINA, Marion Bernard et Précylia BATISTA qui ont pour dénominateur commun d’appuyer leurs pratiques respectives sur le travail de « Structuration psycho-corporelle » dont s’inspirent de nombreux psychomotriciens dans leurs pratiques. En introduction de ces textes Benoit LESAGE praticien, formateur et auteur bien connu des psychomotriciens, nous livre le cadre historique et conceptuel dans laquelle se fonde la pratique psychocorporelle. Ces textes d’une remarquable qualité d’écriture même pour le clinicien ignorant du cadre conceptuel et pratique que constitue l’approche psycho-corporelle sont une source de réflexion permanente sur l’intérêt de l’engagement corporel dans le soin en psychomotricité. Ces écrits sont issus d’un ouvrage à paraître prochainement (1). Nous remercions les éditions Eres ainsi que Benoit LESAGE pour la confiance qu’ils nous ont accordée en nous permettant de publier certains de ces textes.

Dans la rubrique Hors-thème nos collègues suisses Nathalie SCHMID NICHOLS et Sylvie WAMPFLERBENAYOUN nous entrainent dans une discussion passionnée et passionnante sur la recherche en psychomotricité. A un moment où les enjeux sur le devenir de la clinique comme nous l’avons souligné en introduction passeront, n’en doutons pas, par une réorientation de la recherche au plus près de la clinique et des préoccupations de terrain, les propositions de Nathalie SCHMID NICHOLS et Sylvie WAMPFLERBENAYOUN en matière de recherche clinique méritent tout notre intérêt. Enfin nous retrouvons en guise de conclusion une réflexion de Laurent BRANCHARD sur une approche épistémologique de la psychomotricité qui prend tout son sens au regard des évolutions actuelles de la formation initiale en psychomotricité.

Bonne lecture à toutes et à tous

Editorial – Par M. RODRIGUEZ p. 2

N° 168 / 01 De l’entrave à l’enveloppe / Comment ne plus se casser quand c’est l’une des conditions pour vivre ?
Catherine POTEL page 4

N° 168 / 02 Léon un adolescent sans adresse / La psychomotricité à l’épreuve de la numérisation des corps
Roland OBEJI page 12

N° 168 / 03 Les phénomènes de déliaison dans l’anorexie mentale : des déchirures aux tentatives de raccommodage
Carole GETIN page 22

N° 168 / 04 MARIE
Laurent BRANCHARD page 38

N° 168 / 05 De l’ancrage corporel à la conquête du monde
Yolande FRADET-VALLÉE page 52

N° 168 / 06 Présentation des textes cliniques : La pratique psychocorporelle
Benoît LESAGE page 62

N° 168 / 07 De la tête aux pieds
Lise MOLINA page 68

N° 168 / 08 Le corps-maison (Expérience d’un groupe de structuration psychocorporelle avec des patients schizophrènes)
Marion BERNARD page 76

N° 168 / 09 Traumatisme psychocorporel et médiation corporelle : une voie d’abord possible ?
Précylia BATISTA page 86

N° 168 / 10 Annonce
Leila Ben Hadj page 95

N° 168 / 11 Conversation autour d’une esquisse de recherche en psychomotricité
Nathalie SCHMID NICHOLS page 96

N° 168 / 12 A LA RECHERCHE DU PSYCHOMOTRICIEN… la parole aux psychomotriciens
Laurent BRANCHARD page 108

arton653-f942dTHÉRAPIE PSYCHOMOTRICE –et Recherches– N° 169

TRACES Processus et mises en formes, dans le développement et la thérapeutique

Un dessin, une écriture, une empreinte, un souvenir, une sensation, une émotion…

La notion de trace réveille en nous des représentations et des images diverses : elle nous touche dans l’intimité de ce que nous sommes, nous parle d’une façon parfois insaisissable, mais toujours affectée…

Dans les cadres thérapeutiques que proposent les psychomotriciens, mais aussi d’une façon plus générale tous les acteurs du soin, ce terme de trace se trouve bien souvent convoqué et utilisé sous différentes formes. Tour à tour évocateur mais mystérieux, délimité ou bien confus, ce mot (que nous avons ici choisi de décliner au pluriel) méritait à notre sens quelques éclaircissements et réflexions. Nous proposerons dès lors, comme fil d’Ariane pour ces journées, d’envisager ce que nous appellerons donc les traces, dans un contexte élargi et pluriel.

Bien que la tâche reste considérable, quelques pistes se dessinent déjà :

- Tout d’abord la nécessité d’articuler cette notion à celle de processus, ce qui implique la prise en compte du développement de l’être humain et de la construction de sa subjectivité. La question de la trace reste ici intimement liée à ce « saut » qui, partant de l’éprouvé sensorimoteur, mène vers les domaines du psychique et du cognitif, mais aussi du côté des inscriptions symboliques et émotionnelles.

- Ensuite, la possibilité de souligner les qualités des différentes traces, qui saisissent l’être dans son éprouvé. Leurs dimensions sont multiples : sensorielles (tactiles, visuelles, sonores…), motrices, émotionnelles, mnésiques, temporelles, spatiales, graphiques…

- La perspective thérapeutique, elle, peut nous amener à considérer la question des symptômes et des traces restées en souffrance ou en manque d’élaboration. Au travers de la diversité de nos cadres de travail, il s’agira de voir comment le soin soutient leur émergence et leur inscription dans un mouvement créatif. Cette perspective nous rappelle aussi au passage, qu’il n’existerait certainement pas de trace en l’absence de relation à l’autre.

- Enfin, ces traces peuvent continuer de prendre sens dans les liens qui se tissent, entre phylogenèse et ontogenèse, entre le développement de l’individu et celui de l’humanité : se dessine alors une perspective prenant en compte la place de la culture et de ses incarnations…

C’est ici à ce très vaste sujet de réflexion, que nous souhaitions vous inviter à penser ensemble et à nos côtés…

Editorial – Par le CO des JA p. 2

N° 169 / 01 L’écriture, entre corps et psyché un langage qui se trace
Marie-Alice DU PASQUIER page 6

N° 169 / 02 Entrée de l’enfant dans l’écriture : de la trace à la symbolisation
Charlotte MARCILHACY page 14

N° 169 / 03 « La Traversée », un spectacle de danse-théâtre proposé par des psychomotriciennes-danseuses pour des personnes âgées dépendantes
La compagnie Les Résonances composée de : page 22

N° 169 / 04 Traces écrites du psychomotricien et traçabilité : une incompatibilité ?
Odile FRAND & Françoise LORCY-CARRÉ page 28

N° 169 / 05 Dans tous les sens : quelle trace pour la sensation ? Approche sensorielle et souvenirs
Isabelle MOTEL-PICARD page 40

N° 169 / 06 Traces et mémoire : comment et où se forment nos souvenirs ?
Anne PEREIRA DE VASCONCELOS page 48

N° 169 / 07 « Les jeunes traces » : Projection d’extraits de documentaire et discussion
SOIN ET CULTURE page 62

N° 169 / 08 Traces dans la clinique psychomotrice en périnatalité : …qualités de la rencontre pour des qualités d’être
Béatrice THIEBO page 66

N° 169 / 09 Entre trace et cicatrice : l’expérience de l’adoption
Daniel SIBERTIN-BLANC page 80

N° 169 / 10 Évaluation chez les adultes de la trace psychomotrice des pathologies psychiatriques
Laurent TREILLET, Isabelle MECHLER, Marion RIEG & Nathalie ANNEHEIM page 88

N° 169 / 11 Revenir sur ses traces vécu traumatique et relaxation psychomotrice
Isabelle CAUT page 98

N° 169 / 12 Psychomotricité et Jeux vidéo
Jacky GARRONE page 108

N° 169 / 13 LAURA… ou… le visage envisagé
Catherine FREMAUX-GUILLONNEAU page 118

N° 169 / 14 La réorganisation de la conscience corporelle / Se construire vivant dans la durée / Rendre visible l’invisible
Geneviève PONTON page 130

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THÉRAPIE PSYCHOMOTRICE –et Recherches-N° 170 / 2012

Les thérapeutiques psychomotrices à l’épreuve de l’adolescence

L’engouement qui parcoure actuellement les champs de la clinique et de la recherche à propos de cette période de transition essentielle que constitue l’adolescence du sujet humain a généré depuis déjà plusieurs années des réflexions plurielles qui (personne ne le niera) ont eu un impact certain sur la prise en charge des adolescents en général. La rencontre clinique avec ces jeunes sujets, véritables « adultes en devenir » engagés dans un travail de subjectivation complexe, a en tout cas rapidement nécessité, notamment dans le contexte des manifestations psychopathologiques qui peuvent s’y déployer, le déploiement d’une forme d’inventivité nouvelle pour penser et créer des dispositifs thérapeutiques adéquats. La poussée pulsionnelle à l’oeuvre (issue certes de la puberté mais aussi des remaniements psychiques qui l’accompagnent), la prédominance de la place donnée au corps et à l’acte ainsi que les enjeux relationnels multiples impliqués à cet âge de la vie deviennent dès lors des données incontournables à prendre en compte dans le cadre de soins qui, bien souvent, vont essayer de contenir et de donner forme à des mouvements psychiques d’une rare intensité.

Un fait, dans ce contexte, reste toutefois étonnant, notamment lorsque nous le considérons dans le cadre du champ de la psychomotricité : s’il paraît désormais évident que les souffrances rencontrées par les adolescents nécessitent leur prise en charge, il semblerait que, dans le passé, la pertinence de la place que pourraient prendre les praxis psychomotrices auprès de cette population n’ait pas toujours fait l’objet (et loin de là !) d’un consensus. Que ceci ait pu être écrit ou simplement parlé voire ébruité, il semblerait en tout cas que l’idée de proposer à des adolescents des thérapies à médiation corporelle n’ait guère été une évidence. Cela s’explique certainement tout d’abord par une forme de prudence louable qui vise à ne pas évacuer les enjeux corporels liés à la « surchauffe » pulsionnelle et libidinale à laquelle l’adolescent est soumis ainsi qu’à toute la question de l’avènement de la sexualité génitale. Dans ce contexte, proposer un suivi en psychomotricité auprès de l’adolescent pourrait ressembler à une forme de grave méconnaissance de la dynamique dans laquelle se trouve plongée l’image du corps : ne risque-t-on pas dès lors de venir, à grand renfort d’excitation, aggraver une forme de fragilité déjà bien présente ? Se peut-il aussi que la sexualisation du lien objectal sur un mode génital (avec toute la part de séduction potentiellement traumatique qui l’accompagne) constitue en soi une contre-indication majeure à une forme de prise en charge en psychomotricité ?

C’est à partir de cet argument que nous vous proposons désormais de considérer les écrits qui vont suivre, avec (très modestement) l’idée de pouvoir dépasser ces questions pour surtout illustrer la façon dont les psychomotriciens travaillent avec les adolescents aujourd’hui…

L’interview de notre collègue Catherine POTEL, clinicienne et chercheuse, nous permettra de poser quelques bases de réflexions autour de ce sujet, à partir de son récit de certaines expériences cliniques ainsi que des perspectives théoriques qui les accompagnent et permettent de penser le cadre des rencontres avec les adolescents en psychomotricité…

Elle sera suivie par un article de Charlotte PAUMEL, psychomotricienne qui s’est intéressée de façon originale aux enjeux de la rencontre avec l’adolescent autour du bilan, illustrant ainsi toute la pertinence de la proposition de ce dernier à cette population et en tirant un certain nombre d’idées importantes.

L. BIELER et I. CHARPINE-PISCAGLIA nous donneront elles une vivante illustration clinique de ces pratiques avec les adolescents, précisant différentes modalités d’accueil de ces derniers en terme de cadre mais aussi les opérateurs théoriques qui les soutiennent dans ces rencontres.

Nous aborderons ensuite deux articles « Hors thèmes » écrits respectivement par Damien GALMISH puis E. DEVANNE. Si le premier constituera une illustration argumentée et complexe autour de la question de l’autisme infantile et de l’approche théorico-clinique qui peut en être faite en psychomotricité, le second s’intéressera lui à la question des troubles en psychomotricité et apporte de précieux éléments de compréhension pour pouvoir articuler les notions de thérapie et de rééducation sans toujours les opposer. Véritables plaidoyers pour la complexité, ces deux écrits vont en tout cas dans le sens d’une vision plurielle de l’approche psychomotrice, bien secourable en des temps où il semblerait qu’elle soit sommée dans certains espaces de « choisir son camp » de façon grossière et caricaturale.

Enfin, ce numéro se terminera par un tryptique de textes ayant tous pour point commun la référence à la notion de trace(s) : il s’agit là de la publication des actes d’une journée régionale qui avait servi de « prélude » aux JA de Strasbourg (organisée en 2010 autour du même sujet). Mis en perspective avec le numéro 169 de notre revue (qui reprenait lui tous les textes de ces journées annuelles), ces trois contributions (d’Odile Frand, de Marie Alice Du Pasquier et de Roland GERBER) permettront de prolonger les réflexions exposées dans ce précédent numéro et d’ouvrir vers d’autres voies…

En vous souhaitant bonne lecture…

THERAPIE PSYCHOMOTRICE -et Recherches- N° 170

Les thérapeutiques psychomotrices à l’épreuve de l’adolescence

Sommaire

Editorial – Par J. BOUTINAUD p. 2

N° 170 / 01 INTERVIEW Catherine Potel par Jérôme Boutinaud
Par C. POTEL & J. BOUTINAUD p. 4

N° 170 / 02 Le bilan psychomoteur à l’adolescence : épreuve ou médiation ?
Par C. PAUMEL p. 14

N° 170 / 03 Corps et adolescence / Psychothérapie à médiation corporelle
Par L. BIÉLER & I. CHARPINE-PISCAGLIA p. 28

HORS THÈME

N° 170 / 04 Autisme : de l’enveloppe au vertige, reflet d’une trajectoire de recherche en psychomotricité
Par D. GALMICHE p. 46

N° 170 / 05 Le corps mit bout à bout, à toi ou à moi ?
Par É. DEVANNE p. 54

N° 170 / 06 Du mouvement corporel aux traces graphiques : Perspectives développementales de l’acte graphique
Par O. FRAND p. 66

N° 170 / 07 CORPS et SYMBOLISATION dans la trace écrite
Par M.-A. DU PASQUIER p. 76

N° 170 / 08 Un monde sans représentation / Le corps et la lettre chez l’enfant autiste
Par R. GERBER p. 84

N° 170 / 09 / 42e des Journées Annuelles de Thérapie Psychomotrice : Groupe et Psychomotricité
Les 10, 11, 12 octobre 2013 au Centre des Congrès de St-Etienne p. 92

séparation

imagesBien utilisés et régulés, les écrans peuvent être bénéfiques pour les enfants 

28.01.2013

Ordinateurs, téléphones, tablettes ou consoles de jeux… les écrans se sont multipliés avec le développement du numérique. Et l’évolution est permanente. Ces nouveaux outils peuvent être tout à fait bénéfiques pour les enfants, à condition d’apprendre à les utiliser, selon les préconisations de l’Académie des sciences qui sort mardi 29 janvier en librairie.avis0113

L’avis, plutôt positif, de l’Académie des sciences sur les effets des écrans sur les enfants insiste sur la nécessité d’un usage adapté à chaque tranche d’âge et encadré par les parents et les enseignants. Loin de stigmatiser les écrans, les experts de l’Académie ont choisi d’en analyser aussi les effets bénéfiques. « On voit trop souvent les aspects négatifs, les inquiétudes que les écrans suscitent, mais il existe aussi beaucoup d’aspects positifs », a précisé Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l’Académie.

L’écran, un mode de pensée plus fluide et plus rapide

Avant deux ans, tous les écrans non interactifs n’ont aucun effet positif. Mais les tablettes visuelles et tactiles correspondent au développement sensori-moteur de l’enfant.

De 2 à 6 ans, l’enfant expérimente le « faire semblant », c’est donc l’âge pour l’éduquer à l’alternance entre le virtuel et le réel.

Entre 6 et 12 ans, les logiciels éducatifs peuvent permettre d’améliorer des compétences de calcul ou de lecture. Mais c’est aussi la période pour apprendre l’autorégulation face aux écrans.

Et si les écrans sont de plus en plus adaptés à une approche intuitive, l’autorégulation se révèle d’autant plus nécessaire, selon Olivier Houdé, professeur de psychologie cognitive à l’université Paris-Descartes et coauteur du rapport.

Pour les adolescents, l’outil numérique favorise une pensée plus rapide, fluide et multitâche. Elle permet d’explorer plusieurs possibilités et de faire des expériences. Mais le développement d’une pensée trop rapide et superficielle peut appauvrir les capacités d’analyse et de distanciation qui correspondent à une forme de pensée plus traditionnelle, plus linéaire et véhiculée par la littérature. Pour Olivier Houdé, il faut apprendre à combiner ces deux formes d’intelligence.

Serge-Tisseron_0004Les effets positifs des écrans et jeux vidéo

La culture numérique se caractérise d’abord par l’interactivité et le fait de pouvoir interagir avec une base de données ou un logiciel ou d’autres usagers. Et cette interactivité de l’outil numérique est à la fois un danger mais aussi une formidable opportunité comme le précise Serge Tisseron, coauteur du texte, psychiatre pour les enfants et adolescents et directeur de recherches à Paris-Ouest.

Un autre aspect positif des outils numériques, c’est de permettre une découverte à son propre rythme suivant son propre parcours, c’est la motivation intrinsèque comme l’explique Serge Tisseron.

Stanislas-Dehaene_0005La construction d’ordinateurs et la programmation pourraient être enseignées à l’école selon le neuroscientifique et psychologue cognitif Stanislas Dehaene, également membre de l’Académie des sciences. L’enfant apprendrait ainsi à devenir un producteur et non pas seulement un consommateur de nouvelles technologies, « pour comprendre finement le monde du numérique, il faut que l’enfant développe des représentations mentales de ce que fait l’ordinateur ».

Et si les jeux vidéo sont souvent évoqués de manière assez négative, des recherches en sciences cognitives ont montré que « les adolescents qui jouent aux jeux vidéo peuvent développer des compétences exceptionnelles » précise Stanislas Dehaene.

Devant le fort développement des nouvelles technologies, l’objectif est donc d’apprendre à s’en servir pour en optimiser au mieux leurs capacités. L’avis de l’Académie est d’ailleurs accompagné d’un module pédagogique destiné aux enseignants du primaire pour apprendre aux élèves à faire un usage raisonné des écrans. Il a été réalisé par la fondation La main à la pâte, créée par l’Académie des sciences pour l’éducation à la science.

Bruno-Schmutz_0003Filles et garçons, mêmes pratiques sur Internet

Les nouvelles technologies semblent rassembler les intérêts des jeunes, qu’ils soient filles ou garçons. Les plus fortes évolutions des dernières années concernent d’une part l’explosion des réseaux sociaux et la très forte participation des jeunes et d’autre part le développement du mobile et l’équipement en smart phones. Une étude d’Ipsos rendue publique jeudi dernier révèle qu’en terme d’usage et d’équipement le facteur de l’âge est beaucoup caractéristique que celui du genre. Les explications de Bruno Schmutz, directeur général d’Ipsos.

Bilan sur les effets des écrans ? Les avis restent très partagés. Ce mois-ci dans Psychologies magazine, cinquante experts de la santé psychique lancent un appel à la prise de conscience des risques liés à l’abus d’écrans. Un sondage IFOP vient compléter cette déclaration avec 69% des Français qui se disent préoccupés par la place prise par les écrans dans la vie de leurs enfants. La distanciation et l’autorégulation semblent bien s’imposer comme des conditions nécessaires pour un bon usage des écrans.

A écoutersamedi 2 février, l’émission Rue des écoles revient sur cet avis de l’Académie des sciences.

Isabelle Lassalle

lemonde_source28 janvier 2013

Les écrans et les enfants ne font pas un si mauvais ménage

Voilà une nouvelle qui va réjouir bien des parents, en tout cas les soulager : une étude de l’Académie des sciences, dont le rapport vient d’être déposé au ministère de la santé et de l’éducation nationale, (l’enfant et les écrans éd. Le Pommier), met un bémol aux propos alarmistes que l’on a pu entendre ou lire, par les spécialistes de l’enfance, sur l’usage des écrans chez les enfants.

S’appuyant sur les dernières avancées en neurobiologie et en sciences cognitives, l’académie calme le jeu : Non, en laissant des enfants, même de deux ans, manipuler des écrans et jouer avec, on ne va pas les transformer en joueurs dépendants, ni les rendre plus bêtes que leurs aînés.

Au contraire ! Les jeux visuels interactifs, sur écran tactile, comme les tablettes dont les enfants raffolent, seraient pour eux une source d’éveil supplémentaire. Pour les plus grands, entre 6 et 12 ans, les logiciels pédagogiques, comme ceux d’arithmétique ou de lecture, pourraient, qui plus est, avoir la vertu d’introduire du ludique, là où l’enfant ne voyait auparavant qu’un apprentissage laborieux !

Même les jeux vidéo, pourtant si souvent décriés, et bête noire d’un très grand nombre de parents, trouvent grâce aux yeux de l’Académie. Elle leur attribue des qualités nombreuses aussi bien sur le plan cognitif, qu’émotionnel ou social.…

Mais leur réjouissance risque d’être de courte durée, car hélas pour eux, les scientifiques soulignent quand même que tous ces bénéfices s’envolent en fumée si les parents ne sont pas présents et vigilants !

Ils insistent sur le fait que l’enfant petit doit absolument être accompagné dans sa rencontre avec ce monde numérique qui le fascine, et ne doit pas avoir de tablette personnelle ou de console avant 6 ans, et pour tous, petits et grands, ils estiment que le temps passé devant les écrans doit être limité et laisser la place à d’autres activités.

Avec la journaliste Catherine Firmin Didot, nous avions déjà, en 2006, effectué cette mise en garde, en publiant « lâche un peu ton ordinateur », chez Albin Michel, devant la déferlante « internet » et la ruée des enfants vers les jeux numériques, et face au désarroi de bien des parents médusés par l’agilité de leurs enfants à manier la souris !

On se réjouit  donc de ces recommandations car, s’il est certain que les enfants apprennent et s’amusent follement avec des jeux numériques, il est évident qu’ils développent dans d’autres jeux, d’autres activités, des compétences toutes aussi importantes : vers ¾ ans, courir, grimper, sauter enrichissent les performances motrices et la  bonne coordination. Les jeux symboliques, avec des poupées ou autres personnages, mobilisent leur imaginaire et leur permettent de rejouer, tout en les dominant, des situations de la réalité qui les ont frappés. Quant à la lecture, pour les plus grands, elle sollicite une attention différente que celle à l’œuvre dans les jeux vidéo, qui leur est tout aussi précieuse.

C’est donc au fond avec beaucoup de sagesse et de bon sens que ces scientifiques de l’Académie prônent un usage limité et encadré des écrans en tout genre.

Pas question de laisser les enfants seuls des heures devant leur tablette, en se réjouissant d’une si efficace baby sitter, mais pas question non plus de diaboliser cet engouement en posant des interdictions abruptes et pour le moins frustrantes.  Ils encouragent les parents à une véritable « éducation », à un accompagnement, pour aider leurs enfants à poser un regard moins passionné sur ce type de jeux, et pour leur faire comprendre l’intérêt de les utiliser, avec plaisir certes, mais sans excès ni passion.

J’ajouterai que pour les plus grands, qui trouvent dans les réseaux sociaux le moyen formidable d’assouvir leur passion de communiquer et de se mettre en scène, l’éducation au respect des autres, le rappel de notions fondamentales comme l’intimité et la pudeur, sont incontournables et éviteront bien des débordements et beaucoup de souffrances.

Du pain sur la planche si j’ose dire, mais avec sans doute, à la clef, le bonheur de profiter, sans mauvaise conscience et en toute sérénité, de ces « jouets » nouveaux qui n’ont pas fini de nous surprendre.

Béatrice Copper-Royer.séparation

Laisser les enfants devant les écrans est préjudiciable

lemonde_source| 08.02.2013 à 16h09 • Mis à jour le 10.02.2013 à 16h00 Par Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Inserm ; Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale ; Bruno Harlé, pédopsychiatre

Des chercheurs affirment que l'Académie des sciences a tort de minimiser les effets de la télévison, d'Internet et des jeux vidéo sur les jeunes.

L’Académie des sciences a publié, le 17 janvier, un avis intitulé « L’enfant et les écrans ». Les recommandations avancées sont si surprenantes, au regard des données d’ensemble de la littérature scientifique et des prises de position récentes de plusieurs institutions sanitaires majeures, que l’on peut s’interroger sur le soin apporté à la rédaction de ce travail.

Lorsque l’Académie américaine de pédiatrie rédige un avis sur l’usage des écrans, elle fait appel à des spécialistes reconnus du domaine. Ici, les membres du groupe de travail ne sont, en grande majorité, nullement experts du sujet traité, ce qui semble assez étonnant au vu des enjeux de santé publique engagés. Par exemple, le premier signataire du texte est, d’après l’Académie des sciences, spécialiste du système immunitaire. C’est ennuyeux parce que la littérature scientifique sur les écrans est imposante et complexe. Confie-on à un spécialiste des écrans la rédaction d’un avis sur les allergènes du jaune d’oeuf ?

L’usage veut que les avis officiels soient adossés à l’état du savoir scientifique. Le travail de l’Académie semble de ce point de vue largement défaillant. Une grande partie des affirmations avancées dans ce rapport sont dénuées de tout fondement scientifique et ne reflètent que les préjugés ou opinions des auteurs. Par exemple, nos académiciens expliquent que « les tablettes visuelles et tactiles suscitent au mieux (avec l’aide des proches) l’éveil précoce des bébés (0-2 ans) au monde des écrans, car c’est le format le plus proche de leur intelligence ».

Aucune donnée n’est présentée pour étayer ces assertions ou simplement montrer que cette exposition précoce est souhaitable. C’est malheureux, parce que, même si les tablettes sont trop récentes pour que des études fiables existent quant à leurs influences, il apparaît au vu de la littérature scientifique disponible qu’un petit enfant aura toutes les chances de grandir infiniment mieux sans tablette. En effet, certains déficits établis, liés à l’usage de la télévision ou des jeux vidéo, concernent aussi les tablettes.

INFLUENCES DÉLÉTÈRES IMPORTANTES 

De la même manière, le texte parle constamment de pratiques « excessives » mais ne définit jamais clairement ces dernières. Aux Etats-Unis (seuls chiffres globaux précis) les 8-18 ans consacrent plus de 7 h 30 par jour à l’usage, essentiellement récréatif, d’un écran ou d’un autre. En France, sur une tranche d’âge comparable, on est autour de 4 h 30 pour le seul couple télévision-Internet (Médiamétrie, étude EU KidsOnline).

Est-ce excessif ? L’Académie semble considérer que non, lorsqu’elle s’abstient de la moindre recommandation quantitative, et conclut que, de toute façon, « il ne sera possible que de réduire à la marge le temps d’exposition aux écrans ».

Pourtant, des milliers de recherches scientifiques signalent des influences délétères importantes de la télévision, d’Internet ou des jeux vidéo sur le développement intellectuel, la sociabilité et la santé, bien au-delà des premiers âges de la vie et pour des consommations largement inférieures à deux heures quotidiennes.

A ce sujet, on peut s’interroger sur certaines « erreurs » des auteurs. Ils citent une étude selon laquelle « au-delà de deux heures par jour passées devant un écran non interactif par un enfant en bas âge, et pour chaque heure supplémentaire, il a été noté une diminution de 6 % sur les habiletés mathématiques à 10 ans ».

En fait, cette étude montre une baisse de 6 % par heure de télévision hebdomadaire (!) soit 42 % par heure de télévision quotidienne, dès la première heure ; cette étude ne permet pas d’extrapoler au-delà de deux heures de consommation quotidiennes, qui constituent la limite supérieure de son échantillon. Ces arrangements avec la réalité sont fâcheux dans un texte censé faire référence.

APOLOGIE DU POTENTIEL PÉDAGOGIQUE DES JEUX VIDÉO

De manière frappante, ce texte offre une surprenante apologie du potentiel pédagogique des jeux vidéo et logiciels éducatifs. Quelques travaux montrent que certains jeux vidéo peuvent améliorer certaines capacités périphériques d’attention et de sélection visuelle. Cependant, selon les termes mêmes de l’avis, ces jeux vidéo sont « souvent » des « jeux violents ».

Or, les jeux vidéo violents, déconseillés pour la plupart aux moins de 16 ans, voire 18 ans, sont associés, comme l’indique l’Académie américaine de pédiatrie dans sa dernière synthèse, « à une variété de problèmes physiques et mentaux chez les enfants et les adolescents ».

Pas sûr, dès lors, que le rapport bénéfice/risque soit positif. Pas sûr non plus que soit recevable la tentative faite par nos académiciens de généraliser les effets positifs locaux, observés dans des tâches artificielles d’attention visuelle, au fonctionnement cognitif dans son ensemble.

Cette réserve semble d’autant plus fondée que les auteurs de l’avis négligent à la fois de citer la moindre étude corroborative et de prendre en compte une masse imposante de résultats contraires à leurs propos.

Par exemple, rien n’est dit de toutes les études scientifiques et institutionnelles, comme celle du Programme for International Student Assessment (PISA), liant causalement la consommation numérique, interactive ou non, des enfants et adolescents avec l’existence de troubles de l’attention et de difficultés scolaires.

Rien non plus sur les évaluations indépendantes du département de l’éducation américain montrant que les onéreux logiciels éducatifs sont parfaitement inefficaces. Rien encore sur le fait qu’aux Etats-Unis, face à ces observations, des écoles initialement en pointe dans le domaine numérique retirent aujourd’hui les ordinateurs des salles de classe. Rien !

PLUSIEURS GRANDS PROBLÈMES DE SANTÉ PUBLIQUE

Étonnamment, les effets massifs et reconnus des écrans sur plusieurs grands problèmes de santé publique sont, eux aussi, presque totalement oubliés des académiciens. Rien sur la sédentarité et ses effets sur l’espérance de vie, rien sur l’alcoolisation et le tabagisme (la télévision est le premier facteur d’entrée dans le tabagisme des adolescents), rien sur les troubles du comportement alimentaire, rien sur la violence scolaire, etc.

Concernant ce dernier sujet, les influences des images et jeux vidéo violents sur les comportements agressifs sont minimisées avec un aplomb désarmant par les auteurs de l’avis, qui n’y voient « qu’un facteur parmi des centaines d’autres ».

Des milliers d’études, de revues de la littérature et de méta-analyses (impliquant jusqu’à 130 000 individus) confirment cette influence, dont l’ampleur est comparable à celle qui associe cancer du poumon et tabagisme.

Au-delà de tous ces éléments, ce texte est inquiétant en ce qu’il porte la marque d’une sidérante démission éducative. Comment peut-on renoncer à l’avance à toute réduction du temps d’usage des écrans ?

Il est heureusement possible à tous les parents d’agir en ce domaine. Le sentiment de cette nécessité n’émergera toutefois que si ces parents sont loyalement et précisément informés. Par sa pauvreté et son parti pris, l’avis de l’Académie est loin de fournir les bases d’une telle information.

Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Inserm ; Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale ; Bruno Harlé, pédopsychiatre

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UN TEST D’IMAGE DU CORPS : L’ENTRETIEN SUR LES REPRÉSENTATIONS CORPORELLES061018110520_49

Nous reproduisons ci-dessous un texte d’Olivier MOYANO.

Psychomotricien, Psychologue, Docteur en Psychologie et Psychopathologie Clinique

Laboratoire Culture, Education, Sociétés, (LACES), EA 4140, Université de Bordeaux 2.

Adresse : O. Moyano, 44, Les Genêts  33 290 Le Pian-Médoc

Adresse électronique : olivier.moyano@wanadoo.fr

Résumé :L’image du corps est un concept utilisé en permanence par les psychomotriciens. Pour autant, ils ne disposent  pas d’outils d’évaluation clinique pour évaluer cette modalité inconsciente d’investissement de son schéma corporel par un sujet. L’auteur propose un « entretien sur  les représentations corporelles » qui permet d’explorer ces dimensions cachées des représentations de soi, et son application à travers deux illustrations cliniques.

Mots-clés : – image du corps  – schéma corporel  – évaluation clinique   – entretien sur les représentations corporelles.

Texte : moyano-test_image_du_corps

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En quelques mots, pour la Cippa, Geneviève Haag nous résume les grandes lignes de sa théorisation de la construction de l’image du corps.G.Haag

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Les images du corps pré-contenantes.

Nous reproduisons ci-dessous un texte d’ Anne-Marie LATOUR.

Résumé: De nombreuses et récurrentes observations en pataugeoire des jeux, manipulations ou comportements d’enfants atteints d’autisme ou de carences graves montrent qu’il existe une étape longue et spécifique dans la construction de leur image du corps précédant l’émergence des enveloppes psychiques. Cette étape où le corps et l’environnement sont ressentis indistinctement dans leur dimension matérielle et formelle et non comme source d’expérience organisatrice partagée et partageable avec autrui, est celle de la formation des images du corps pré-contenantes ; celles-ci sont pré-conscientes, figurables et directement liées aux ressentis corporels dans lesquels émotions et sensations ne sont pas encore discriminées. Elles obéissent à une logique topographique observable dans le comportement et les manipulations d’objets. Ces images pré-contenantes sont en rapport avec une faillite de la psychomotricité précoce mais représentent la lutte du moi pour la survie psychique. Cette contribution emprunte beaucoup aux travaux de D.Anzieu sur le Moi-peau.

Mots-clés : autisme, psychomotricité, image du corps, tonus, moi-matière, moi-forme.

Texte: Les images du corps Pré-contenantes.

Des différences entre autisme et psychose infantiles

Nous souhaitons publier ce lien, afin de rappeler un point essentiel sur la question de la différence entre autisme et psychose: http://maurice.villard.pagesperso-orange.fr/autisme6.htm

DYSPRAXIE

vous propose de faire le point sur la dyspraxie développementale grâce à une série d’articles et une émission de radio enregistrée en décembre 2011.

Les articles sont accessibles sur notre site avec l’accord des éditeurs et de l’auteur. Retrouvez également l’interview du Pr. Laurence Vaivre-Douret consacré à la dyspraxie de l’enfant dans l’émission de Fréquence M Psychiatrie, « le journal audio des psychiatres:L’actualité médicale des psychiatres du 22/12/2011 »

Manuel de psychiatrie clinique et psychopathologie de l’adulte sous la direction de Vassilis KapsambelisManuel_psychiatrie_PUF_2012_Petit

Produit d’un travail collectif d’un grand nombre de collaborateurs de l’ASM 13, paru aux éditions des Presses Universitaires de France

Ce Manuel vient combler le fossé entre les notions utilisées par la grande majorité des praticiens de terrain, en psychiatrie publique ou privée, et la psychiatrie « standardisée » issue des classifications internationales (DSM, CIM) et des connaissances en recherche biomédicale. Sa base est la pratique clinique : il présente de très nombreuses illustrations cliniques, il propose des descriptions sémiologiques qui approfondissent les observations de l’exercice quotidien. En même temps, il fournit systématiquement les éléments nécessaires pour faire le lien entre cette pratique clinique et les théories psychopathologiques, psychanalytiques ou cognitives. Issu de la tradition psychiatrique française, il reflète toutes les influences que doit intégrer une psychiatrie « centrée sur la personne », des neurosciences aux sciences humaines.séparation

Article paru dans Lacan Quotidien-N°220

La OTOTO rité ratée

par Jean-Claude Maleval

1ère partie

QUELLES SONT LES CONSEQUENCES DES RECOMMANDATIONS DE LA HAUTE AUTORITE DE SANTE QUANT AU TRAITEMENT DE L’AUTISME ?

« S’agissant en particulier de l’autisme, je tirerai les conséquences du récent rapport de la Haute autorité de santé », c’est ce qu’écrit François Hollande, le 24 Avril 2012, dans une lettre i au collectif « Pas de 0 de conduite », qui ne l’avait pas précisément interrogé sur cette question. Peu de temps auparavant, s’appuyant sur ce même rapport, le député UMP Daniel Fasquelle annonçait son intention de déposer une proposition de loi visant à interdire « les pratiques psychanalytiques avec les autistes ». Quelles sont donc les conclusions majeures de la HAS en 2012 concernant la prise en charge des autistes ? Et quelles conséquences peut-on en tirer ? La HAS elle-même se montre prudente. Elle ne fait que des recommandations. De surcroît aucune d’entre elles ne repose sur des preuves scientifiques établies. Deux approches, la méthode ABA et le programme développemental de Denver ii, bénéficient d’un grade B qui désigne une « présomption scientifique » d’efficacité, tandis que le programme TEACCH obtient le grade C, désignant « une faible niveau de preuve »iii. En revanche, les « approches psychanalytiques » et la « psychothérapie institutionnelle » sont considérées comme des « interventions globales non consensuelles » : il ne s’avère pas possible de conclure à la pertinence de ces interventions en raison « d’absences de données sur leur efficacité et de la divergence des avis exprimés »iv. La littérature consacrée aux traitements psychanalytiques de l’autisme est pourtant considérable. S’il est vrai qu’il n’existe aucune donnée sur ce point, c’est à la condition de préciser : aucune de celles qui satisfont aux exigences méthodologiques de la HAS.

La méthodologie de la HAS

Certains concluent de cette « absence de données » au refus des psychanalystes d’évaluer leurs pratiques. Il est vrai que la méthodologie retenue par la HAS suscite de vives réticences de leur part. Mais le problème est le même pour l’évaluation des psychothérapies sur les troubles psychiatriques de l’adulte, or pour répondre à la demande sociale des études se sont malgré tout forgées dans le moule prôné par la HAS, celui de l’Evidence Based Medicine v. Des recherches américaines et allemandes montrent que sur le long terme les cures psychodynamiques et psychanalytiques obtiennent des résultats d’efficacité supérieurs à ceux des psychothérapies cognitivo-comportementales vi. À cet égard on doit s’étonner qu’un rapport officiel récent sur l’autisme, celui de Mme Létard, se révèle mal informé et franchement partisan en ne reculant pas à considérer comme des vérités scientifiques les résultats du rapport de l’INSERM sur l’évaluation des psychothérapies effectué en 2004. Il avait pourtant suscité de telles critiques sur sa méthodologie que le Ministre de la Santé, le Dr Douste-Blazy, l’avait désavoué. Selon la lecture de Mme Létard il « conclut à la supériorité incontestable des thérapies cognitivo-comportementales par rapport aux thérapies psychanalytiques, et cela dans toutes les pathologies étudiées »vii. Or toutes les méta-analyses antérieures et postérieures s’accordent sur un résultat différent, à savoir l’absence de différence notable quant à l’efficacité thérapeutique de toutes les thérapies de bonne foi, y compris celles qui se réfèrent à la découverte freudienne viii. Pour beaucoup de psychanalystes ces études inspirées de la médecine factuelle manquent l’essentiel : faute de pouvoir chiffrer les modifications du fonctionnement subjectif, ils s’y intéressent peu. Le problème de l’évaluation des « pratiques psychanalytiques » concernant l’autisme est de nature différente et beaucoup plus complexe encore. L’absence de données n’est ni un fait de hasard, ni une résultante de l’insuffisance des études, elle s’ancre plus profondément dans des problèmes méthodologiques aujourd’hui non résolus. Comment quantifier les effets de la pratique psychanalytique avec un enfant autiste, sachant qu’elle est toujours associée à des méthodes éducatives, l’engagement dans une cure n’impliquant pas la cessation des activités scolaires ? De surcroît, les cures analytiques d’autistes sont rares, la pratique la plus fréquente est celle de « prises en charge institutionnelles à référence analytique », lesquelles incluent toujours des activités scolaires, parfois de l’orthophonie, de la psychomotricité, de l’ergothérapie, etc. Dans « la pratique à plusieurs » mise en place par les institutions orientées par l’enseignement de Lacan pour traiter les enfants autistes, aucune cure thérapeutique ou psychanalytique n’est pratiquée. « Ce qui est proposé, souligne Antonio Di Ciaccia, c’est l’immersion des enfants autistes dans un espace de vie physique et psychique »ix. Des groupes de travail appelés ateliers y sont constitués, dans lesquels des enfants et des adultes s’occupent à différentes activités : de la cueillette des champignons dans les bois à la piscine, de la danse à la cuisine, etc x. D’autre part, où commence et où s’arrête la référence analytique sachant qu’une technique cognitivo-comportementale comme le programme de Denver se fonde partiellement sur les théories psychanalytiques de Margaret Malher ? xi La HAS entrevoit parfois la difficulté quand elle note que « la frontière entre volet thérapeutique et éducatif est parfois artificielle et floue ». Une même activité, précise-t-elle, (par exemple une activité aquatique) peut avoir des objectifs éducatifs et/ou thérapeutiques parfois en fonction du professionnel qui la met en oeuvre. Bref, dans le travail avec les enfants autistes, il est d’une extrême difficulté de séparer le thérapeutique, le pédagogique et l’éducatif, ces volets étant en permanence intriqués xii. Il faut insister sur le fait que les prises en charge institutionnelles à référence psychanalytique pour les autistes sont indissociables d’activités pédagogiques internes ou externes. Ce n’est pas le cas pour tous les traitements qui leur sont proposés. Ainsi la méthode des 3i, malgré ses mérites – il s’agit d’une technique qui met le jeu au premier plan, et non la contrainte – est classée dans les « interventions globales non recommandées »,xiii pour la raison, à mon sens justifiée, « du caractère inacceptable de la déscolarisation exigée par cette méthode »xiv. Rappelons que le pionnier du traitement des autistes référé à la psychanalyse travailla avec eux dans un institut nommé « Ecole Orthogénique de Chicago » dont un des trois bâtiments était essentiellement consacré aux salles de classes, tandis que certains enfants accueillis étaient scolarisés à l’extérieur. Des techniques pédagogiques diverses, plus souvent empruntées, il est vrai, à Montessori, Decroly ou Freinet qu’à la méthode ABA sont régulièrement mises en œuvre dans les institutions qui se réfèrent à la psychanalyse. La première étape dans la pratique de la médecine factuelle consiste à formuler de manière claire et précise une question clinique qui doit être en relation directe avec le problème médical posé. Il est clair que cette exigence ne peut être mise en oeuvre pour apprécier les « prises en charge institutionnelles à référence analytique » relativement au traitement des enfants autistes. Ce qui caractérise la référence analytique, rappelons-le, consiste à donner un choix d’activités à l’enfant et à l’accompagner dans ses inventions singulières. Le Président de la HAS, le Pr Harousseau, hématologue, peu au fait de la spécificité du travail avec les autistes, se scandalise de ce qu’il découvre concernant l’évaluation de leur traitement. « La psychanalyse, affirme-t-il, doit accepter l’évaluation. Ce n’est pas normal qu’on ne puisse pas trouver dans la littérature scientifique un seul article qui dise à quoi cela sert… »xv. Ce constat devrait plutôt inciter à une réflexion sur la conception étroite de la science prônée par l’institution qu’il préside. La méthodologie de la HAS ne cache pas être calquée sur celle des « essais biologiques et médicamenteux » de la médecine factuelle. Elle repose sur l’hypothèse non interrogée selon laquelle les effets d’une psychothérapie ou d’une rééducation doivent être comparés à ceux d’un médicament, c’est négliger que le but de ce dernier consiste à effacer un symptôme douloureux et non à construire une personnalité. Non seulement la méthodologie de la HAS conduit à rendre inévaluable la « référence psychanalytique », mais, plus remarquable encore, elle conduit à constater qu’aucune méthode de prise en charge de l’autisme ne fait l’objet d’une étude suffisamment rigoureuse pour dégager une preuve scientifique. Qu’après tant d’années de recherches, tant de publications, tant de chercheurs et d’équipes mobilisées sur cette question, nul ne soit aujourd’hui capable de mettre au point en ce domaine une démonstration scientifique probante devrait inciter à s’interroger sur la méthode employée. Le Pr Harousseau et la HAS ne s’embarrassent pas de considérations épistémologiques : ils postulent que la science est une et qu’elle ne connaît pas d’autre voie que celle qu’ils empruntent. Pourtant une querelle de la méthode traverse le champ de la science depuis la fin du XIXème siècle, elle oppose les tenants de la démarche nomothétique, celle de la physique, qui vise l’universel, aux partisans de la démarche idiographique, la plus souvent utilisée en histoire, qui appréhende le particulier. La connaissance peut procéder suivant deux voies distinctes. D’une part, elle peut viser l’établissement de concepts et de lois universelles, de l’autre, elle peut chercher l’appréhension de singularités ne pouvant être universalisées. Les « sciences de l’homme » sont très loin de pouvoir satisfaire, ne serait-ce qu’en partie, les critères de précision, de clarté et de vérifiabilité objective auxquels sont habitués les physiciens, les chimistes ou les mathématiciens.

Les études de cas

Les psychanalystes, et beaucoup de pédopsychiatres, considèrent que la méthode clinique est plus appropriée à l’évaluation de leurs pratiques que la méthode expérimentale utilisée dans les sciences dures. Ils s’appuient depuis toujours pour l’essentiel sur une autre méthodologie, celle des études de cas. Or celle-ci est rapidement rejetée par la HAS, comme ne permettant pas de généraliser les résultats. Certes, mais à l’inverse les chiffrages trop réducteurs perdent la diversité des singularités subjectives. Aucun autiste n’est semblable à un autre et les traitements doivent toujours prendre en compte ce facteur. Même en médecine on constate que ce qui vaut pour la plupart ne vaut pas pour tous. La mise en place de protocoles de traitement n’est pas sans inconvénients : elle entraine parfois des conséquences dommageables sur la prise en charge de cas exceptionnels. C’est pourquoi, comme le note en 2007 un article de La revue des maladies respiratoires, « les rapports de cas effectuent un retour en force dans les journaux les plus prestigieux, y compris ceux qui les avaient bannis lors de l’avènement, un peu aveugle, de la médecine factuelle »xvi. Ils conservent, ajoute l’auteur, « une légitimité indiscutable au sein de la littérature médicale » : certains ont une grande valeur probante, d’autres possèdent un fort potentiel heuristique et pédagogique, tous sont essentiels pour aborder le versant idiographique de la médecine clinique, en communiquant une expérience pratique difficile à partager autrement. La HAS ne fait pas tout à fait l’impasse sur des « études de cas-témoins » mais elle ne leur accorde guère de poids : dans la meilleure hypothèse, quand elles sont retenues pour l’évaluation, elles ne valent que pour l’obtention d’un « faible niveau de preuve », autrement dit, elles restent négligeables. Pour les cliniciens, la force probante des études de cas tient en particulier aux évolutions cliniques qu’elles relatent. Un de ceux à qui l’on doit de remarquables et nombreuses monographies cliniques d’enfants autistes et psychotiques, B. Bettelheim, le souligne mieux que quiconque : « Ceux qui ont aidé à l’éclosion d’une personnalité, à la libération d’une intelligence gelée, à l’apparition de relations humaines, de sentiments positifs, de joie de vivre alors qu’il n’y avait aucune personnalité, aucune apparence d’intelligence, rien qu’un isolement méfiant ou désespéré, une angoisse panique et une violence homicide, ceux-là sont plus convaincus de l’efficacité des méthodes thérapeutiques […] qu’ils ne le seraient par des études statistiques »xvii.) La cure de Dibs effectuée par Virginia Axline constitue un document clinique exceptionnel puisque toutes les séances en ont été intégralement enregistrées. Elle établit qu’un autiste de haut niveau peut être tiré de son retrait en bénéficiant d’une cure non directive d’inspiration rogerienne. Les psychanalystes qui récusent l’appui sur le contre-transfert n’auraient rien à redire sur la conduite de cette cure exemplaire et à cet égard ne feraient pas mieux. Par l’évolution spectaculaire de l’insertion sociale du sujet, la force probante de ce document, et de beaucoup d’autres études de cas, vaut plus pour les cliniciens que les données statistiques. Il existe pourtant des tentatives de chiffrer les résultats d’une prise en charge institutionnelle à référence psychanalytique. Ils portent sur 40 cas traités pendant plus de dix ans. Les 42% de réussite sont comparables aux 47% de l’étude princeps de la méthode ABA. Mais ce qui est aujourd’hui retenu de ces résultats très probants est qu’ils soulèvent évidemment une multitude de problèmes méthodologiques, de sorte que la HAS ne les retient pas même pour un faible niveau de preuve. L’aurait-elle fait qu’elle se serait heurtée à la hargne de certaines associations de parents puisqu’il s’agit des résultats dont fait état Bettelheim en 1967 dans La forteresse vide. Or pour ces parents l’affaire est entendue : c’était « un charlatan » puisqu’il les culpabilisait en les rendant responsables de l’autisme de leurs enfants. D’ailleurs tous les psychanalystes seraient des charlatans partageant cette thèse. À la lecture de La forteresse vide, ils apprendraient que le psychanalyste très marginal que fut Bettelheim combattait vivement la thèse d’une autre psychanalyste, à l’époque plus reconnue que lui par ses pairs, Margaret Malher, selon laquelle le traitement de l’autisme passait par la restauration d’une symbiose entre la mère et l’enfant. La thèse de Bettelheim sur l’étiologie de l’autisme ne fut jamais celle de tous les psychanalystes. Aucune étude ne laisse supposer aujourd’hui que couper l’enfant autiste de ses parents contribue à son traitement. Pour évaluer le traitement, il n’eut recours ni aux chiffres du QI, ni aux scores sur des échelles de comportement ou de personnalité, il tînt pour plus révélateur des données concernant l’insertion sociale. Notons qu’une des faiblesses souvent soulignée des résultats obtenus par la méthode ABA réside dans le fait que les comportements installés chez l’enfant sont acquis sans qu’ait été intégré le pourquoi, la fonctionnalité, le sens de ceux-ci, de sorte que l’insertion sociale de l’autiste traité par les techniques comportementales reste rare. Or Bettelheim qualifie de « bonne » l’évolution sociale de 17 enfants sur 40. « Neuf parmi les dix-sept travaillent. Comme huit sont encore au lycée ou à l’université, précise-t-il, on peut affirmer que tous ceux qui ne sont pas en train de terminer leurs études gagnant leur vie. » L’insertion de certains pensionnaires de l’Ecole Orthogénique dans le milieu scolaire ou universitaire n’a pas été contestée, des témoignages sont venus le confirmer, certains émanant des enfants eux-mêmes à l’âge adulte. De tels résultats, associés à de remarquables études de cas, sont en général considérés comme probants pour les cliniciens, mais ils souffrent de tels biais méthodologiques qu’ils s’avèrent sans intérêt pour une approche scientifique nomothétique xviii. On a d’abord contesté les diagnostics de Bettelheim, de manière assez vaine : l’extension considérable du spectre de l’autisme depuis quelques décennies permet sans difficulté de ranger les cas les plus contestés dans ce champ. Plus sérieux est l’argument de l’allégeance du chercheur à la méthode évaluée. Il est probable que ce facteur – pas suffisamment tempéré – a tiré les résultats de Bettelheim vers le haut. Beaucoup d’études consacrées à d’autres techniques souffrent de ce même biais. Ce qui apparait le plus grave pour la méthodologie de la HAS est l’absence de groupe de contrôle et de répartition randomisée des enfants entre celui-ci et le groupe témoin. Au nom de la science, Bettelheim aurait dû affecter de manière aléatoire un enfant sur deux dans un groupe qui aurait été traité pendant cinq à dix ans par une méthode autre que celle à laquelle lui-même et le personnel de son institution consacraient toute leur énergie. De son point de vue c’eût été faire le choix de sacrifier un enfant sur deux. Pour les psychanalystes eux-mêmes, ce ne sont pas les chiffres produits par Bettelheim qui ont retenu leur attention, et emporté leur conviction quant à l’intérêt de la prise en charge institutionnelle à référence psychanalytique ; ce sont avant tout ses études de cas qui l’ont consacré comme un clinicien majeur. Aujourd’hui encore la lecture de La forteresse vide est plus riche d’enseignements concernant la spécificité du fonctionnement des sujets autistes que celle du dépouillement des 464 pages de l’argumentaire scientifique qui accompagne les recommandations de la HAS. Il est frappant de constater que des données cliniques essentielles pour appréhender l’autisme – l’immuabilité, l’objet autistique, la rétention de la voix, la fuite du regard, etc. – sont totalement absentes de l’approche déshumanisée développée dans les travaux de la HAS. …A suivre dans le N°221 de Lacan Quotidien Notes du texte de Jean-Claude Maleval : i Lettre de François Hollande au Collectif « Pas de 0 de conduite » : http://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2012/06/reponse_FHollande_lettre_ouverte_pasde0deconduite_avril2012.pdf Lettre de François Hollande à Egalited : http://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2012/06/reponseFHollande24042012.pdf ii Le programme de Denver a été initialement conçu en 1981 à l’Université du Colorado. usciter des interactions chaleureuses, affectueuses et ludiques est au coeur de la prise en charge. Il se centre sur le développement de la cognition et, en particulier, de la fonction symbolique et de la communication à travers l’apprentissage de gestes, signes et mots. [Baghdadli A. Noyer M. Aussilloux C. Interventions éducatives, pédagogiques et thérapeutiques proposées dans l’autisme. Ministère de la Santé. Juin 2007, p. 38] Il faut souligner que cette méthode n’est pas critiquée par les autistes de haut niveau ; en cela elle se distingue de la méthode ABA. iii Haute autorité de Santé. (HAS) Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm). Autisme et autres troubles envahissants du développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent. Recommandations. Mars 2012, p. 25. iv Ibid., p. 27. v Introduite dans les années 1980, l’Evidence Based Medicine (ou médecine factuelle) se définit comme l’utilisation consciencieuse et judicieuse des meilleures données (preuves) actuelles de la recherche clinique. Ces preuves proviennent d’études cliniques systématiques, telles que des essais contrôlés randomisés ou des méta-analyses, vi Leuzinger-Bohleber M., Stuhr U., Rüger B., Beutel M. How to study the quality of psychoanalytic treatments and their long-term effects on patients well-being : a representative, multi-perspective follow-up study. International Journal of Psychoanalysis, 2003, 84, pp. 263-290. Leichsenring F. Rabung S. Long-term efficacy of psychodynamic psychotherapy. Journal of American Medical Association. 2008, 300 (13), pp. 1551-1565. vii Létard V., Evaluation de l’impact du plan Autisme 2008-2010, Décembre 2011, p. 22. viii Cf « Le rapport biaisé de l’INSERM », in Maleval J-C, É,tonnantes mystifications de la psychothérapie autoritaire, Navarin / Le Champ freudien, Paris, mai 2012, p. 144-158. ix Di Ciaccia A., « La pratique à plusieurs », La Cause freudienne, 2005, n°61, p. 110. x « Entretien avec Antonio Di Ciaccia », Sigma, 2012, n°5, p. 149. xi « L’approche est fondée sur le jeu avec le schéma général de la théorie du développement cognitif de Piaget et la théorie psychanalytique de Malher en toiles de fond ». Haute autorité de Santé. (HAS) Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm). Autisme et autres troubles envahissants du développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent. Argumentaire scientifique. mars 2012, p. 420. xii HAS. Anesm., Argumentaire scientifique, op.cit., p. 79. xiii HAS. Anesm. Recommandations, op.cit., p. 27. xiv HAS. Anesm. Argumentaire scientifique, op.cit., p. 183. xv Lorriaux A., « Autisme : la psychanalyse mise à l’index par un rapport de la Haute autorité de santé », Le Huffington Post, 7 mars 2012. xvi Steichen O., « Les rapports de cas vestiges du passé ? », Revue des maladies respiratoires. 2007, n°3, p. 178-187. xvii Bettelheim B., Evadés de la vie. Quatre thérapies d’enfants affectivement perturbés, Fleurus, Paris, 1986, p. 29. xviii Une discipline est nomothétique quand son objet et sa méthode permettent d’établir des lois générales ou universelles, représentées par des relations constantes entre les phénomènes observés.

Internet, les jeux vidéo… et les identités plurielles.

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La technologie ambiante n’est pas sans influence sur le développement de l’enfant. Il se construit aujourd’hui davantage selon des identités multiples concomitantes. En effet, par la culture de l’image environnante, l’enfant grandit avec deux types d’images de lui-même :

  • l’image « inversée » produite quand l’enfant se regarde dans un miroir
  • l’image « redressée », par la multitude de support photos, vidéos dont l’enfant est très jeune, sujet et spectateur de lui même.

Autrement dit, si chacun revêt bien une seule personnalité, celle-ci se compose d’identités multiples. Se mettre en jeux différemment dans différents lieux, différents contextes, aux différents moments de sa vie… a toujours existé même si cette réalité se jouait davantage de manière successive au cours des générations antérieures. Aujourd’hui, de manière plus simultanée, l’enfant, l’adolescent met en jeux différentes facettes de lui même, s’essaye dans différents modes opératoires au travers du jeu voire des jeux vidéos. Ainsi, si un adolescent joue avec un personnage très noir, violent …sur un jeu vidéo, rien ne sert de s’inquiéter car bien souvent, ce même adolescent se prête à un autre personnage par ailleurs. L’utilisation d’avatars, de pseudos sur Internet relève d’une même manière d’endosser un personnage, d’entrer dans Internet et finalement de se tester au monde. Voir la vidéo sur le site YAPAKA ou cliquez ci-dessous:

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Structure des états ou structure des processus?

Article paru dans le Carnet/Psy no 93, Page : 26 A lire pour ceux qui s’intéressent aux recherches actuelles sur le bébé avec une hypothèse d’une structure dynamique des processus internes au fonctionnement psychique du bébé. Le professeur GOLSE de l’hôpital Necker-Enfants Malades, évoque également une recherche sur les précurseurs corporels et comportementaux de l’accès au langage verbal. Structure des états ou structure des processus ? par Bernard Golse.

Le maternage influe sur l’expression des gènes

Le manque de soins maternels ou encore des agressions répétées durant la tendre enfance sont associés, à l’âge adulte, à divers problèmes de santé mentale telles l’anxiété et la dépression. Les travaux les plus récents dans le domaine montrent que l’effet psychologique et comportemental de ces conditions adverses passe par des changements sur le plan biologique: la privation de soins ou l’agression entraineraient une modification de l’expression des gènes due à la méthylation de l’ADN.

La méthylation est un phénomène normal survenant dans l’environnement épigénétique. Elle se produit lorsqu’un méthyle prend la place d’un atome d’hydrogène sur l’une des quatre bases de l’ADN. Une méthylation élevée inhibe l’expression du gène concerné alors qu’une déméthylation favorise son expression.

Le phénomène est bien connu chez le rat: un toilettage intensif des petits par la mère augmente leur résistance au stress à l’âge adulte. Cet avantage découlerait d’un meilleur fonctionnement des récepteurs d’hormones de résistance au stress entrainé par les soins maternels. Ce qui veut dire que les facteurs liés à l’environnement social peuvent moduler en profondeur l’expression génétique.

Méthylation des cellules T

Le fait est de mieux en mieux documenté chez l’être humain, comme vient de le démontrer une étude réalisée par une équipe internationale dont font partie plusieurs chercheurs du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP) et du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.

« Notre étude montre que, lorsque le développement psychologique du jeune est perturbé, il y a modification de l’expression de plusieurs gènes liés aux cellules immunitaires et au cortex préfrontal et que cette perturbation est à la source de problèmes d’agressivité observés à l’âge adulte », affirme Richard E. Tremblay, directeur du GRIP et professeur émérite au Département de psychologie de l’Université de Montréal.

Dans un premier temps, l’équipe de chercheurs avait établi, à l’aide de l’imagerie cérébrale, que des adultes qui avaient eu un haut niveau d’agressivité pendant l’enfance présentaient un faible taux de sérotonine dans le cortex orbitofrontal. La sérotonine est unneurotransmetteur jouant un rôle crucial dans le développement du cerveau et dans la modulation de l’agressivité.

Richard E. Tremblay (Photo: Jean-François Hamelin)

Une partie de ces travaux, effectuée in vitro, a par la suite montré que cette faible production de sérotonine pouvait être causée par la méthylation de gènes associés à la production des lymphocytes T. Ces cellules du système immunitaire synthétisent des médiateurs chimiques (les cytokines) qui régulent l’activité cellulaire dans l’ensemble de l’organisme.

Macaques privés de maternage

Cette recherche ne permettait toutefois pas de savoir s’il y avait méthylation à la fois dans les cellules sanguines et dans les tissus cérébraux. L’étude a donc été reprise sur des sujets animaux.

Des prélèvements de tissus provenant du cortex préfrontal, siège du contrôle du comportement, ont été faits sur deux groupes de macaques ayant été soumis à des conditions différentes de maternage. Ceux du premier groupe avaient été élevés de façon « naturelle », c’est-à-dire par les mères biologiques au sein d’une communauté. Ceux du second groupe, une fois que les jeunes étaient en mesure de s’alimenter par eux-mêmes au biberon, avaient été placés en compagnie de « mères substituts », c’est-à-dire un mannequin de peluche et fourrure, tout en côtoyant quotidiennement d’autres singes du même âge mais sans interactions avec des adultes.

« La privation de soins maternels chez le second groupe recrée les conditions d’adversité et d’agression qui perturbent le développement normal de l’enfant, précise Richard E. Tremblay. Les macaques élevés de cette façon sont plus peureux et plus agressifs à l’âge adulte, plus sensibles à l’alcool et demeurent au bas de l’échelle sociale. »

Les prélèvements sanguins, salivaires et corticaux ont montré des différences importantes de méthylation dans les cellules T et dans le cortex préfrontal entre les deux groupes de primates: certains gènes ont été plus exprimés dans l’un ou l’autre des deux groupes alors que d’autres gènes l’ont moins été. Pour l’équipe de chercheurs, la démonstration est maintenant faite: les soins maternels modulent la méthylation non seulement des gènes liés aux cellules du système immunitaire mais également des gènes associés aux neurones eux-mêmes.

Cette méthylation associée au maternage toucherait même l’ensemble du génome. Pour Richard E. Tremblay, ce qui a été observé chez les macaques peut être extrapolé à l’être humain. Le large spectre de comportements perturbés de la part d’individus affectés par un manque de soins en bas âge lui apparait comme l’indice d’une méthylation à grande échelle qui perdure jusqu’à l’âge adulte.

Ces travaux ont constitué une partie du doctorat de Nadine Provençal réalisé sous la codirection de M. Tremblay et de Moshe Szyf (Université McGill). Mme Provençal est la première auteure d’un article publié sur le sujet par 14 chercheurs dans le numéro du 31 octobre du Journal of Neuroscience.

Autisme : la HAS et l’Anesm recommandent un projet personnalisé d’interventions pour chaque enfant

La Haute Autorité de Santé (HAS) et l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) publient ce jour des recommandations de bonne pratique sur les interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent avec autisme ou autres troubles envahissants du développement (TED). Ces recommandations ont pour objectif de donner aux professionnels des repères susceptibles d’améliorer et d’harmoniser leurs pratiques et de favoriser l’épanouissement personnel, la participation à la vie sociale et l’autonomie de l’enfant et de l’adolescent. Face à un sujet complexe et sensible la HAS et l’Anesm entendent, comme elles s’y sont tenues depuis le début de ces travaux engagés il y a plus de deux ans, permettre à tous les acteurs concernés de travailler ensemble autour d’un projet personnalisé d’interventions initiées rapidement, globales et coordonnées au bénéfice des enfants et adolescents accompagnés Les recommandations élaborées conjointement par l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) et la Haute Autorité de Santé couvrent les interventions éducatives et thérapeutiques à mettre en place pour les enfants et les adolescents avec autisme ou autres TED. Elles succèdent à d’autres travaux consacrés à l’autisme et aux TED déjà publiés par les deux institutions : l’« État des connaissances » publié par la HAS en janvier 2010, la recommandation « Pour un accompagnement de qualité des personnes avec autisme ou autres TED » publiée en janvier 2010 par l’Anesm centrée sur le respect, la dignité et les droits des personnes avec TED et les deux recommandations relatives au diagnostic, chez l’enfant (Fédération française de psychiatrie/HAS en 2005) et chez l’adulte (HAS en 2011).
Dialogue et concertation Pour élaborer ces recommandations, la HAS et l’Anesm ont opté pour la méthode du consensus formalisé avec la volonté, sur un sujet complexe, sensible et où les données scientifiques manquent parfois, de s’appuyer sur les nombreux points de convergence entre les différents acteurs : associations de personnes présentant des TED elles-mêmes, associations de famille et professionnels. Ces recommandations sont le fruit d’un travail de deux ans ayant mobilisé 145 experts, complété par une consultation publique à laquelle ont répondu plus de 180 organisations. Elles se déclinent autour d’un axe fort : la mise en place précoce, par des professionnels formés, d’un projet personnalisé d’interventions adapté et réévalué régulièrement pour chaque enfant ou adolescent avec TED. Un diagnostic et une évaluation précoces : pré-requis indispensables aux interventions L’hétérogénéité des profils cliniques et de l’évolution des enfants/adolescents avec TED impose une évaluation régulière au minimum une fois par an par l’équipe d’interventions, afin d’ajuster les interventions proposées. Cette évaluation vise à mettre en avant les potentialités et les capacités adaptatives de l’enfant et à déterminer ses besoins. Elle explore l’ensemble des « domaines de vie » de l’enfant : domaines de la communication et du langage, des interactions sociales, des émotions et du comportement, domaines cognitif, sensoriel et moteur, somatique, ainsi que l’autonomie dans les activités quotidiennes et les apprentissages, notamment scolaires et préprofessionnels. Proposer un projet personnalisé d’interventions précoces, globales et coordonnées La HAS et l’Anesm recommandent que le projet personnalisé d’interventions couvre tous ces domaines et soit élaboré en partenariat avec les parents et leur enfant. Des interventions globales et coordonnées sont recommandées particulièrement si elles sont débutées avant 4 ans et dans les 3 mois suivant le diagnostic. Les interventions seront fondées sur une approche éducative, comportementale et développementale qu’il y ait ou non retard mental associé. Les familles et les enfants pourront par exemple adopter, avec l’ensemble des professionnels concernés, des interventions fondées sur l’analyse appliquée du comportement dites ABA, des interventions développementales telles que mises en œuvre dans les programmes TEACCH ou des prises en charge intégratives, type thérapie d’échange et de développement. Donner une vraie place à l’enfant et à sa famille L’attention portée à la place et à la singularité de la famille et de l’enfant dans l’accompagnement est le message fort de ces recommandations. Il est essentiel de proposer à l’enfant, même en l’absence de développement de la langue orale, des interventions spécifiques visant la communication, éventuellement à l’aide d’outils de communication dite alternative ou augmentée. Pour assurer le succès de la mise en place du projet personnalisé d’interventions, il est important que la famille soit associée, puisse participer aux séances si elle le souhaite ou bénéficier d’un accompagnement spécifique et formateur. Par ailleurs, il est recommandé aux parents d’être particulièrement prudents vis-à-vis d’interventions présentées comme permettant de supprimer complètement les manifestations des TED, voire de guérir totalement leur enfant car aucun élément probant ne permet d’envisager une telle efficacité. Ils doivent être également vigilants vis-à-vis des méthodes exigeant une exclusivité de l’accompagnement, car l’abandon d’interventions peut présenter un danger ou induire une perte de chances pour l’enfant ou l’adolescent suivi.

Contacts

Haute Autorité de Santé

Florence Gaudin Responsable du service presse Claire Syndique Attachée de presse Audrey Salfati Attachée de presse contact.presse@has-sante.fr Tél : 01 55 93 73 18 01 55 93 73 52 Téléchargez le document de la HAS: Recommandations_Autisme_TED_enfant_adolescent_interventions Note du webmaster: illustrations ajoutés par nous et libres de droit sur le net.

Quelle politique clinique pour l’enfant autiste ?

I. Un choix de société. 1. Contexte 2. Les TCC, Science officielle de l’Etat ? II. Une clinique 1. L’idéologie normative est le fondement de la théorie TCC, au risque de la ségrégation 2. La méthode ABA 3. Le mythe psychanalytique, narré par les TCC 4. Impasse du tout éducatif Bibliographie à lire sur le site de Roseau pensant: http://roseaupensant13.wordpress.com/2012/03/07/1497/

L’enfant hyperactif, son développement et la prédiction de la délinquance : qu’en penser aujourdhui ?

Pierre DELION

Pour se construire, l’enfant a besoin de tester, de s’opposer, de désobéir…Autant d’occasions d’apprentissage accompagnées par l’adulte. Mais, dans un contexte où les troubles de comportement de l’enfant sont un sujet d’actualité, l’auteur pointe les risques des réponses normatives. Partant d’une description clinique et des classifications actuelles de ces troubles, le Professeur Delion met en évidence les deux conceptions en vigueur radicalement différentes quant à leurs perspectives thérapeutiques et dès lors à la réponse sociale qu’elles sous tendent. Pour cet expert, l’hyperactivité témoigne d’une souffrance psychique de l’enfant à laquelle il convient d’apporter une réponse thérapeutique chaque fois adaptée. L’auteur reprend, phase par phase, le développement de l’enfant. De cet itinéraire, il en dégage des éléments de compréhension du symptôme de l’hyperactivité. A cet égard, il interroge aussi, au travers de la télévision, les modifications des conditions du développement de l’enfant. Téléchargez : ta_enfant_hyperactif_24.05.06 Voir également sur le site de Yapaka.be:

A partir de quand un enfant est-il hyperactif ?

http://www.yapaka.be/professionnels/video/a-partir-de-quand-un-enfant-est-il-hyperactif

A propos de la Rilatine et de l’hyperactivité

http://www.yapaka.be/professionnels/page/a-propos-de-la-rilatine-et-de-lhyperactivite

Comment l’enseignant peut-il aider l’enfant hyperactif ?

Pierre Delion attire l’attention sur le danger de réponses toute faites de type « à tel symptôme, tel remède » et privilégie des solutions pensées pour chaque enfant dans sa position particulière. L’enseignant fait parfois le constat que tel enfant ne reste pas en place, parle à tord et à travers, montre de l’impulsivité, des difficultés d’attention, répond à côté de la question… comportements qui témoignent de difficultés pour l’enfant mais également pour le fonctionnement du groupe classe. Le réflexe aujourd’hui trop souvent adopté est de qualifier un tel enfant d’hyperactif voire même de conseiller aux parents de recourir à une médication pour lui. Le Professeur Delion opte pour une autre option : encourager l’enseignant à rencontrer les parents avec l’enfant. Cet entretien sera l’occasion de leur faire partager ses observations en terme d’expression d’une souffrance de l’enfant et d’évaluer s’il se comporte identiquement à la maison voire si au contraire cela se passe différemment. En effet, l’agitation d’un enfant en classe peut témoigner de souffrances liées à l’école telle son rejet par les autres…. L’enseignant pourra aussi conseiller aux parents de consulter quelqu’un pour aider l’enfant, et les aider dans les difficultés en présence Vidéo: http://www.yapaka.be/professionnels/video/comment-lenseignant-peut-il-aider-lenfant-hyperactif

Ecoutez les autistes!

Jean-Claude Maleval

Les autistes qui écrivent ne sont pas des fous littéraires. Ils ne croient pas comme ces derniers avoir fait une grande découverte. Ce sont des sujets à prendre au sérieux. Ils s’expriment pour faire savoir qu’ils sont des êtres intelligents, pour être traités avec plus de considération, et pour appeler à un respect de leurs inventions élaborées pour contenir l’angoisse. Souhaitent-ils qu’on interdise légalement leur écoute pour les soumettre, le plus souvent sans leur consentement, à des méthodes d’apprentissage ? Faut-il prendre le parti de les écouter ou celui de les contraindre ? Choisir de les écouter expose à se confronter à des opinions dérangeantes Une des autistes de haut niveau parmi les plus connues, Donna Williams, n’hésite pas, à l’égard du traitement de l’autisme, à s’engager fortement : « la meilleure approche », écrit-elle, ce serait « celle qui ne sacrifierait pas l’individualité et la liberté de l’enfant à l’idée que se font de la respectabilité et de leurs propres valeurs les parents, les professeurs comme leurs conseillers »[1]. Une autre confirme : « … les personnes qui m’ont le plus aidée ont toujours été les plus créatives et les moins attachées aux conventions » [2] La psychanalyse n’est pas une, elle est multiple, comme le sont les pratiques psychanalytiques ; elles ont pourtant toutes un point commun : elles sont fondées sur l’écoute de l’autre. Songer à interdire légalement l’écoute d’un groupe humain révèle une idéologie politique sous-jacente des plus inquiétantes. Certes, toute écoute n’est pas psychanalytique, mais comment le législateur fera-t-il la différence entre la pratique psychanalytique nocive de l’écoute et celle bénéfique autorisée? Est-il de surcroît de son rôle de prôner des approches sourdes à l’écoute des singularités du sujet autiste? Cela paraît en rupture avec la Déclaration des droits des personnes autistes, proposée par Autisme Europe et adoptée par le Parlement Européen le 9 mai 1996 . En cette dernière, il est demandé de reconnaître et de respecter les désirs des individus, de sorte que les autistes devraient avoir « le droit de ne pas être exposés à l’angoisse, aux menaces et aux traitements abusifs ». Comment cela pourrait-il se faire sans être à leur écoute ? Toutes les pratiques psychanalytiques ont en commun de prôner le respect du singulier et sa non résorption dans l’universel. C’est ce que souhaitent unanimement les autistes qui s’expriment. Ce n’est pas aux études randomisées permettant une évaluation scientifique impeccable auxquelles il convient de demander en premier lieu comment y faire pour traiter l’autisme ; ce sont les sujets concernés qui ont le plus à nous apprendre. Ils possèdent un savoir précieux sur eux-mêmes. Prenons au sérieux les conseils donnés par Jim Sinclair aux parents, tout aussi pertinents pour les éducateurs et les cliniciens : « nos manières d’entrer en relation, affirme-t-il au nom des autistes, sont différentes. Insistez sur les choses que vos attentes considèrent comme normales, et vous rencontrerez de la frustration, de la déception, du ressentiment, peut-être même de la rage et de la haine. Approchez respectueusement, sans préjugés, et ouverts à apprendre de nouvelles choses, et vous trouverez un monde que vous n’auriez jamais pu imaginer » [3]. Une autiste mutique cultivée telle que Annick Deshays se montre tout aussi véhémente pour revendiquer une prise en charge des autistes qui ne fasse pas l’impasse sur leur singularité : « Pourquoi faire des palabres sur des écrits officiels concernant la prise en charge des personnes autistes si les intéressées elles-mêmes n’ont pas droit aux informations, encore moins à la parole ?[4] écrit-elle sur son ordinateur. Elle s’oppose aux méthodes éducatives qui dressent a priorile programme des étapes du développement à franchir : « Dresser un plan scientifique d’éducation avec les autistes, de manière uniforme et unilatérale, dispense un régime de protectrice dictature, affirme-t-elle. […] Il prime d’abord de trouver la faculté (ou les facultés) de chaque personne autiste avant d’établir une démarche éducative ». Elle considère que « Faire du comportementalisme c’est inciter à nous rendre « facile » par un formatage réduisant notre liberté d’expression ; c’est durcir notre grave problème d’identification et d’humanisation ». Elle cherche à se faire entendre auprès des spécialistes pour faire passer le message suivant : « Dire aux décideurs, dès aujourd’hui, que penser pour nous risque de vider la « substantifique moëlle » de notre raison d’exister » [5] À l’encontre de ces méthodes, elle prône « le risque d’un dialogue », la volonté d’ « apprivoiser la peur isolante », elle invite même à chercher à « goûter les traits humoristiques propres » à la manière des autistes de « visionner la vie », tout cela, ajoute-t-elle, « oblige à travailler plus en unicité qu’en uniformité, plus en relation duelle qu’en propos unilatéraux ». À l’instar de la plupart des autistes, elle demande à être considérée comme un sujet capable d’une créativité qu’il convient de prendre en compte : « Hisser nos connaissances selon notre bon vouloir, souligne-t-elle, déploie un potentiel qui nous est propre ». « Plus je prends part aux décisions me concernant, ajoute-t-elle, plus j’ai l’impression d’exister tout entièrement »[6]. Faute d’être entendus, beaucoup d’autistes finissent par se résigner à ce qu’on leur impose ; en revanche, quand le sujet possède les moyens de s’exprimer, il s’en insurge. Ainsi Williams ne cache pas sa révolte en présence de certaines techniques éducatives. Dans les années 1990, elle fit un stage en Australie dans une maison spécialisée pour enfants en difficulté. Elle y observa deux éducateurs zélés dans leur travail avec une autiste. Elle fut frappée par leur méconnaissance du monde intérieur de l’enfant. « J’étais malade, écrit-elle, de les voir envahir son espace personnel avec leur corps, leur haleine, leurs odeurs, leurs rires, leurs mouvements et leurs bruits. Quasiment fous, ils agitaient des hochets et des objets devant elle comme deux sorciers trop zélés espérant exorciser l’autisme. Selon eux, apparemment, il lui fallait une overdose d’expériences que leur infinie sagesse « du monde » savait lui apporter. S’ils avaient pu utiliser un levier pour forcer l’ouverture de son âme et la gaver « du monde », ils l’auraient sans doute fait sans même remarquer la mort de leur patient sur la table d’opération. La petite fille criait et se balançait, se bouchant les oreilles avec ses bras pour amortir le bruit et louchant pour occulter le matraquage de la détonation visuelle. J’observais ces gens, souhaitant qu’ils connaissent eux aussi l’enfer des sens. J’observais la torture d’une victime qui ne pouvait pas se défendre dans un langage compréhensible. […] Ces chirurgiens opéraient avec des outils de jardinage et sans anesthésie »[7] Sans doute s’inspiraient-ils d’une méthode classique d’apprentissage, qui consiste à présenter un stimulus en séquences répétées, puis à observer la réponse de l’enfant, et à donner une conséquence pour la renforcer ou l’inhiber. C’est une application systématique de ces principes qui est prônée par la méthode ABA, fondée par Lovaas. Cela pendant deux ans, à raison de 40 heures par semaine, avec des enfants dont le consentement n’est pas recherché, bien que l’on sache que, pour la plupart, ils ressentent les demandes comme intrusives et menaçantes.

Annick Deshays
Annick Deshays, autiste mutique qui communique depuis son ordinateur

Depuis son invention la psychanalyse dérange, en révélant que l’homme n’est pas maître de lui-même, contrairement aux illusions de la raison, elle n’annonce pas une bonne nouvelle. Néanmoins, la psychanalyse perdure malgré les critiques incessantes, ce qui témoigne avant tout de sa vitalité. Actuellement, c’est sur le terrain de l’autisme que se concentrent les attaques contre la psychanalyse, venant en particulier d’ « Autisme France », association de parents dont le député Fasquelle reprend l’argumentaire, en faveur de la méthode ABA, en soumettant un projet de loi visant à interdire les pratiques psychanalytiques. En premier lieu, parmi celles-ci, le packing, déjà pratiqué par Esquirol, sous le nom d’emmaillotement humide, cinquante ans avant la naissance de Freud… Les partisans de la méthode ABA sont récemment sortis de la controverse scientifique légitime en produisant un film de propagande sévèrement condamné par la justice à la suite de plaintes de psychanalystes piégés par la réalisatrice du film. Le défenseur de Sophie Robert, la réalisatrice, a tenté de faire valoir que cette condamnation conduirait à l’interdiction des films de Mickael Moore si elle était confirmée. Mickaël Moore est un réalisateur américain de films engagés (Bowling for Columbine, Farenheit 9/11). Il a subi de nombreux procès, il les a tous gagnés. Il doit donc y avoir une différence entre sa pratique et celle de Sophie Robert. Deux apparaissent évidentes. Mickaël Moore se met en scène et filme les questions qu’il pose à ses interlocuteurs. Sophie Robert n’apparaît pas et coupe au montage certaines questions des réponses données, ce qui change évidemment la portée de la réponse. D’autre part, Mickaël Moore interroge des personnalités représentatives des opinions qu’il combat ; tandis que Sophie Robert interroge certes certaines personnalités représentatives, mais elle convoque de surcroît des psychanalystes que personne ne connaît et qui expriment des opinions qui n’engagent qu’eux-mêmes. Qui voudrait utiliser le même procédé de propagande pour objecter à la méthode ABA irait chercher un éducateur partisan de cette méthode utilisant encore les punitions corporelles – et ce ne serait sans doute pas très difficile à trouver – voire un nostalgique des bons vieux chocs électriques initialement utilisés par Lovaas. Il s’agirait alors certes de propagande car la méthode prône aujourd’hui de ne plus recourir aux conditionnements aversifs et aux punitions. Bref si Mickaël Moore est si présent dans ses films, on peut en déduire qu’il est fier de ce qu’il fait. Sophie Robert a choisi de se cacher. Delion, Golse, Widlôcher et Danon-Boileau dénoncent « un montage tronqué au service d’une cause à démontrer » et visant à les ridiculiser[8]. Les psychanalystes de l’ECF, Laurent, Stevens et Solano, n’ont pas reculé à faire un procès et la déformation maligne de leurs propos a été confirmée par la justice. Les partisans de l’ABA militent contre une psychanalyse que tantôt ils inventent ou que tantôt ils caricaturent. Elle culpabiliserait les parents. Cette thèse de Bettelheim toujours citée ne faisait déjà pas l’unanimité de son temps. Ils refusent malhonnêtement de prendre en compte que nul psychanalyste sérieux ne la soutient aujourd’hui. Ils soulignent que l’autisme serait un trouble neurobiologique. Or les données les plus probantes en faveur de cette thèse mettent toujours en évidence que des éléments liés à l’environnement interfèrent avec une possible prédisposition génétique. S’il est un fait bien établi c’est que diverses méthodes appliquées de manière intensive (et de préférence au cas par cas) parviennent à modifier les conduites des sujets. Il faut souligner qu’il n’existe aucun traitement biologique de l’autisme et que la découverte de la plasticité cérébrale rend compte de l’efficience des pratiques psychologiques aussi bien que de celles des méthodes d’apprentissage. Aussi bien intentionnées soient-elles, ces dernières rencontrent des bornes. Leur efficacité, constate le rapport Baghdadli, est généralement limitée à l’acquisition d’une compétence spécifique ciblée par l’intervention étudiée, de sorte qu’elle n’implique pas un changement significatif du fonctionnement de la personne qui bénéficie de l’intervention[9]. Certes, les méthodes d’apprentissage invoquent en leur faveur des statistiques éloquentes attestant de leur efficacité. Sans entrer en d’interminables discussions sur leurs interprétations et sur ce qui est réellement saisi par les chiffres, soulignons surtout qu’il est incontestable que des résultats au moins équivalents peuvent être obtenus par d’autres méthodes plus respectueuses du sujet. À s’en tenir au seuls récits de mère qui sont parvenues, par des méthodes empiriques d’inspiration différentes, à sortir leur enfant du retrait autistique, il apparaît clairement que les améliorations obtenues par la douceur et le jeu ne sont moindres face à celles acquises par la violence et la coercition. Quand les Copeland découvrent dans les années 60 que recourir aux « caresses-récompenses et aux claques-punitions » avec leur fille améliore nettement son comportement, ils croient avoir trouvé la clef si longtemps recherchée du traitement de l’autisme. « Ils essayèrent donc de lui faire toucher tous les objets devant lesquels elle avait témoigné de la terreur. Et ils étaient innombrables. La première fois, elle hurla de toutes ses forces et à bien des reprises, la démarche parut impossible. Mais enfin ils la tinrent solidement par le poignet et lui administrèrent une correction à chaque tentative de résistance. Puisque telle était la méthode adoptée, il fallait la suivre. Et, effectivement, au cours de semaines épuisantes, les réticences de Anne fondirent nettement »[10]Or les améliorations obtenues plus récemment par Anne Idoux-Thivet avec son fils ne furent pas moindres, pourtant elle s’est toujours refusée à « user du bâton et de la carotte », pratiquant une « ludothérapie » orientée par les réactions, les angoisses et les manifestations de la curiosité de son enfant [11]. Bref, le rapprochement de ces deux témoignages opposés atteste que ce qui peut être obtenu par la violence peut l’être mieux encore par le jeu. La cure de Dibs opérée par V. Axline, en s’appuyant sur les jeux de l’enfant accompagnés dans une approche non directive, l’avait établi dès les années 1960.

Pour l'Amour d'Anne de James Copeland
Pour l’Amour d’Anne de James Copeland

Une autre mère d’enfant autiste, Hilde de Clercq, considérant la diversité des méthodes, aboutit à la constatation suivante, à laquelle on ne peut que souscrire, « il est bien plus agréable, pour tout le monde, de suivre la façon de penser de ces enfants et de rester positif, que de leur imposer de s’adapter et d’être confrontés constamment à des problèmes de comportement. La meilleure stratégie pour éviter des problèmes de comportement est de les anticiper »[12]. Or, pour ce faire, il est incontournable de prendre en compte leurs manières de lutter contre l’angoisse, ce que négligent les techniques d’apprentissage. Toutes les méthodes de traitement de l’autisme possèdent leurs réussites et leurs échecs. Cette diversité résulte pour partie des différences considérables dans le fonctionnement et les attentes des sujets autistes. Cependant elles n’ont pas le même positionnement éthique : pour les méthodes comportementales et cognitivo-comportementales la source du changement est située pour l’essentiel entre les mains de l’éducateur, secondé par les parents ; en revanche pour les méthodes qui prennent en compte la subjectivité, il s’agit de stimuler et d’accompagner une dynamique du changement inhérente à l’enfant. Les méthodes psychodynamiques font le pari d’une responsabilité du sujet qui peut conduire jusqu’à son indépendance par des voies qui sont à inventer et non pas programmées à l’avance (qui aurait fait confiance aux compagnons imaginaires de Williams ou à la machine à serrer de Grandin ?) ; les approches éducatives opèrent un autre choix : elles travaillent avec un enfant qui doit être guidé sur la route d’un développement normalisé, censé valoir pour tous. Dès lors elles parviennent certes le plus souvent à améliorer son autonomie, mais elles peinent à favoriser son indépendance. Nombreux sont aujourd’hui les autistes de haut niveau qui relatent comment ils sont parvenus à l’autonomie puis à l’indépendance, aucun d’entre eux ne fait état d’avoir bénéficié de manière intensive de méthodes éducatives, tous rapportent en revanche avoir inventé des méthodes très originales pour rendre compatible leur fonctionnement autistique avec le lien social. La psychanalyse du XXIème siècle n’est pas la caricature combattue par « Autisme France ». La plupart de ses détracteurs ignorent que certains psychanalystes (certes sur ce point encore minoritaires) considèrent que l’autisme n’est pas une psychose, qu’à l’encontre de l’opinion de Tustin l’objet autistique peut servir d’appui précieux pour la cure, que les interprétations signifiantes ou oedipiennes sont à proscrire, qu’un « doux forçage » (A. Di Ciaccia) est nécessaire pour susciter les apprentissages, etc. Que reste-t-il alors de la pratique psychanalytique ? Pour l’essentiel la capacité à accompagner le sujet dans ses inventions originales effectuées pour parer à son angoisse. Les méthodes d’apprentissage conduisent parfois un autiste à l’autonomie, mais jamais à l’indépendance à l’égard de sa famille. Ces méthodes postulent d’ailleurs abusivement qu’un suivi sera toujours nécessaire. Nombreuses sont les expériences singulières qui viennent contredire cette assertion. Les témoignages des autistes attestent que jamais un autiste n’a pu accéder à l’indépendance sans avoir bénéficié d’une écoute bienveillante et d’un respect de ses inventions. Il est cohérent que ceux qui cherchent à gommer la parole des autistes soient les mêmes qui s’appliquent à une propagande caricaturale pour décrier les propos des psychanalystes. [1] Williams D. Si on me touche, je n’existe plus. [1992] Robert Laffont. Paris. 1992, p. 290. [2] Grandin T. Penser en images. [1995] O. Jacob. Paris. 1997, p. 114. [3] Sinclair J. Don’t mourn for us. Autism Network International, Our voice, 1993, 1, 3 ; ou http://web.syr.edu/%7Ejisincla/dontmourn.htm [4] Deshays A. Libres propos philosophiques d’une autiste. Presses de la Renaisssance. Paris. 2009, p. 57. [5] Ibid., pp. 114, 116, 121, 124. [6] Ibid., p. 118. [7] Williams D. Quelqu’un, quelque part. [1994] J’ai Lu. Paris. 1996, pp. 38-39. [8] Témoignage de P. Delion. Dossier CIPPA.(Coordination Internationale entre Psychothérapeutes Psychanalystes s’occupant de personnes avec autisme). Novembre 2011, p. 39. (www.cippautisme.org) [9] Baghdadli A. Noyer M. Aussiloux C. Interventions éducatives, pédagogiques et thérapeutiques proposées dans l’autisme. Ministère de la Santé et des Solidarités. Direction Générale de l’Action Sociale. Paris. 2007, p. 261. [10] Copeland J. Pour l’amour d’Anne. [1973] Fleurus. Paris. 1974, p. 39. [11] Idoux-Thivet A. Ecouter l’autisme. Le livre d’une mère d’enfant-autiste. Autrement. Paris. 2009. [12] De Clercq H. Dis maman, c’est un homme ou un animal ? Autisme France Diffusion. Mougins. 2002, p. 97.

Packing: convoqué par l’ordre des médecins, le Pr. DELION s’explique:

LE QUOTIDIEN – Quelle a été votre réaction suite à la plainte de l’association “Vaincre l’autisme” et à la convocation de votre Conseil de l’Ordre départemental ? Pr PIERRE DELION – Ma réaction personnelle importe peu. Le soutien de plus de quatre mille signatures et lettres envoyées à ce jour au Conseil de l’Ordre montre que je ne suis pas seul dans cette affaire. Mais en revanche, de voir que sous des prétextes scientifiques qui n’en sont aucunement, on voudrait priver des enfants et leurs parents d’une technique de soin souvent efficace, me semble à moi, aux professionnels qui l’utilisent et aux parents des enfants concernés, extrêmement problématiques sur les motivations qui les animent. J’espère que la raison reviendra et aidera à trouver la voie d’une pédopsychiatrie intégrative (éducatif nécessaire, pédagogique si possible et thérapeutique si nécessaire) qui permette aux enfants de trouver le costume sur mesure de prise en charge par rapport à la forme de leur autisme et que les moyens humains seront suffisants pour les accompagner de façon adéquate, sous l’égide de leurs parents. D’autres associations ou groupes ont fait des pressions indécentes sur mon travail et mes recherches. Par exemple, en exerçant des pressions auprès de rédacteurs en chef de revues internationales pour m’empêcher de publier des articles comportant parmi les mots clés celui de packing, ou en inondant certains forums de calomnies à mon encontre tout en restant lâchement protégés par l’anonymat, ou en introduisant des prises de positions contre le packing chez certains grands politiques. À qui profitent de telles conduites éloignées des pratiques de la démocratie ? Pourquoi un débat scientifique sur ces sujets n’est-il pas possible ? Pourquoi certains politiques peu scrupuleux s’emparent-ils de sujets techniques (médecine, histoire, …) pour en faire une croisade à visée électoraliste ? Quelle a été par ailleurs votre réaction suite à la pétition de soutien sur Internet paraphée par de nombreux professionnels ? Au-delà du fait que je me demande comment les remercier individuellement, j’y vois le signe que beaucoup de collègues professionnels et de parents trouvent que ces (mal)menées ont assez duré vis-à-vis de moi, mais surtout vis-à-vis de ce que je représente, c’est-à-dire une position, non pas de modèle, mais plutôt de juste milieu, guidée par le souci de l’autre, le respect de l’humain dans toute souffrance, et l’intégration dans les pratiques des avancées de la science, ce que beaucoup d’entre nous réalisons à chaque fois que c’est possible. Cette médecine humaniste à laquelle je crois et à laquelle j’ai voué toute ma vie professionnelle est aujourd’hui mise en péril par des mouvements passionnels qui réunissent toutes les peurs et les craintes de parents vis-à-vis de leurs enfants. Plutôt que de se livrer dignement, voire par voie juridique, à des reproches construits auprès des personnes qui doivent en répondre précisément (j’ai un différend avec mon psychanalyste, c’est avec lui que je vais régler le problème et non demander l’interdiction pour tous de la psychanalyse), la tendance actuelle consiste à trouver une proie facile et à tenter de la détruire pour expier la haine dont je suis rempli. Ces mouvements encouragés par une pratique peu courageuse d’Internet (il y a d’autres façons intéressantes de l’utiliser !) sont en passe de devenir l’ordinaire. Plutôt que de contribuer à faciliter le débat, cela l’obscurcit puisqu’il ne s’agit pas d’un débat contradictoire, mais d’une mise en abîme infinie des problèmes posés. Enfin, le fait que les milliers de médisances qui circulent sur mon compte soient le fait de parfaits inconnus pour moi, tandis que les signatures de soutien soient le fait de personnes que je connais « en vrai », me rassurent sur ma position de médecin engagé dans le monde. Dans quelles conditions et situations, le packing peut-il avoir sa place aujourd’hui dans la prise en charge de personnes autistes ? Actuellement, les indications de packing sont réservées pour les troubles graves du comportement chez les enfants TED (automutilation, agitations, stéréotypies graves ; par exemple, une petite fille qui a une stéréotypie gestuelle de frapper répétitivement sa cornée avec l’ongle de son index homolatéral…). Il arrive souvent que les médecins qui souhaitent y avoir recours, aient déjà utilisé les autres possibilités soit médicamenteuses, soit comportementales et que ces techniques n’aient pas donné de résultats. J’ajoute d’ailleurs qu’il arrive que le packing ne donne pas non plus les résultats escomptés. Je souligne par ailleurs que les enfants et leurs parents sont étonnés de l’amélioration du contact relationnel (apaisement du tonus, contacts par le regard…) que le packing permet, et pour les parents qui ont souhaité assister à une séance de packing de leur enfant, c’est ce qui les émeut le plus. Il est donc important de suivre une méthodologie précise sur le plan technique et respectueuse sur le plan humain pour parvenir à ces résultats intéressants. Mais sur l’ensemble des enfants suivis pour TED, ces indications représentent un petit pourcentage, dans la mesure où ces symptômes graves, voire gravissimes, sont heureusement assez rares. Une partie du problème actuel tient sans doute au fait que les pédopsychiatres et leurs équipes accueillent souvent les enfants autistes les plus graves et doivent faire face à des symptômes que les autres partenaires éducatifs et pédagogiques ne voient pas toujours dans la population qu’ils ont en charge. On doit donc, avant de juger de la pratique d’un autre partenaire professionnel, se rendre compte que les enfants qu’il reçoit présentent des degrés de gravité quelquefois incomparables. Un généticien du cancer ou celui qui est en charge de la prévention du cancer peuvent-ils donner un avis éclairé sur le mode d’extraction qu’un chirurgien va utiliser pour l’exérèse d’une tumeur ? Il faut que chacun, pour aider valablement les enfants autistes quelle que soit la gravité de leur pathologie, respecte ce que font les autres et prenne une attitude modeste afin de développer ensemble une stratégie de la bonne indication pour le bon symptôme. Pourquoi est-il essentiel de mener à bien votre étude sur l’efficacité thérapeutique du packing sur les symptômes de troubles graves du comportement ? Bien avant la polémique actuelle sur le packing, j’ai souhaité en évaluer les effets et l’efficacité, en raison des bons résultats cliniques obtenus et de mon souci d’en rendre compte à la communauté pédopsychiatrique. En effet, depuis de nombreuses années, les équipes confrontées à ces symptômes terribles d’automutilation et de graves troubles du comportement chez les enfants présentant des TED me demandaient des formations. Il fallait que cette technique soit l’objet d’une évaluation faite « dans les règles de l’art », c’est-à-dire selon les modalités acceptées dans les sciences médicales. Habituellement, lorsqu’une technique de soin doit être évaluée, cela peut prendre la forme d’un programme hospitalier de recherche clinique, et c’est ce que j’ai choisi. Le projet de recherche a donc été soumis aux instances de sélection, draconiennes en l’occurrence, puisque non seulement un jury de scientifiques de haut niveau donne son avis sur la recherche, mais également le comité de protection des personnes qui donne un avis sur l’aspect éthique de ladite recherche. Les deux avis sont agréés par le ministère et la recherche peut commencer. Mais très rapidement, une association a décidé, bien qu’elle mette toujours en avant la science, d’empêcher cette recherche, et a utilisé tous les moyens à sa disposition, et notamment les médias, pour dissuader toute personne intéressée de s’y engager. Si bien que nous n’avons pas encore fini les inclusions nécessaires à la significativité des résultats. Lorsqu’une technique finit par poser un tel problème, non pas scientifique mais sociétal, raison de plus pour la conduire à son terme et en tirer les conséquences pour les patients. Voilà à mes yeux la seule démarche scientifique en médecine aujourd’hui. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID BILHAUT

UNES ALTRES VEUS (D’AUTRES VOIX)

Visitez le site: « Psychanalyse de l’Indiscible »

http://psychanalysedelindicible.com/

Les cahiers de l’ED 139

Connaissance, langage, modélisation

PSYCHOPATHOLOGIE & PSYCHANALYSE

Eléments d’une épistémologie pour la psychanalyse

SOMMAIRE

Présentation, Patricia ATTIGUI

Séquences épistémologiques

Une épistémologie de la psychanalyse : Transmettre, penser le long terme et la complexité, par Patricia ATTIGUI Pour une épistémologie psychanalytique de l’imaginaire, par Daniel WIDLÖCHER Le paradigme hystérique, par Samuel LEPASTIER L’épistémologie de la psychanalyse : Freud entre corps et langage, par Eléana MYLONA Une voix qui touche – Penser l’analogique dans le champ de la métapsychologie : Eléments de réflexions autour du modèle de la phonation, par Christophe FERVEUR Fonctionnement psychique et réalité somatique : pour une réflexion épistémologique sur une nécessaire complémentarité, par Sylvie PUCHEU-PAILLET La recherche en psychanalyse : une méthodologie de l’après-coup, par Larissa ASSUNCAO Les « autres » du psychanalyste – chercheur, par Claude PERRY Ouvrir le document PDF: Les cahiers de l’ED 139

Autisme : les psys réduits au silence

Publié le 15 février 2012
Dans un rapport à paraître que «Libération» s’est procuré, la Haute Autorité de santé retoque les pratiques psychanalytiques. Une première.
Il faut aller chercher la petite bête. Elle se niche page 27 du rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) sur les recommandations de bonne pratique dans la prise en charge de l’autisme, qui sera rendu public le 8 mars, et que Libération s’est procuré. Les mots sont pesés : sous le titre «Interventions globales non recommandées ou non consensuelles», les experts de la HAS écrivent : «L’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle.» «Archaïque». L’air de rien, c’est une véritable bombe clinique. La plus haute instance sanitaire française ferme la porte à la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme.Une prise de position inédite : de Bruno Bettelheim à Françoise Dolto, de Jacques Lacan à Maud Mannoni, la psychanalyse a toujours eu un rôle clé pour tenter de comprendre cette énigme humaine, et aider ces enfants – puis ces adultes – comme absents de toute communication, qui se taisent, se replient, sujets parfois à de terribles automutilations. Et voilà que la psychanalyse, théorie de la parole, se voit condamnée au silence. «Catastrophique», «révisionniste», «archaïque» : les qualificatifs ne manquent pas dans la planète psy pour dénoncer cette position des experts de la HAS. «C’est comme si on adoptait collectivement une démarche autiste. Comme si on décrétait la fin de l’inconscient», lâche le responsable d’un centre de ressources sur l’autisme. Et ce n’est pas tout : la méthode clinique du packing est, elle, «interdite» : la pratique consiste à enrouler dans un drap humide un enfant, puis à accompagner à plusieurs son réchauffement. «Après avis juridique, la Haute Autorité de santé a souhaité affirmer son opposition formelle à l’utilisation de cette pratique.» Là encore, c’est un coup d’arrêt à une démarche certes peu courante, mais symbolique, effectuée par des équipes de pédopsychiatrie, avec une «formation analytique». «C’est une déclaration de guerre, réagit fermement ce pédopsychiatre. Des réseaux influents ont réussi à durcir la dernière version du texte final de la HAS.» culpabilisés. La HAS savait, pourtant, que ses recommandations étaient attendues, l’autisme étant devenu, depuis quelques années, un champ de bataille. Des associations de parents, se sentant maltraités et culpabilisés à outrance, ont lancé une offensive. Avec pour seul objectif : casser tout lien entre autisme et psychiatrie. Dans son rapport, la Haute Autorité de santé a choisi. Reconnaissant que la quasi-totalité des prises en charge ne sont pas évaluées, elle a décidé néanmoins d’en exclure certaines. Quitte à mettre le feu dans un univers qui a pourtant sacrément besoin d’écoute et d’accompagnement. Par ERIC FAVEREAU

Thérapie Psychomotrice et Recherches-N°165

Dyspraxies?

Hyperactivité?

  • Perspectives critiques autour de notions polémiques

Le champ de la recherche en psychomotricité, dans son déploiement historique, a toujours pu trouver une assise fondamentale bien que complexe (voire polémique) dans l’étude de certains troubles ou affections que se proposait justement de prendre en charge l’approche psychomotrice. Dans ce contexte, le questionnement récurrent autour de l’identité professionnelle s’articule étroitement à l’objet même des prises en charges et des rééducations, faisant émerger de manière régulière certaines « figures » paradigmatiques qui cristallisaient débats et réflexions… Au travers des deux exemples que constituent l’hyperactivité et toute la sphère des TDAH ainsi que de la dyspraxie, nous souhaitions, dans ce nouveau numéro, générer un débat ouvert qui s’appuierait sur l’intérêt toujours actuel porté à ces troubles mais sans pour autant céder à la facilité d’un effet de mode ou à un quelconque hégémonisme théorique. Notre propos restera ici de pouvoir proposer dans une triple perspective épistémologique, clinique et théorique, la rencontre de propos croisés autour de ces sphères afin d’en souligner la complexité et d’éviter toute simplification réductrice, ce qui nous semble correspondre au mieux non seulement à l’exigence de toute forme de recherche scientifique mais aussi à la réalité du terrain et du travail quotidien des psychomotriciens. La pluralité des points de vue exposés pourra peut-être ici donner parfois des sentiments de confusion ou de contradiction mais ces derniers dessinent à notre sens l’espace nécessaire pour générer une réflexion singulière qui ne fasse pas l’économie de la complexité, afin de pouvoir se l’approprier au sein de sa propre expérience clinique. C’est dans cet état d’esprit que nous vous proposons tout d’abord non pas une mais deux interviews, afin de poser les bases du débat par le biais de propos croisés, autour de Michèle Mazeau et de Fabien Joly, professionnels et chercheurs ayant chacun travaillé à leur manière autour de ces questions et qui nous font part de leurs avis sur le sujet… Suivra ensuite un long texte de Daniel Courberand, issu d’un travail de recherche autour de la dyspraxie et qui nous montrera comment la pluralité des références qu’il utilise favorise la compréhension d’une problématique aux multiples visages. Le travail synthétique proposé par J.-M. Albaret, J. Marquet-Dorléac et R. Soppelsa, clairement situé dans une perspective neuropsychologique, permettra lui de donner un éclairage actualisé sur une des modalités de prise en charge des dyspraxies. Nous retrouverons ensuite Fabien Joly qui nous proposera dans son travail une réflexion touchant à la fois la problématique de l’hyperactivité et la dyspraxie en les resituant dans le contexte plus global des troubles instrumentaux et de leur analyse. Par la suite, Olivier Gorgy ouvrira lui sur une analyse approfondie autour de la différence entre TAC et dyspraxie afin d’éclairer certains enjeux terminologiques, proposant aussi de considérer le terme de résilience neuropsychomotrice pour comprendre d’une manière dynamique le développement des fonctions motrices. Enfin le travail de J.-M. Sartori relance la question des difficultés de diagnostic concernant la dyspraxie en l’envisageant à côté de l’immaturité praxique et montrant, grâce à l’aide de l’expérience clinique, comment l’utilisation des bilans et des évaluations doit s’effectuer de façon suffisamment éclairée pour éviter toute méprise. En périphérie de notre thématique, trois autres contributions viendront prendre place dans nos colonnes, avec tout d’abord un courrier adressé par Mireille Lauze sous la forme d’un billet d’humeur dont le contenu n’est pas sans lien avec les écrits précédents. Coralie Hublier, elle, nous fera partager, à partir de son expérience clinique avec des enfants autistes, la manière dont une référence culturelle (celle du « Petit prince » en l’occurrence) vient soutenir un travail de pensée sensible à propos de rencontres souvent déroutantes et énigmatiques. Aude Valentin-Lefranc, enfin, nous fera partager dans une perspective élargie, la manière dont la psychomotricité peut être pensée sous l’éclairage des sciences humaines et sociales, en soulignant de façon prometteuse son appartenance au « domaine du complexe ». En vous souhaitant bonne lecture à toutes et tous.

THERAPIE PSYCHOMOTRICE -et Recherches- N° 165

Sommaire N° 165 Dyspraxies ? Hyperactivité ? Perspectives critiques autour de notions polémiques Editorial – Par Jérôme BOUTINAUD p. 2 INTERVIEW de Michèle Mazeau – Par J. BOUTINAUD p. 4 INTERVIEW de Fabien Joly – Les troubles instrumentaux et l’hyperactivité : enjeux psychopathologiques, historiques et psychomoteurs Par J. BOUTINAUD p. 20 ARTICLES ORIGINAUX 01- Question de dyspraxie ou dyspraxie en question Par D. COURBERAND p. 28 02- Pertinence de la prise en charge psychomotrice de l’enfant porteur d’un Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) Par J. MARQUET-DOLEAC – R. SOPPELSA & J.-M. ALBARET p. 60 03- Tic, ta c, toc, ted et THADA : la fonction et le fonctionnement Par F. JOLY p. 72 04- TAC et dyspraxie : classifications, modèles théoriques et perspective neuroscientifique pour la compréhension de l’hétérogénéité des profils du trouble des coordinations motrices Par O. GORGY p. 98 05- Dyspraxie ou immaturité praxique ? La thérapie psychomotrice comme outil diagnostic Par J.-M. SARTORI p. 112 COURRIER DES LECTEURS 06- Information préoccupante Par M. LAUZE p. 122 HORS THEME 07- Le petit prince… Une allégorie de la rencontre en thérapie psychomotrice ? Par C. HUBLIER p. 124 08- Petit traité de réflexion sur la psychomotricité et la complexité à l’usage des honnêtes gens Par A. VALENTIN LEFRANC p. 132

Psychomotricien

Émergence et développement d’une profession

Auteur(s) : Denis GRABOT Nombre de pages : 280 pages Format : 16 x 24 cm Date de parution : 2004 – Couverture : Broché Illustrations : Noir et blanc et couleur Préface : François DUBET ISBN : 2-914513-54-2 – 30,00€ RÉSUMÉ L’auteur analyse la naissance et le développement de la profession de psychomotricien à partir de trois axes de recherches. Le premier fait appel à une démarche historique qui s’efforce de distinguer les étapes du processus de professionnalisation des reconstructions historico?romanesques. Des appels sont ainsi faits aux soubassements culturels et philosophiques de la société française. Le clivage du corps et de l’esprit, né du catholicisme et élevé par les philosophes, est positionné comme un déterminant de l’utilité des psychomotriciens, réconciliateurs de la psyché et du soma. Le cœur du processus de professionnalisation est décrit sous la forme d’un dialogue entre des entre preneurs individuels et l’Etat autour de l’utilité sociale de la compétence des psychomotriciens. Le deuxième axe qui organise l’ouvrage situe les psychomotriciens dans le dispositif de santé français. Minoritaires parmi les professions de santé mais reconnus, les psychomotriciens subissent les politiques de santé établies pour faire face à l’inflation de la consommation de soins. Une sociographie des psychomotriciens en exercice, établie à partir d’une vaste enquête par questionnaires, fait partie de cette description du groupe professionnel. Enfin, le troisième et dernier axe organisateur s’approche au plus près des psychomotriciens et de leur façon d’exercer le métier. Selon les méthodes mises en avant par les interactionnistes, nous nous immisçons dans la salle du psychomotricien pour le regarder faire avec des enfants ou des adultes. C’est l’occasion d’ap précier les synthèses théorico?cliniques des praticiens. Mais surtout de voir leur subjectivité à l’œuvre en particulier au moment de l’ajustement des théories et des savoir?faire au contexte institutionnel. Cet ouvrage s’adresse aux psychomotriciens en formation ou en activité ; aux professionnels de santé, enseignants et toutes personnes intéressées par la sociologie des professions de santé.

Jeu p’tite abeille

Le concept

Le jeu «P’tite abeille» s’inspire du jeu de l’oie en utilisant la relaxation créative comme outil de rencontre et d’échange entre différents joueurs. Le jeu permet à l’enfant de découvrir son identité, ses capacités de communication et progressivement de devenir autonome.

Les objectifs

Le jeu P’tite abeille vous permettra d’atteindre différents objectifs : – Rôle d’éveil en favorisant la présence à soi; – Acquisition de la notion de temps; – Ecoute mutuelle et tour de rôle : garants d’un travail sur l’importance de l’interaction dans la construction d’un véritable échange et la prise de conscience de la valeur de l’attention; – Exprimer ses sentiments et émotions : dans un contexte dédramatisant, celui du jeu rassurant par ses limites fixées au préalable; – Repérer les signaux d’alarme : tensions, bégayages, inquiétude, afin de réagir à temps en cherchant la détente psychomotrice; – Trouver en soi les capacités d’évolution et de restauration d’une communication libérée dans laquelle l’expression corporelle est un vecteur de la communication verbale.

Pour qui ?

Ce jeu s’adresse en priorité à une population d’enfants de 3 à 8 ans. Il peut être utilisé dans un cadre thérapeutique : – orthophonie, – psychomotricité, – psychothérapie – ou relaxation… et également dans un cadre familier : parents d’enfants en difficulté avec la parole…

QUI DONC A INVENTÉ LES MATHÉMATIQUES ?

Claire MELJAC Nouvelles Illustrations Alexandre MelcEditons du Petit ANAE – Pleiomedia Parution : juin 2011 – Prix public : 9,90 €

Claire Meljac, psychologue, docteur en psychologie, a eu la chance durant ses études de bénéficier de l’enseignement de Jean Piaget. C’est ce qui explique, en partie, son intérêt pour un secteur longtemps négligé par les psychologues : celui de l’apprentissage des mathématiques et des obstacles parfois rencontrés par les apprenants (enfants ou adultes). Sa thèse publiée sous le titre « Décrire, Agir et Compter », aux Presses Universitaires de France en 1979, et l’instrument psychologique qui en est le résultat (UDN 80, puis UDN-II) développent ce thème. Depuis lors, elle a présenté de nombreuses études consacrées à ce même sujet, seule ou en collaboration avec les meilleurs chercheurs. Elle conduit actuellement des recherches dans le cadre de l’Unité de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent, à l’Hôpital Sainte-Anne, à Paris.

L’Enfant dyspraxique

Mieux l’aider, à la maison et à l’école

Caroline Huron, Odile Jacob, 2011, 198 p., 21,90 Euros.

Il y a quelques années encore, peu de gens avaient entendu parler de la dyspraxie. Désormais elle fait partie de ces troubles « DYS » (comme dyslexie, dysphasie, dyscalculie…) – jusque-là ignorés, et qu’on découvre un peu partout. De quoi s’agit-il ? La dyspraxie est définie comme un « trouble de la coordination motrice d’origine développementale ». Ce trouble affecte donc les actions de l’enfant : sa façon de se déplacer, la saisie d’objet, l’écriture, les dessins. L’enfant dyspraxique est un enfant gauche, maladroit, qui se cogne partout, renverse son verre, fait tomber ce qu’il tient dans ses mains, a du mal à s’habiller et nouer ses lacets, et écrit très mal. A partir de quand distingue-t-on une dyspraxie du manque de coordination propre à tout apprentissage en cours ? Il n’y a pas de limite fixe : la frontière se situe quand le problème perturbe sérieusement la vie quotidienne. On comprend alors que ce trouble soit ignoré de beaucoup de parents et éducateurs, qui peuvent considérer certains défauts de coordination de l’enfant comme de la négligence. De ce point de vue la dyspraxie serait un « handicap invisible. » Les études – encore assez rares – situent la prévalence du trouble à 1,8 % de la population.
Le Docteur Caroline Huron, psychiatre, chercheur en sciences cognitives à l’Inserm, a rédigé un livre destiné à décrire, expliquer et présenter aux parents ce qu’est la dyspraxie et comment la prendre en charge. L’importance de la diagnostiquer réside dans le fait qu’elle peut générer des difficultés dans les exercices scolaires liés à l’écriture : un enfant dyspraxique a du mal à former des lettres correctes, mais ces difficultés graphiques génèrent parfois en chaîne des problèmes d’orthographe ou de mathématiques, dérivant de troubles de la « prise d’information graphique » et ne relevant donc pas de difficultés de compréhension. En pratique, l’utilisation d’un ordinateur plutôt que l’écriture manuelle permettra justement de limiter les troubles dérivés. Voilà un livre simple, clair et pratique (sur les démarches à accomplir pour que le trouble soit reconnu).
On regrettera cependant au passage quelques glissements étonnants. Dans le cas de la petite Nina présenté en préambule, la fillette n’a pas simplement des difficultés pour s’habiller ou tenir les objets, mais elle ne sait plus « où elle a posé son cartable à la maison » ou ne retrouve plus son stylo dans celui-ci : on est très loin d’une difficulté motrice ! Plus loin dans le livre on apprend que les enfants dyspraxiques sont particulièrement imaginatifs (?) et moralement supérieurs à la moyenne (ils auraient un sens de l’injustice plus aiguisé que les autres). Ces développements surprenants semblent pourtant à l’encontre de ce qui a été dit précédemment – à savoir que la dyspraxie est un trouble spécifique et non une personnalité globale différente. Ces glissements relèvent sans doute de la tendance à traiter les autistes, les « dys », les enfants à « haut potentiel » comme des personnalités à part, dont les différences sont à la fois un handicap mais aussi « une chance » (p. 95 ). S’ils souffrent d’être parfois mis à l’écart, leur différence en fait aussi des personnes « fantastiques ».« Dyspraxique mais fantastique » est d’ailleurs le nom de l’association des parents et amis de l’association des parents et amis des personnes dyspraxiques. On apprend d’ailleurs au cours du livre que l’auteure est elle-même mère d’une petite fille dyspraxique Manon. C’est pour elle et ses semblables qu’elle a créé un site, le « cartable fantastique de Manon », où sont présentés toute une série d’exercices utiles pour la progression des éléves dyspraxiques à l’école élémentaire.

ANOREXIE, BOULIMIE ET PSYCHOMOTRICITÉ

Odile GAUCHER HAMOUDI, Guy CARROT, Thierry FAURY
Ce livre s’adresse en priorité aux psychomotriciens, étudiants et professionnels intéressés par les troubles des conduites alimentaires. La description fouillée d’un bilan psychomoteur et des orientations de soin qui en découlent précisent de façon didactique le travail du psychomotricien au sein d’une équipe pluridisciplinaire.L’expérience d’un travail clinique partagé, en particulier avec des infirmiers, ouvre cette réflexion à d’autres professionnels qui peuvent utiliser les médiations corporelles.L’écriture est issue d’un partage clinique entre une psychomotricienne, un psychologue et un psychiatre travaillant ensemble dans l’unité des Troubles des Conduites Alimentaires du Centre Hospitalier Universitaire de Saint Etienne. Il se veut le reflet de l’accueil des patients anorexiques et boulimiques venant en soin avec leur propre sensibilité et leur histoire individuelle. L’approche pluridisciplinaire vient enrichir la compréhension de leur souffrance et les propositions soignantes faites en retour. Les références théoriques et les pratiques cliniques des auteurs sont guidées par un souci d’ouverture.C’est une réflexion sur la place des thérapies corporelles dans les processus psychiques. Guy CARROT, Médecin psychiatre responsable de l’Unité des Troubles des Conduites Alimentaires du CHU de Saint Etienne, est impliqué dans le réseau TCA Rhône-Alpin comme dans le réseau national de l’AFDAS-TCA (association pour le développement des approches spécialisées des troubles du comportement alimentaire).Thierry FAURY, Psychologue clinicien, psychanalyste, formateur/consultant et membre de l’Unité des Troubles des Conduites Alimentaires du CHU de Saint Etienne.Odile GAUCHER-HAMOUDI, Psychomotricienne dans l’Unité des Troubles des Conduites Alimentaires du CHU de Saint Etienne, Chargée de cours à l’Institut des Sciences et Techniques de la Réadaptation de Lyon, dans le département de Psychomotricité, membre actif de l’AFDAS-TCA, appartient au conseil d’administration de l’ARRCP (association de réflexion et de recherche clinique en psychomotricité de Lyon et sa région). Elle a déjà publié avec Marc Guiose « Soins palliatifs & psychomotricité » aux éditions Heures de France, en 2000.EAN/ISBN : 9782853853217 Nb de pages : 138 p Année : 2011 17.00 €

Vers l’évaluation des élèves « à risque » dès 5 ans

12 octobre 2011 Le dossier est explosif. Peut-on, dès la maternelle, repérer les enfants « à risque » et à « haut risque » ? Passer au crible les comportements et les apprentissages des élèves dès 5 ans ? L’idée devait être proposée par le ministère de l’éducation nationale aux inspecteurs reçus par petits groupes, rue de Grenelle, à compter du mercredi 12 octobre. Objet des réunions : l’éventuelle mise en place d’une évaluation de tous les élèves de grande section de maternelle. Un livret appelé « Aide à l’évaluation des acquis en fin d’école maternelle », que Le Monde s’est procuré, détaille précisément, en vingt-deux fiches, un protocole très normé. L’évaluation est prévue en trois phases. Entre novembre et décembre, une première phase dite de « repérage » : l’enseignant passerait au crible le comportement à l’école, le langage, la motricité et la « conscience phonologique » des élèves. La deuxième phase consisterait en un « entraînement progressif (…) avec les enfants repérés à risques lors de la phase1 ». Enfin, une étape bilan, entre mai et juin, permettrait de faire le point sur les acquis des élèves par des « séries d’épreuves collectives ou en petits groupes – d’une durée d’environ trente minutes par série ». CLASSEMENT DES ENFANTS EN TROIS CATÉGORIES Une partie du livret d’évaluation porte sur le « devenir élève ». Une façon politiquement correcte d’évoquer le comportement des enfants. L’enseignant devrait, entre autres, noter si l’élève « respecte les autres » et « contrôle ses émotions ». « L’enfant devenu élève agit de manière à respecter l’intégrité de toutes les personnes et de son environnement ; il ne les agresse pas, il a recours à la parole en cas de désaccord ou de conflit », peut-on lire dans le document. On n’est pas loin du bilan médical – et confidentiel – que les médecins faisaient passer aux enfants dans leur 6e année. Le protocole prévoit d’ailleurs d' »articuler le bilan de santé et l’évaluation des acquis ». Enfin, le vocabulaire choisi risque de faire grincer des dents, de même que le classement des enfants en trois catégories : « RAS » (pour « rien à signaler »), « risque » et « haut risque ». Le maître devrait remplir une « fiche élève » et une « fiche classe » reprenant les « scores » obtenus par les enfants aussi bien pour leur comportement que pour leur maîtrise du langage, leur motricité ou leur conscience des syllabes (phonologie). Ainsi, un enfant qui, à 5 ans, obtiendrait moins de 2 points en comportement à l’école serait classé « à haut risque ». Une approche qui n’est pas sans rappeler la proposition faite par le secrétaire d’Etat à la justice, Jean-Marie Bockel, en novembre 2010, de repérer les troubles du comportement dès 3 ans. Ou encore une expertise de l’Inserm, rendue publique en septembre 2005, qui pointait l’insuffisance du « dépistage du trouble des conduites » chez les enfants. « CELA RESTE UN CHOIX INDIVIDUEL » Le nouveau dispositif se présente comme un outil de lutte précoce contre l’échec scolaire. Pas sûr que l’argument convainque les organisations syndicales. L’évaluation en maternelle n’est pas tout à fait nouvelle, mais le dispositif actuel est facultatif : il s’agit d’une liste de fiches, proposées comme un outil que les enseignants utilisent ou non. « Cela reste un choix individuel », témoigne Laetitia Bordeau, 35 ans, professeure des écoles dans le Val-d’Oise. « Evidemment qu’en évaluant les élèves, on est aussi attentif à leur comportement, et ce dès la petite section de maternelle, l’idée étant de les préparer au mieux au CP, reconnaît-elle. Il faut aider l’enfant à devenir élève. Mais de là à le cataloguer… » Ce nouveau protocole d’évaluation pose, de fait, la question du rôle de l’école maternelle. « Les enseignants savent très bien identifier les enfants qui ont besoin d’un accompagnement particulier », estime Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA. « Ils n’ont nul besoin d’un dispositif inadapté qui va transformer la maternelle en structure de sélection, alors qu’elle n’a pas vocation à trier les élèves », s’insurge-t-il. Même constat, inquiet, de la part de Pierre Frackowiak, inspecteur honoraire de l’éducation nationale : « Tests en CE1, en CM2, et aujourd’hui en maternelle… L’évaluation gangrène tout le système. La place que la maternelle accordait au jeu, au plaisir quotidien, me semble aujourd’hui fortement menacée par ce type de procédé. » Dans le livret à destination des enseignants, il est précisé que « les taux nationaux de réussite seront calculés sur échantillon représentatif et diffusés pour permettre à chaque école de se situer par rapport à une valeur nationale ». Revoilà exactement ce dont les enseignants ne veulent pas : une possible publication des résultats école par école, donc un palmarès des meilleurs établissements dès la maternelle ! « En évaluant toutes les écoles, on crée un potentiel instrument de classement que quelqu’un finira bien par exploiter », craignait déjà Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT, à propos des évaluations mises en place à l’école élémentaire en 2008. MARCHE ARRIÈRE FACE AU TOLLÉ DES TESTS RENDUS PUBLICS Xavier Darcos, le prédécesseur de Luc Chatel au ministère de l’éducation nationale, avait annoncé, dans un premier temps, que les résultats des tests de français et de mathématiques en CM2 seraient rendus publics. Avant de faire marche arrière face au tollé de la profession. Cette intention, perçue comme une volonté de mise en concurrence des établissements, a suffi à discréditer toute la politique d’évaluation. Le 14 septembre, le Haut Conseil de l’éducation rendait un rapport assassin dans lequel il remettait en cause l’ensemble du système actuel d’évaluation. Il préconisait de « confier à une agence indépendante la mise en œuvre » des évaluations des acquis des élèves, estimant « essentiel que, dans notre démocratie, les données concernant les résultats de notre système éducatif soient objectives et transparentes, donc incontestables ». Un mois après cette salve, pas sûr que les inspecteurs de l’éducation nationale reçus au ministère accueillent favorablement l’hypothèse de nouvelles évaluations. Maryline Baumard, avec Mattea Battaglia et Aurélie Collas

Évaluation des élèves de maternelle : la sélection est en marche depuis 2008

LE PLUS. Fini les bons points ! Si votre enfant se débrouille bien, il aura droit à un badge « RAS ». S’il fait des bêtises, il n’ira pas au coin, mais sera classé « à risque » ou « à haut risque ». Ce nouveau système peut paraître choquant. Pourtant, explique Sophie Gourion, ces évaluations polémiquessont dans la continuité des tests existants.

> Par Sophie GourionRédactrice webEdité par Daphnée Leportois Auteur parrainé par Kabisu Kazadi

Le projet du gouvernement de mettre en place fin novembre une détection des enfants « à haut risque » dès l’âge de 5 ans a suscité un tollé dans le milieu éducatif. L’évaluation prévue en trois temps porterait sur quatre compétences : le comportement en classe, le langage, la motricité et la « conscience phonologique ». Selon le score obtenu, le dispositif prévoit un classement des élèves en trois catégories : « RAS » (rien à signaler), « à risque » et « à haut risque ». Rentrée des classes à Nantes, le 3 septembre 2009 (JS.EVRARD/SIPA) Rentrée des classes à Nantes, le 3 septembre 2009 (JS.EVRARD/SIPA) La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE, première fédération des parents d’élèves de l’enseignement public) a réagi immédiatement, « refusant catégoriquement tout classement ou fichage des élèves, qui plus est d’enfants de 5 ans« . Pour le syndicat enseignant Sgen-CFDT, ce projet est « à la fois absurde, contre-productif et pour tout dire un peu effrayant« . Le syndicat du primaire SNUipp a déclaré, quant à lui, que « la maternelle n’est pas une école de la compétition et du tri« , et a demandé aux enseignants de refuser « ce dispositif de marquage des élèves ». Les élèves de maternelle évalués depuis 2008 Pour autant, cette évaluation des élèves en grande section de maternelle est-elle une nouveauté ? Absolument pas, comme en atteste la circulaire n° 2008-155 du 24-11-2008 : « Un bilan des acquisitions de l’école maternelle, réalisé en référence aux programmes, est effectué en fin de grande section et joint au livret scolaire », et ce depuis 2008. Lorsqu’on consulte le site de l’Éducation nationale, on y trouve à cet effet un livret « d’aide à la validation des acquis en fin de maternelle », mis à la disposition des enseignants. Les tests destinés à mesurer les acquis y sont récapitulés et couvrent les domaines de compétences évalués par le projet du gouvernement : langage, maîtrise de la langue française, mathématiques et, le plus polémique, le comportement. Et la terminologie n’est pas sans rappeler le rapport de l’Inserm sur le « trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent » qui avait fait polémique en 2005 ! Les émotions ou la confiance en soi évalués comme au même titre que les compétences En effet, le « savoir-être » de l’élève y est évalué de façon très précise : « Il agit de manière à respecter l’intégrité de toutes les personnes de son environnement […] ; il ne les agresse pas […], il a recours à la parole en cas de désaccord ou de conflit. Il attend son tour, ne bouscule pas pour passer avant les autres. Il porte attention aux enfants les plus vulnérables, adapte son comportement avec eux, sait les aider si c’est nécessaire ou demander de l’aide pour eux à un adulte (enfants de la petite section, enfants en situation de handicap). Il utilise spontanément les formules habituelles de salutations (bonjour, au revoir) ou de courtoisie. » Plus étonnant, la confiance en soi et le contrôle des émotions sont également évalués ! « L’enfant peut se lancer dans une activité nouvelle sans appréhension majeure (il ne dit pas par avance qu’il n’y arrivera pas, qu’il ne saura pas ; il ne se réfugie pas dans l’inaction avec ou sans pleurs) […]. Il ne questionne pas en permanence le maître (ou un autre adulte) pour se rassurer. Il sait exprimer ses émotions (plaisir, peur, joie…) par le langage et/ou par des comportements pondérés : il ne s’exprime pas par des débordements qui perturbent les autres et la classe (cris, agitation désordonnée, agressivité envers autrui ou envers soi même), il ne se replie pas sur lui-même comme bloqué par l’incapacité d’avancer et de parler de ce qui lui fait problème. » Rentrée des classes à Nantes, le 3 septembre 2009 (JS.EVRARD/SIPA) Rentrée des classes à Nantes, le 3 septembre 2009 (JS.EVRARD/SIPA) Les nouveautés du projet de novembre 2011 Depuis 2008, les comportements et émotions d’élèves de 5 ans sont donc passés au crible et évalués sans que cela ne suscite grand émoi auprès des médias ou des fédérations de parents d’élèves. Où se situe donc la différence avec le projet du gouvernement ? Ce qui semble, à juste titre, avoir provoqué l’ire de l’opinion publique, c’est avant tout le vocable utilisé : « à risque », « à haut risque », « repérage », « entraînement », « épreuve individuelle », autant d’expressions militaires qui, ramenées à l’échelle d’un enfant de 5 ans fond froid dans le dos. Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire, a rapidement réagi à ce sujet en rappelant qu’il ne s’agissait que d’une ébauche destinée à être retravaillée. Les termes polémiques d' »entraînement » ou d’enfants à « risque » ne seraient que des traductions littérales de termes anglo-saxons issus de travaux de recherche ou d’études de l’OCDE sur la question, qui n’ont pas la même charge anxiogène dans leur langue d’origine. Autre différence notable avec les évaluations de 2008 : les scores et les seuils établis à partir d’un « échantillon représentatif d’élèves de grande section de maternelle ». Autrement dit, tout enfant dont les scores s’écarteraient de la « norme » pourra être considéré en situation d’échec scolaire. Et cela peut aller très vite puisqu’un enfant avec une note de 2 ou moins sur un total de 5 en comportement pourra être étiqueté « à haut risque ». Des tests qui rappellent, à juste titre, ceux réalisés en CP par les médecins scolaires. Le protocole prévoit d’ailleurs d’ »articuler le bilan de santé et l’évaluation des acquis. Cette « évaluationnite » ne se limitera pas aux élèves puisque le dispositif prévoit également de diffuser « le taux de réussite » de chaque école afin de lui permettre « de se situer par rapport à une valeur nationale ». Une mise en concurrence qui donnera sans doute lieu à un palmarès des écoles maternelles et qui contribuera à accentuer les écarts géographiques et sociaux. D’après une enquête de l’OCDE sur le bonheur à l’école, la France est classée 22e sur 25. Peur de ne pas bien répondre, angoisse de l’échec, les écoliers français sont loin d’être épanouis. La sélection par les notes seraient à l’origine de cette spirale négative d’après les signataires de l’appel de l’Afev et les conséquences de ce système sur les élèves en difficulté seraient désastreuses, « fissuration de l’estime de soi, absence de valorisation de leurs compétences, détérioration des relations familiales et à terme souffrance scolaire ». Dans ce contexte, la priorité ne serait-elle pas plutôt de redonner goût au savoir plutôt que de démultiplier les évaluations anxiogènes ? Il ne fait pas bon être écolier en 2011, une drôle d’époque où Picasso, Einstein ou Louis XIV auraient été classés « à haut risque » ! À lire sur le même sujet sur le Plus :Ficher les enfants à la maternelle : c’est de la discrimination, tout simplement

Troubles « dys » de l’enfant

Guide ressources pour les parents
Coll. « Varia »
Sandrine Broussouloux, Valérie Capuano-Delestre, Dr Pascale Gilbert, Dr Brigitte Lefeuvre, Fréderique Lefèvre, Dr Jeanne-Marie Urcun.
Multithématique, Santé mentale / Brochure
Cette brochure s’adresse aux parents d’un enfant chez qui un trouble cognitif vient d’être diagnostiqué (dyslexies, dysphasies, dyscalculies, dyspraxies, dysorthographies, troubles de l’attention…). Elle leur apporte des points de repères pour accompagner l’enfant dans sa scolarité et présente les différentes structures d’accueil et les professionnels du champ.
Téléchargement: enfant dys

Revue Evolutions Psychomotrices

Evolutions Psychomotrices est une revue éditée par la Fédération Européenne de Psychomotricité, en partenariat avec l’Organisation Internationale de Psychomotricité et de Relaxation (OIPR). Son comité éditorial se compose d’une équipe internationale de praticiens, de chercheurs et d’universitaires, ce qui lui permet de vous tenir informé des actualités concernant la profession de psychomotricien en France et à l’étranger. www.evolutions-psychomotrices.com

Psychomotricité, psychoses et autismes infantiles – 2ème édition

Jérôme Boutinaud Psychoses et autismes infantiles : deux types de pathologies complexes, deux formes graves de troubles de la personnalité. Comment briser la muraille autistique ? Comment aider l’enfant psychotique à sortir du chaos qu’il éprouve ? L’une des voies thérapeutiques nous vient de la psychomotricité, jeune discipline, née il y a une trentaine d’années, devenue aujourd’hui incontournable. Avec cet ouvrage, Jérôme Boutinaud nous montre de quelle façon la thérapie psychomotrice peut aider ces enfants en souffrance. Des angoisses de dévoration d’Alexandre, à l’enfermement autistique de Jocelyn ou à l’agitation incontrôlée de Yannick… l’auteur nous explique comment la prise en considération du corps peut faire évoluer des situations qui paraissaient bloquées. À travers l’écoute sensible du corps, la parole adressée à l’enfant, toutes sortes de jeux – notamment les jeux dans ou avec l’eau – c’est tout un langage qui est à réinventer, une démarche à construire, pour pouvoir entrer en contact avec ces enfants. Savoirs et savoir-faire sont constamment mobilisés dans ce métier qui réclame une attention continue, une écoute permanente du langage corpo-psychique. Cet engagement, cette implication totale dans son métier sont à chaque instant perceptibles sous la plume de Jérôme Boutinaud, qui nous fait partager son enthousiasme. Un livre passionnant dont l’intérêt est double : d’une part, comprendre les apports de la psychomotricité dans le travail avec des enfants atteints de psychoses ou d’autisme ; et, d’autre part, apporter des outils de réflexion et de travail sur la manière d’appréhender ces maladies. Jérôme Boutinaud est psychomotricien, psychologue clinicien, psychothérapeute, chargé d’enseignement à la faculté de psychologie de Strasbourg (ULP), co-rédacteur en chef de la revue Thérapie psychomotrice et recherches. 2ème édition : 2010 270 pages ISBN : 978-2-84835-201-5 22 €

Psychomotricité

André Calza, Maurice Contant Prèsentation: Toute perturbation du développement psychique va entraîner des troubles psychomoteurs qui pourront se révéler à différentes phases de la vie. La psychomotricité, en questionnant le mode de fonctionnement psychopathologique et en analysant les qualités de l’élaboration psychique, constitue une modalité thérapeutique à l’interface des sciences cognitives. Cet ouvrage expose la méthodologie et le cadre thérapeutique de toute praxis psychomotrice. Puis les particularités des troubles psychomoteurs et la clinique psychomotrice sont étudiées aux différents âges de la vie : le nourrisson, la dialectique psyché-soma ; l’enfant, de l’agi au représenté ; l’adolescent, le corps entre biologie et passion ; l’adulte, le corps, l’affect et la représentation ; la personne âgée, du comportement à l’acte imaginé. Cet abrégé, essentiellement orienté sur la clinique, constitue une bonne approche des troubles psychopathologiques et psychosomatiques, ainsi que des possibilités thérapeutiques apportées par la psychomotricité. Cette nouvelle édition apporte des éléments nouveaux sur l’hyperactivité infantile et sa prise en charge en psychomotricité. Elle propose également une nouvelle approche, originale, sur la relation mère-enfant par la psychomotricité.

  • Langue(s) de publication: Français
  • Marque/Éditeur: MASSON
  • Date de parution: 01/1970
  • ISBN: 9782294104480

Développement et examen psychomoteur de l’enfant

Huguette Bucher Prèsentation: En même temps qu’elle en décrit les différentes étapes, l’auteur définit les conditions d’environnement susceptibles de favoriser au cours de la première enfance le développement psychomoteur de l’enfant. Illustrant son propos d’exemples rencontrés, elle aborde en contrepoint, le terrain des carences, des erreurs et des maladresses susceptibles d’altérer, parfois gravement, ces divers processus. Une observation différente des troubles psychomoteurs et un autre regard sur la pratique des tests sont ensuite suggérés. Au travers d’une approche symptomatique qui se veut plus ouverte, plus libre, plus globale, elle nous apprend à reconnaître les diverses manifestations de ces troubles, à mieux comprendre leurs causes et leurs implications réciproques. Elle donne ensuite vie à son propos à travers dix cas d’enfants : immatures, inhibés, instables, dépressifs, atteints de troubles graves de la personnalité. Des pistes de réflexion, assorties d’exemples, sont ensuite données, concernant la compréhension et la prise en charge des troubles rencontrés, symptômes d’un « mal être » aux racines souvent profondes et anciennes auxquels sont forcément confrontés tous ceux qui, à titre professionnel, ou privé, ont affaire à des enfants en difficulté.

  • Nombre de pages: 224
  • Format (l x h): 135 x 210 mm
  • Langue(s) de publication: Français
  • Marque/Éditeur: MASSON
  • Date de parution: 08/2004
  • ISBN: 9782294013898

Le Cercle Psy-N°3

VIENT DE PARAITRE Le Cercle PsyN°3 Le Cercle Psy s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à la psychologie, professionnels, étudiants et grand public. Découvrez le dès aujourd’hui le-cercle-psy.fr

L’Aide-mémoire de psychomotricité

Collection: Psychothérapies, Dunod Juin 2011 – 2ème édition – 288 pages – 150×210 mm EAN13 : 9782100563043 – Prix TTC France 28 €
  • Les fondements : spécificités et ancrages de la psychomotricité.
  • Les troubles psychomoteurs : descriptions des principales indications de la psychomotricité.
  • Le bilan et la prise en charge : modalités de l’évaluation et différents types d’intervention en fonction des moments de la vie.
  • Le métier de psychomotricien : facteurs clés pour une insertion professionnelle réussie.

Pas de TV avant 3 ans

Pourquoi?

1.

Tout d’abord, nous savons aujourd’hui que le développement d’un jeune enfant passe par la motricité et la capacité d’interagir avec les objets qu’il rencontre. L’intelligence, à cet âge, est en effet sensorielle et motrice plus que conceptuelle ou imagée. Il est à craindre que le temps passé par l’enfant devant les programmes d’une chaîne pour bébés – qui rassurera les parents parce qu’elle est présentée comme fabriquée pour les tout-petits – ne l’éloigne des activités motrices, exploratoires et interhumaines, fondamentales pour son développement à cet âge.

2.

Nous savons aussi que l’enfant n’établit une relation satisfaisante au monde qui l’entoure que s’il peut se percevoir comme un agent de transformation de celui-ci. C’est ce qu’il fait quand il manipule de petits objets autour de lui. Il est à craindre que l’installation d’un tout-petit devant un écran ne réduise son sentiment de pouvoir agir sur le monde et ne l’enkyste dans un statut de spectateur du monde.

3.

Les parents peuvent être tentés d’utiliser la télévision comme moyen d’apaiser l’enfant, mais elle leur évite en réalité un travail éducatif sur lequel il pourrait s’appuyer pour grandir. Prenons deux exemples: Tous les parents savent comme le coucher d’un tout-petit est difficile: l’enfant rappelle, les parents y retournent, puis quittent sa chambre… pour revenir un peu plus tard, attirés par de nouveaux cris et finalement lui apprendre à s’endormir tout seul. Installer une télévision dans la chambre de leur enfant facilitera peut-être son endormissement, mais lui évitera d’affronter les angoisses de séparation qu’il trouvera tôt ou tard sur son chemin. Par ailleurs, l’enfant doit apprendre à faire face à l’absence, au vide, à l’ennui… c’est ce qui lui permettra plus tard de ne pas être dans une incessante avidité de consommation (achat inutiles, alcoolisme, partenaires kleenex…). Edulcorer la douleur de la frustration risque d’entraîner l’enfant dans une pseudo satisfaction par le biais d’objet externes qui ne l’apaiseront jamais car le manque est interne.

4.

En outre, le bébé précocement captivé par le rythme rapide des couleurs et des sons qui se succèdent surl’écran risque d’intérioriser ce rythme dans sapersonnalité en formation. Ainsi peut s’installerun cercle vicieux tragique dans lequel les parentsne voient plus d’autre solution, pour calmer unenfant, que de le placer devant un écran… où des images et des sons qui se succèdent à untrain d’enfer contribuent à accroître son instabilité. La télévision devient ce qui l’excite sans cesse selon un rythme toujours imposé par elle, et avec une intensité largement supérieure aux stimulations habituelles de la vie quotidienne. Elle devient un équivalent technologique de la relation pathogène, hyperstimulante et intrusive. D’un côté, les parents ont recours à la télé pour que leur enfant reste tranquille… et d’un autre, ce même enfant révèle une agitation croissante aussitôt que l’écran s’éteint.

5.

De nombreux travaux sur la relation mère enfant ont montré combien l’être humain est capable de s’accrocher aux éléments les plus présents de son environnement, dès les débuts de sa vie, et notamment à ceux dont il a l’impression qu’ils le regardent. Il est à craindre que les jeunes enfants ne développent une relation d’attachement aux modèles de la télé semblable à celle qu’ils ont avec les adultes qui les entourent. On voit combien l’argument qui consiste à dire que les chaînes pour jeunes enfants ne contiennent pas de publicité est fallacieux: tous leurs programmes constituent des supports publicitaires pour les produits dérivés que l’enfant demandera aussitôt qu’il les verra! Certains enfants pourront même établir une relation d’attachement aux écrans indépendamment de tout contenu. Ils ne se sentiront sécurisés que si l’un de ces fameux écrans est allumé près d’eux. Jusqu’à devenir, plus tard, des adolescents qui attendent une approbation de ce qu’ils pensent, ressentent, et sont… à des écrans.

Les dangers de la télé pour les bébés

Des chaînes pour bébés âgés de 6 mois à trois ans s’installent actuellement dans les foyers sous un argument éducatif. Le psychiatre Serge Tisseron soulève ici les questions qu’elles posent, notamment du point de vue de la santé mentale du tout petit. En détournant le bébé d’activités qui engagent ses cinq sens, l’écran ne risque-t-il pas de l’éloigner d’une conscience de son propre corps et de perturber son rapport à lui-même et aux autres ? Que deviennent les processus d’attachement et d’identification face à un écran ? Les héros des programmes pour enfants deviendront ils leurs tuteurs et leurs guides, notamment pour la consommation de produits dérivés ? Et entre l’enfant qui regarde beaucoup la télé et l’adolescent scotché devant ses jeux vidéo, existe-t-il une continuité ? Tous ces problèmes engagent la question de savoir quel type d’individus nous souhaitons pour la société de demain. Les professionnels de l’enfance ont un rôle majeur à jouer dans la réponse à leur apporter. Serge Tisseron est psychiatre et psychanalyste, directeur de recherches à l’Université Paris X. Il a notamment publié Virtuel mon amour, Ed Albin Michel

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http://www.yapaka.be/sites/yapaka.be/files/publication/TA-BB_TV_WEB.pdf

De la télé pour les bébés aux jeux vidéo pour les ados

Depuis leur lancement, la télé pour les bébés est au centre de nombreux débats. Les spécialistes de l’enfance tirent la sonnette d’alarme. Leurs conséquences sur les tout petits sont en effet en grande partie inconnues, et ce qu’on en sait n’est guère rassurant… Mais la fréquentation excessive des écrans dans la petite enfance pourrait bien aussi poser un autre problème : inviter le jeune enfant à développer des défenses privilégiées contre les angoisses qui l’assaillent en utilisant les possibilités des écrans. Or, à l’adolescence, les interactions précoces à travers lesquelles ont été posées les bases de la relation à soi-même et aux autres sont remises sur le métier, et les réponses trouvées à ce moment là réactivées. C’est là que ceux qui ont établie précocement une relation au monde centrée sur un écran risquent d’y chercher à nouveau la solution à leurs difficultés. C’est exactement ce que l’on observe chez les joueurs excessifs, voire dépendants. Ils sont en grande souffrance et cherchent à trouver dans les écrans les repères et la sécurité qui leur manquent. Ils tentent de s’y guérir. Le problème est qu’ils s’y isolent de plus en plus de façon dramatique.

Enregistrement de la conférence de Serge Tisseron:

http://www.yapaka.be/content/de-la-t%C3%A9l%C3%A9-pour-les-b%C3%A9b%C3%A9s-aux-jeux-vid%C3%A9o-pour-les-ados-enregistrement

Grandir avec la violence pour modèle

| 22.06.11 « Un enfant sur dix victime de harcèlement à l’école », « une fillette agressée au cutter par des CM2 », « massacré à coups de marteau par deux ados », « viol d’une mineure de 13 ans : trois ados de 12 à 14 ans interpellés ». On pourrait multiplier à l’infini ces exemples que relatent chaque jour nos médias. Pour expliquer cette violence, journalistes et experts évoquent le plus souvent, au choix, des prédispositions génétiques, le laxisme de parents démissionnaires, la philosophie libertaire née de Mai-68, la pauvreté, la déliquescence de l’école, les spécificités ethnoculturelles de certaines populations immigrées, etc. Curieusement, l’influence possible des images violentes n’est presque jamais soulignée. D’ailleurs, quand le sujet affleure, c’est toujours sur un air de déni. Dans son livre intitulé Les écrans ça rend accro (Hachette, 2007), le psychanalyste Michael Stora, nous explique alors que les images « ne sont que des révélateurs de pathologies déjà existantes » et que les contenus violents possèdent « une dimension cathartique, permettant au spectateur de se purger de ses pulsions agressives ». Depuis cinquante ans, aucun sujet n’a été étudié avec autant de constance par les scientifiques du monde entier que celui de l’influence des images etjeux vidéo violents. Dans une revue exhaustive, l’Académie américaine de pédiatrie a répertorié plus de 3 500 études pour la seule question de savoir si l’exposition à des contenus audiovisuels violents augmentait le niveau d’agressivité du spectateur. Seuls dix-huit travaux n’ont pas révélé d’influence. Tous les autres ont rapporté une association positive d’une magnitude équivalente à celle qui lie tabagisme actif et cancer du poumon. Pas une seule recherche n’a identifié d’effet cathartique, c’est-à-dire de diminution des comportements violents en présence d’images violentes. A la lumière de ces évidences on comprend aisément que l’Académie américaine de pédiatrie affirme aujourd’hui sans détour, en accord avec tous les spécialistes du domaine que « les évidences sont. maintenant claires et convaincantes : la violence dans les médias est l’un des facteurs causaux des agressions et de la violence réelle. En conséquence, les pédiatres et les parents doivent agir (…) Le débat devrait être terminé. »En pratique, les images violentes agissent à trois niveaux :

  • La désensibilisation à la souffrance d’autrui ;
  • L’augmentation des sentiments d’angoisse et d’insécurité ;
  • L’exacerbation de l’agressivité.

Les études montrent clairement que l’enfant finit, à force d’être abreuvé de contenus violents par intérioriser les normes qui lui sont présentées. Ce processus opère, pour une large part, de manière inconsciente. Cela explique sans doute les résultats de travaux récents montrant, contrairement à une idée fréquemment admise, qu’il ne suffit pas d’accompagner l’enfant en lui parlant (ce que très peu de parents font de toute façon) pour effacer les effets néfastes des contenus violents sur l’angoisse et l’agressivité. Il est sans doute important de rappeler à ce stade que les jeux vidéo ultraviolents destinés aux adultes sont largement utilisés par les enfants et les adolescents. De même, il est intéressant de répéter que les enfants de 4 à 14 ans passent deux heures et quart par jour devant la télé, dont une heure et cinquante minutes face à des programmes pour adultes joliment dénommés « tous publics ». Ce seul facteur télévisuel amène nos jeunes spectateurs à voir chaque année près de 1 800 meurtres et 9 000 actes violents. Dans la majorité des cas ces derniers apparaissent réalistes, moralement justifiés et dénués de conséquences judiciaires ou traumatiques. Comment penser sérieusement que ce déluge pourrait laisser indemne le cerveau d’un enfant ? Selon une étude récente, chaque heure de programmes violents consommée quotidiennement à 5 ans multiplie par plus de quatre la probabilité qu’un enfant présente des comportements violents et asociaux à10 ans. Plus généralement, une simulation publiée dans le prestigieux journal de l’association américaine de médecine avait permis de conclure que « si, hypothétiquement, la technologie télévisuelle n’avait jamais été développée, il y aurait aux Etats-Unis chaque année 10 000 homicides de moins, 70 000 viols de moins et 700 000 agressions avec blessures de moins ». Nous voilà loin d’un effet homéopathique. Ces données nous semblent d’autant plus indiscutables que nous constatons chaque jour leur validité sur le terrain thérapeutique. L’écrasante majorité des parents qui sollicitent une consultation pour leur enfant évoquent des troubles émotionnels, attentionnels et/ou comportementaux. Ils se disent alors dépassés par les accès d’angoisse, de violence, de rébellion, et/ou d’hyperactivité de leur géniture. Quand on creuse un peu on s’aperçoit souvent que celle-ci est exposée quotidiennement à un incroyable bain de contenus violents (jeux, journal télévisé, films, séries). De manière frappante, lorsque cette immersion est résorbée par un strict encadrement parental, on observe en quelques semaines une diminution substantielle de l’agitation, de l’anxiété, des accès de colère, des troubles du sommeil et des difficultés de concentration. Ce ne sont là certes, que des observations cliniques non quantifiées mais, encore une fois, elles corroborent parfaitement les conclusions des travaux les plus rigoureux de la littérature scientifique. Ainsi, l’influence délétère des jeux vidéo et programmes audiovisuels violents sur le comportement de l’enfant est aujourd’hui clairement établie. Bien sûr, cela ne signifie pas que la télé soit responsable de toute la violence du monde. Cela indique « simplement », en opposition avec un discours encore trop répandu, que télé et jeux vidéo violents jouent un rôle important dans la genèse de la violence qui frappe nos écoles et plus généralement nos sociétés. En agissant sur ces facteurs causaux, somme toute aisément accessibles, nous contribuerions à l’édification d’un monde significativement moins violent. Michel Desmurget, chercheur Inserm, Sabine Duflo, psychologue clinicienne, Bruno Harlé et Marie-Aude Geoffray, pédopsychiatres hospitalier. NDLR: illustrations rajoutées par nous et libres d’accès sur le net.

Le dessin et l’écriture dans l’acte clinique

De la trace au code . 2011, Éditeur : MASSON Coordonné par : Charlotte Marcilhacy À l’heure où nouvelles technologies et multimédias réinterrogent en profondeur le rapport du sujet à la trace, écrite ou dessinée, ce livre témoigne, à partir de nombreuses vignettes, de la richesse de ce matériau, de sa pertinence, et des enjeux réactualisés par son trait dans l’acte clinique. À travers des situations variées et complémentaires (évaluation, examen psychologique, consultation, psychothérapies à médiation corporelle, verbale, de groupe, etc.), des praticiens, enseignants et chercheurs dans le champ de la clinique, montrent comment l’outil graphique, support d’observation, d’élaboration psychique et d’interrelation thérapeutique, est susceptible d’accompagner et de soutenir leur pratique. Du sensori-moteur mis en acte dans les premiers tracés jusqu’à l’écriture verbale, en passant par le dessin figuratif, l’utilisation clinique de la trace, dans son rapport au corps, à l’image, au langage et à la symbolisation, redonne la pleine mesure au travail de subjectivation et à la relation transférentielle dans laquelle elle se tisse. Fondés sur l’expérience de cliniciens intervenant auprès d’enfants et d’adolescents, tous les thèmes abordés (graphothérapie, squiggle winnicottien, etc.) enrichissent la démarche de soin. En articulant théorie, clinique et technique, cet ouvrage offre une meilleure compréhension de ces instruments que sont le dessin et l’écriture. Ce livre s’adresse à des psychologues, thérapeutes et étudiants, ainsi qu’à tout professionnel intéressé par l’approche clinique et thérapeutique de l’enfant et de l’adolescent à travers la médiation graphique. I – Le dessin : instrument projectif, de médiation et communicationnel. 1. Stades graphiques, stades de la représentation du personnage chez l’enfant et différences filles/garçons. 2. Réflexions autour de l’utilisation du dessin dans l’examen psychologique. 3. Mouvement / trace / dessin : le sillon de la symbolisation. 4. L’enfant, le dessin et le transfert. 5. Un jeu de dessin et d’histoire. 6. Dessins d’enfant et pédopsychiatrie de liaison. 7. L’approche transculturelle des dessins d’enfants : quelques considérations de méthode. II – De la trace à l’écriture : perspectives cliniques. 8. L’écriture : une inscription qui noue le langage au corps. 9. Jeux trace. Je trace puis j’écris. 10. La graphomotricité : tonus, traces, expression gestuelle graphique. 11. Quand Calvin et Hobbes bousculent les enfants  » dysharmoniques « . 12. Place du dessin et de l’écriture dans les investissements de l’enfant . 13. L’espace d’écriture : de l’expression à la symbolisation. FICHE TECHNIQUE : ISBN : 978-2-294-70425-3 Date de parution : 5/2011 Format (l x h) : 145 x 225 mm Référence : 470425 Nombre de pages : 256

Revue Thérapie Psychomotrice -et Recherches-

Travailler avec les familles

Bien que le patient reste toujours le pivot central de l’organisation des soins et des prises en charge, les psychomotriciens, dans les dispositifs qu’ils mettent en oeuvre, sont depuis déjà bien longtemps restés attentifs et vigilants à prendre en compte l’environnement familial des personnes qu’ils accueillent. La très délicate articulation entre la nécessaire intimité d’une rencontre entre deux protagonistes (patient et soignant) et l’ouverture vers l’espace tiers constitué par la famille amène parfois les psychomotriciens à effectuer un grand écart des plus inconfortables. Ce dernier s’interroge alors sur la place à accorder aux familles dans le dispositif psychomoteur, de l’invitation directe à participer aux séances (prises en charge dites conjointes) à une délimitation plus marquée d’un travail familial mené en périphérie et dans un autre espace institutionnel, les réponses possibles sont nombreuses et diverses. Dans ce numéro consacré sur le travail avec les familles, les auteurs nous font partager leurs pratiques et réflexions en la matière et nous aident à penser la délicate question de la place des familles dans le dispositif de soin en psychomotricité : Dans son article, Marie Pierre DELAYE-DELAJOUD expose une approche novatrice d’un travail d’accueil de jeunes patients et de leur famille. En permettant l’accès au CMP dans un délai raisonnable et sur une durée limitée, ce travail en groupe a pour principal objectif d’éviter l’enkystement de certaine situation autour d’une conduite faisant symptôme mais également de mettre en travail la demande parentale. En tant que psychologue d’orientation psychanalytique, Marie-Claire DENECHEAU-BIASSE apporte son éclairage sur la souffrance psychique que peut engendrer le handicap dans la cellule familiale et les remaniements psychologiques qui en découlent. Dans la rubrique « Témoignages », Sylvie DIDES, psychomotricienne, nous fait part de son expérience personnelle autour du jeu avec son frère autiste et de l’articulation faite avec sa profession. De part son expérience singulière, Sylvie DIDES s’est intéressée plus particulièrement au travail avec les fratries. Dans le cadre de ce numéro, elle s’entretient également avec le Professeur Régine Scelles, psychologue clinicienne dans un service de soins et d’éducation spécialisée à domicile qui a écrit de nombreux livres sur le thème de la fratrie et dont le dernier ouvrage paru aux éditions L’Harmattan s’intitule « Fratrie et Handicap, Ressource et Traumatisme de l’enfance à l’âge adulte ». Nicolas RAYNAL, psychomotricien, nous expose l’intérêt d’impliquer les parents d’enfants accueillis en libéral dans la prise en charge psychomotrice. Pour cela, il nous démontre l’importance de la restitution du bilan. Ce dernier permet, entre autres, aux parents de s’approprier réellement la demande initiale souvent initiée par quelqu’un d’extérieur, mais également de comprendre les moyens mise en place par le psychomotricien pour élaborer le projet thérapeutique. Dans son article, Anne LUGI-DUGGAN, Psychologue clinicienne que les psychomotriciens connaissent bien, relate l’intérêt d’utiliser « l’eau » comme médiateur afin d’aider les parents à sortir de l’état de sidération engendré par l’annonce du handicap de leur enfant. Sophie MERO, psychologue clinicienne, et Nelly THOMAS, psychomotricienne, ont allié leur savoir faire et compétences afin d’élaborer un dispositif d’accompagnement de suivi postsortie dont le but est de croiser les regards et les pratiques autour de la mère et du bébé. En proposant des séances conjointes incluant un travail au tapis avec le tout petit, leur objectif est de permettre un meilleur ajustement de la relation mère-bébé et ainsi d’aider les parents à sortir du cadre de la prématurité pour s’inscrire dans celui de la parentalité. Enfin, nous terminerons ce numéro par la publication intégrale des deuxièmes journées d’étude psychomotrices qui se sont déroulées à Lyon sur le thème des processus de représentation à l’épreuve du handicap. Nous remercions les organisateurs et intervenants de ces journées pour la qualité de leurs travaux. La revue Thérapie Psychomotrice -et Recherches- souhaite ainsi continuer à soutenir en les publiant les travaux des associations de terrain qui oeuvrent à l’élaboration des pratiques psychomotrices. Les associations de psychomotriciens, font un travail remarquable, souvent méconnu du plus grand nombre car limité géographiquement. Il serait souhaitable que le fruit de ce travail de terrain ne reste pas « littérature grise » enfermée dans des placards mais profite à l’ensemble de la profession. Nous tenons, également, à remercier chaleureusement les enfants ayant réalisé les dessins qui illustrent la revue. Bonne lecture Sommaire N° 164 Travailler avec les familles Editorial – Par M. RODRIGUEZ et E. GUERRIER p. 2 INTERVIEW du Pr. Régine Scelles – Par S. DIDES p. 4 Articles originaux 01-Handicap de l’enfant et accompagnement psychologique des parents – Par M.-C. DENECHEAU – BIASSE p. 10 02-Entre inquiétante étrangeté et illusion féconde, Médiation aquatique avec des familles dont les enfants sont nés porteurs de handicaps – Par A. DUGGAN p. 22 03-Entre actes – Groupe d’accueil parents enfants – Par M. P. DELAYE-DELAJOUD p. 34 04-Quelques intérêts de la restitution du bilan psychomoteur aux parents d’enfants accueillis en libéral – Par N. RAYNAL p. 48 05-Mère et bébé prématuré : regards croisés autour de la sortie « Travail au tapis » – Par S. MERO et N. THOMAS p. 58 Témoignages 06-Une expérience psychomotrice singulière jouer avec mon frère autiste – Par S. DIDES p. 70 Deuxième journée d’études psychomotrices – Lyon Introduction de la journée p. 82 07-La petite sirène. D’une figure du monstre à un espace de rêverie dans le soin psychomoteur – Par G. MUNOZ p. 84 08-Solène : enfant flaque, siamois ou ficelle, les images mentales du psychomotricien à l’épreuve dans le soin psychomoteur – Par C. FAIVRE-MOTTET p. 94 09-Histoire à trous, histoire à trois. Ou comment le dispositif de soin vient étayer la rencontre – Par B. GAUD et N. VIGNON p. 106 10-Du mythe à la théorie, des rêves au secours de la rencontre. Anthropologie et psychanalyse de l’infirmité – Par O. R GRIM p. 120 Clôture de la journée. La figure du monstre : pour prendre figure humaine – Par J. J. ROSSELLO p. 132

Les Rêves dansants

sur les pas de Pina Bausch

Les Rêves dansants. Sur les pas de Pina Bausch n’est pas une biographie de la chorégraphe allemande décédée en 2009. C’est bien plus. La preuve.

Un projet. En 2001, Pina Bausch a mis en scène Kontakthof avec des sexagénaires, une oeuvre évoquant un lieu de rencontres pour hommes et femmes. En 2008, elle en imagine une nouvelle version, avec des ados cette fois. Un documentaire. Des premiers essais au lever de rideau, le film montre comment ces jeunes gens maladroits vont prendre conscience de leur corps et de celui des autres. Un souvenir.Si les répétitions sont dirigées par deux danseuses de sa compagnie – Jo Ann Endicott et Bénédicte Billiet – Pina Bausch apparaît pour mettre au point les détails. Des moments rares en forme d’héritage d’une immense artiste aux générations futures.

Pina

Date de sortie cinéma : 6 avril 2011 Synopsis : PINA est un film pour Pina Bausch de Wim Wenders. C’est un film dansé en 3D, porté par l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal et l’art singulier de sa chorégraphe disparue à l’été 2009. Ses images nous convient à un voyage au cœur d’une nouvelle dimension, d’abord sur la scène de ce légendaire Ensemble, puis hors du théâtre, avec les danseurs, dans la ville de Wuppertal et ses environs – cet endroit dont Pina Bausch a fait son port d’attache durant 35 ans et où elle a puisé sa force créatrice. « Dansez, dansez…Sinon nous sommes perdus »Pina Bausch

A.N.A.E. N° 115

Autisme et troubles des apprentissages

coordonné par le Pr Jean-Louis Adrien ( Université Paris-Descartes) Vol 23 – tome V – décembre 2011 Troubles du spectre autistique et troubles d’apprentissage Identification précoce et accompagnement de l’enfance à l’âge adulte L’autisme est un trouble envahissant du développement qui se manifeste de façon différente et singulière chez les personnes qui en sont atteintes. Mais toutes ces personnes ont des troubles d’apprentissages, évidemment dans les secteurs qui caractérisent principalement cette pathologie, la communication et les fonctions qui la sous-tendent tels que l’attention conjointe et le jeu symbolique, l’empathie, la théorie de l’esprit et les fonctions exécutives, mais aussi dans les domaines de l’autonomie, de la socialisation et de la cognition nécessaire aux acquisitions scolaireset à l’exercice d’une activité professionnelle. Si l’autisme est un trouble précoce car présent dès la naissance, la difficulté d’apprendre est elle aussi précoce : apprendre à regarder dans les yeux, à imiter un sourire, un geste, à s’orienter dans la direction d’une main pointée vers un objet, à porter attention à quelque chose en même temps qu’une autre personne. Et cette difficulté d’apprendre dure toute la vie. Apprendre à l’école pour savoir lire, écrire, compter et communiquer avec les camarades dans les différents lieux de vie et de rencontre ; apprendre un métier et apprendre à réellement travailler. Chaque instant doit être consacré à aider la personne avec autisme à apprendre. Chaque instant doit être consacré à l’accompagnement aux apprentissages de la vie sociale et cognitive. Et les familles le savent mieux que quiconque, elles, dont l’activité d’accompagnement est continue. C’est pourquoi, ces apprentissages difficiles à faire et à maintenir tout au long de la vie doivent être identifiés et repérés très tôt (articles de Julie Brisson, Josette Serres et Jean-Louis Adrien ; de Rutger Van Der Gaag ; de Herbert Roeyers) ou au moment où ils sont sollicités, comme ceux relatifs aux activités physiques et sportives (article de Jean-Paul Moretton et Éric Dugas). Ces apprentissages doivent être soutenus et accompagnés au moyen de programmes d’intervention développementale écologique, à l’école et en entreprise (article de Maria Pilar Gattegno, Nathalie Abenhaîm et Marion Wolff), programmes qui sont indiqués grâce à un dépistage systématique des particularités et des dysfonctionnements des jeunes enfants (article de Sophie Baduel et Bernadette Rogé) et qui sont nécessairement précoces (article de Carmen Dionne) et qui soient au mieux suivis et personnalisés et centrés sur les troubles de la régulation de fonctions sociocognitives comme l‘attention conjointe (article de Brigitte Pérès-Al Halaby et Jean-Louis Adrien). Ces travaux ont fait l‘objet de présentation lors d’un Congrès International « Troubles du spectre autistique et troubles d’apprentissage. Identification précoce et accompagnement de l’enfant à l’âge adulte » organisé par la Licence professionnelle « Accompagnant de personnes avec autisme et troubles apparentés » et le Laboratoire de Psychopathologie et Processus de santé (LPPS, EA 4057) de l’Institut de Psychologie de l’université Paris Descartes, avec les soutiens du Groupe THALES, de l’ARAPI, de l’UNAPEI et de la Galerie Daniel Malingue (Paris). Jean-Louis ADRIEN I – Identification des troubles du spectre autistique et des troubles des apprentissages La recherche clinique, médicale et psychologique a permis de franchir, ces dernières années, des étapes décisives dans le repérage des troubles autistiques avant deux ans, dans la compréhension de ces pathologies et dans le ciblage des interventions. Les travaux originaux présentés lors de cette matinée mettent l’accent sur la pertinence de la détection le plus tôt possible ainsi que sur les bienfaits des entrainements en individuel et en groupe pour la communication et l’insertion. L’analyse de films familiaux met en évidence des trajectoires particulières d’interaction précoce « mère-bébé », le bébé paraissant dès le premier semestre peu apte à initier et soutenir des échanges synchronisés avec son partenaire adulte. Ces observations de dysfonctionnements très précoces ouvrent des pistes pour l’identification de « marqueurs » comportementaux dont il faudra vérifier la spécificité avant 6 mois. L’une des fonctions pivots est l’attention conjointe, prérequis essentiel à la communication et au langage. Cette fonction a fait l’objet d’études « dynamiques » chez de très jeunes enfants avec autisme et chez des enfants à risque (les frères et soeurs). Des perspectives d’intervention se sont dégagées. Une vaste étude de Santé Publique aux Pays-Bas ( SOSO et DIANE) montre que détection précoce, motivation pour le bilan de l’enfant et l’intervention ainsi que la qualité de vie sont liées. La pratique de l’exercice physique en groupe est facteur de socialisation. L’impact de pratiques sportives sur la progression personnelle mais aussi sur l’inclusion sociale est mesurable. Il n’est pas forcément durable si la pratique de sport collectif n’est pas maintenue. Les spécialistes réunis pour cette journée scientifique vont contribuer à éclairer nos hypothèses de recherche et nos pratiques. Dans cet amphithéâtre rempli de jeunes, étudiants et praticiens, l’heure est aux échanges de savoir et de savoir-faire pour une actualisation voire, dans notre pays, une transformation des pratiques auprès des personnes avec autisme, petits et grands. Pr Catherine BARTHÉLÉMY Pédopsychiatrie II– Accompagnements des personnes avec des troubles du spectre autistique et des troubles des apprentissages De façon délibérée, j’ai pris le risque d’introduire cette rubrique en interrogeant un certain nombre d’évidences et en ouvrant ainsi le débat. Comme le suggère l’intitulé, l’accompagnement aujourd’hui est « pluriel ». Nous assistons en effet à une diffusion du concept et à une prolifération des pratiques d’accompagnement dans tous les secteurs de l’activité sociale, et notamment dans le champ du handicap. Dans ce domaine, elle concerne aussi bien les pratiques éducatives et pédagogiques que les pratiques thérapeutiques, psychologiques et sociales. Il s’agit d’une pratique multiforme qui interroge, car elle risque d’avoir pour effet un amalgame de tâches et de rôles jusqu’à présent bien différenciés. Ce rassemblement sous une même appellation n’est pas sans poser problème, d’autant plus que cette pratique vise non seulement les personnes dites « handicapées » mais aussi leurs familles et parfois même certains professionnels, comme les enseignants1. Mettre ainsi les enseignants dans la même position que l’enfant et sa famille comme devant être « accompagnés » par des professionnels experts n’est certainement pas une solution. Ce sont d’ailleurs les seuls professionnels placés dans cette situation, ce qui nous laisse perplexe… Cette pratique ne peut se justifier que par rapport à la personne handicapée (de l’enfance à l’âge adulte). Est-elle bien pertinente pour l’enseignant, voire pour la famille ? Si cette pratique rencontre aujourd’hui une telle adhésion c’est qu’elle se définit par rapport à une autre pratique qui fait office de repoussoir. Elle sert à dire ce que l’on ne veut plus cautionner, ce qui est devenu obsolète ou dépassé : la « prise en charge ». Outre que cette dernière pratique considère la personne aidée comme un « objet », elle suggère l’idée de « poids » et de « pénibilité ». L’accompagnement s’inscrit donc en rupture ou du moins en contraste par rapport à des pratiques antérieures, encore existantes, en se recommandant de l’éthique. Désormais à travers l’accompagnement de la personne avec handicap, en cheminant à ses côtés, dans une relation moins dissymétrique, plus soucieuse de l’échange et du partage, il s’agit de l’appréhender dans sa globalité, avec son projet de vie, sa personnalité, en prenant en compte ses aspirations, ses besoins mais aussi ses compétences propres. Ainsi dans cette pratique d’accompagnement est privilégiée la démarche d’individualisation ou de personnalisation, avec une préoccupation éthique de respect de la personne et dans un souci de « prendre en compte » et non plus de « prendre en charge » ses besoins particuliers. Malgré son utilisation parfois abusive la notion d’accompagnement marque un progrès dans le regard porté sur la personne handicapée. En contraste avec cette notion, la référence aux « troubles » (du spectre autistique et des apprentissages) contenue dans l’intitulé de cette rubrique ne doit pas nous faire oublier la personne avec ses compétences propres et son potentiel de développement. Le risque de se centrer exclusivement sur les difficultés liées à une pathologie spécifique est toujours présent. Il peut mettre en contradiction avec la logique de l’accompagnement et celle du respect de la personne. Avant de se centrer sur les troubles autistiques, il s’agit de « prendre en compte » la personne et d’être attentif autant à l’expression de ses compétences propres qu’à celle de ses difficultés. De même la notion de « programme » invoqué plusieurs fois dans les intitulés des articles proposés nous questionne. Elle est à manier avec précaution. Autant il est important d’anticiper une démarche éducative ou thérapeutique, autant il convient de ne pas s’y enfermer en laissant place à l’imprévu de la situation et de ses manifestations. E. Morin dans son approche de la « complexité » nous rappelle que les réalisations ne se passent jamais comme prévu, ce qui nous incite à prendre en compte les aléas de la situation et à s’y ajuster. Aléas n’est pas à prendre ici seulement au sens de « difficultés », mais aussi d’opportunités à saisir. Pour ce faire, il nous propose la notion de « stratégie ». Cette dernière « ne désigne pas un programme prédéterminé qu’il suffit d’appliquer ne varie dans le temps. La stratégie permet, à partir d’une décision initiale, d’envisager un certain nombre de scénarios qui pourront être modifiés selon les informations qui vont arriver en cours d’action et selon les aléas qui vont survenir et perturber l’action. »2 Mais le hasard n’est pas simplement un facteur de perturbation. « La stratégie ne se borne pas à lutter contre le hasard, elle essaie aussi de l’utiliser », car il « est aussi la chance à saisir ». La stratégie, tout en s’appuyant sur des programmes virtuels à réaliser, se prépare à saisir toutes les « occasions » pour les adapter ou à les enrichir. Pour C. Castoriadis, « le programme n’est qu’une figure fragmentaire et provisoire du projet »3. S’il en est ainsi, selon la nature du projet, le programme est un moyen au service d’une visée thérapeutique, psychologique, éducative ou pédagogique… Un autre aspect déterminant de cet accompagnement concerne les apprentissages scolaires et la formation professionnelle de ces jeunes, qui renvoient à l’accompagnement pédagogique des enseignants. Autant dire que pour accompagner efficacement dans ce domaine, il ne suffit pas d’être compétent dans le domaine de la compréhension des troubles autistiques, il convient aussi d’avoir des compétences pointues dans les domaines disciplinaire, didactique et pédagogique. Les enseignants, de la maternelle au lycée professionnel, ont alors un rôle déterminant à jouer dans l’accompagnement de ces jeunes. S’il est nécessaire de se préoccuper du dépistage et de l’accompagnement précoce, il ne s’agit là que du début d’un long chemin à parcourir… Il est tout aussi important de développer les accompagnements de la scolarité et de la formation professionnelle de ces personnes, ce qui suppose un engagement important des professionnels de l’éducation. En effet même si l’élève doit bénéficier de l’aide de professionnels spécialisés, rien ne peut remplacer le rôle des enseignants dans ce domaine. Un effort de formation et de sensibilisation de ces professionnels de l’éducation constitue donc un enjeu important pour le devenir de ces jeunes avec autisme. Ils s’inséreront d’autant mieux dans notre société qu’ils auront été accueillis par des enseignants compétents et volontaires qui, seuls, peuvent leur apporter les connaissances et les compétences nécessaires. Ce chantier n’a pas encore été vraiment ouvert, mais la loi du 11 février 2005 l’autorise désormais, dans la mesure où la scolarisation et la formation ont été posées comme des droits communs. Ce n’est plus de nos jours aux personnes avec handicap à s’adapter au milieu d’accueil à l’aide de professionnels spécialisés, ce qui correspondait à la logique de l’ « intégration » inhérente à la loi précédente de 1975. Selon la logique nouvelle de l’ « inclusion », c’est désormais au milieu d’accueil, avec ses professionnels ordinaires, de s’adapter et de répondre aux besoins particuliers de ces personnes. Il s’agit d’une véritable « révolution culturelle » dont nous sommes loin d’avoir mesuré tous les effets et les implications. C. PHILIP Maître de conférences et responsable de formation à l’INS HEA 1 Cf. la circulaire interministérielle n° 2005-124 du 8-3-2005 sur la politique de prise en charge des personnes atteintes d’autisme et de troubles envahissants du développement qui, dans sa deuxième partie, propose un paragraphe intitulé : « Apporter une éducation adaptée et favoriser la scolarisation en milieu ordinaire en assurant l’accompagnement des enfants, de leur famille et des enseignants ». 2 Introduction à la pensée complexe. Éd. ESF, Paris,1990, p.106. 3 L’institution imaginaire de la société. Éd. du Seuil, Paris, 1975, p.107 Egalement dans ce numéro : Éditorial Mesurer l’être humain est-il éthique ? J. GREGOIRE

Varia

Rééducation morphosyntaxique : les orthophonistes utilisent-ils les bonnes représentations ? De la théorie psycholinguistique en amont de la pratique clinique. J. A. RONDAL Sensibilité et spécificité du CHildhood EXecutive functioning Inventory (CHEXI) chez des enfants avec troubles attentionnels. C. CATALE, C. LEJEUNE, S. MERBAH, T. MEULEMANS Effets de dispositifs pédagogiques bilingues sur le développement langagier et la réussite scolaire à l’école primaire. I. NOCUS, J. VERNAUDON, P. GUIMARD, M. PAIA, A. FLORIN Le Cahier pratique d’ANAE APPEL À COMMUNICATIONS L’orientation professionnelle des adolescents en difficulté d’apprentissage Tests – Entretien semi-structuré Kiddie-SAD-PL Schedule For Affective Disorders and Schizophrenia for School Age Children Present and Life Time Version. R. ZEBDI, L.VANNETZEL, D. PETOT Analyse de livre « L’examen psychologique de l’enfant et l’utilisation des mesures. Conférence de Consensus » Y. HATWELL Livres Agenda 2012 Commander le N° 115 S’abonner à ANAE en 2011en 2012 www.anae-revue.com

A.N.A.E. N° 114

L’enfant souffrant du TDA/H : des modèles théoriques à l’intervention

Numéro coordonné par le Pr Isabelle Roskam (UCL, Louvain)

A.N.A.E. N°112 /113

Développement du jeune enfant-Apports de la recherche

N° coordonné par le Pr P. GUIMARD (Université de Nantes)

A.N.A.E. N° 111

La Dyspraxie

dirigé par le Dr Sibylle Gonzalez-Monge (Lyon)

Clinique de l’image du corps

Collection: Psychothérapies, Dunod 2011 – 240 pages – 155×240 mm EAN13 : 9782100550258 – Prix TTC France 24 € L’image du corps est la représentation psychique du corps. Née de la psychanalyse, cette notion est aujourd’hui au centre de la problématique psychomotrice et plus généralement psychothérapeutique. L’image du corps se met en place dès les débuts de la vie, en parallèle au développement somatique. Cette image se trouve figée dans le cadre de certaines maladies psychiatriques. L’auteur élabore une conceptualisation de l’image du corps à partir des théories psychanalytiques et des données de la neurophysiologie sensorielle. Cet ouvrage est le premier à faire la synthèse des connaissances actuelles sur l’image du corps et ses applications pratiques en psychopathologie. Sommaire Le concept d’image du corps. Définitions. Références théoriques. Différents points de vue. Les sous-composantes de l‘image composite du corps. La continuité d’existence. L’identité. Identité sexuée. La peau dans l’image du corps. L’intérieur du corps. Le tonus. La sensibilité somato-viscérale. Les compétences communicationnelles du corps. Les angoisses corporelles archaïques. Vers une compréhension psychomotrice du morcellement. Evaluation et outils thérapeutiques. Vers un bilan psychomoteur de l’image du corps. Prise de conscience du corps et des affects. Pour aller plus loin. Biographie des auteurs Eric W. Pireyre – Psychomotricien. Il travaille en pédopsychiatrie et enseigne la psychomotricité à l’ISRP (Paris). Il a exercé également en service de néonatologie.

Revue THERAPIE PSYCHOMOTRICE-et recherches

Le Groupe en Psychomotricité

Décliné sous de nombreuses formes, soutenu par l’usage des médiations, trop idéalisé ou alors voué aux gémonies, pensé dans ses implications ou alors mis en place de façon par trop approximative, le dispositif groupal a toujours été entouré d’une aura particulière source de multiples questionnements. Des interrogations concernant les indications aux processus qui sous-tendent son déploiement, des éléments matériels du cadre au positionnement des thérapeutes qui en sont les garants, la réflexion reste toujours aussi vive à propos de ce dispositif particulier qui fascine et déroute et dont la potentialité soignante est tout aussi intuitivement perceptible que les effets désorganisateurs et mortifères dont il pourrait être la source… La place que sont venus y tenir les différents médiums et approches technicisées, pensés dans le contexte de la thérapeutique, a rapidement permis d’ouvrir des passerelles d’une façon pourrait-on dire naturelle avec le champ de la psychomotricité. Les psychomotriciens ont alors été invités à penser et à utiliser le groupe, le plus souvent dans des contextes institutionnels qui constituaient déjà une enveloppe groupale évidente dans le rapproché assumé qu’elle autorise entre soignants et soignés. Mais les liens entre thérapie psychomotrice et groupalité, s’ils paraissent parfois évidents, engagent cependant à une réflexion à de multiples niveaux ce qui n’est pas sans complexifier ces ramifications et leurs implications. Parmi ces dernières, quelques pistes se dessinent : quelle place pour le corps et ses manifestations au sein du groupe ? Quel étayage reste permis par l’utilisation des médiations au cœur des processus qui le traversent ? Comment reprendre et élaborer ces derniers et comment la dimension psychomotrice trouve-t-elle une place dans cette dynamique ? Que vise, en tant que tels, les groupes à médiations corporelles, dans la tension qui les relie mais les oppose aussi parfois aux modèles et aux cadres psychanalytiques de l’approche groupale ? Les textes présentés ici se proposent en tout cas d’ouvrir une nouvelle fois le débat sur un mode polymorphe, enrichi des expériences cliniques et inspirations théoriques de leurs auteurs. L’interview de Jean Bernard Chapelier nous fournira elle, à partir des modèles psychanalytiques du groupe, un cadre théorique et clinique de référence qui ouvrira le champ des réflexions à venir, à partir du témoignage d’un parcours et d’une évolution de la pensée, transmises par un clinicien et un théoricien qui a pu mettre à l’épreuve les différentes données de ce qui se joue autour du groupe. L’article de Noémie Thirant nous plongera lui par la suite au cœur de la clinique et d’un dispositif où la rencontre entre groupe et psychomotricité se fait par l’entremise de la danse, mettant en avant la notion de créativité autour de l’élaboration d’un objet commun qui sert au groupe de ligne directrice. Ensuite, le travail de Claire Bertin proposera une vaste réflexion sur les rapports entre groupe et corporéité, étayé là-aussi sur une expérience clinique riche de perspective, à l’écoute des articulations entre les émanations de l’image du corps et leur incarnation dans le champ de la groupalité. Fabienne Leplat, à partir d’un groupe intitulé « Autour de la marche », envisage quant à elle, dans une réflexion portée par des références théoriques plurielles et parfois issues de champs assez différents, des temps et des phénomènes groupaux qui peuvent servir de jalons et de repères pour comprendre, dans leur dimension la plus corporelle, les possibles étapes traversées par les groupes en psychomotricité. Le travail de Didier Chaulet, inspiré par une solide orientation psychodynamique, met lui directement en avant le rôle et la place tenue par la médiation au sein même du groupe, comme support de la symbolisation et de phénomènes de co-création où s’articulent expérience motrice et émergences de représentations. Le cadre ici décrit vient alors servir de paradigme pour pouvoir penser ce type de liens. Claude Broclain, Agnès Lauras-Petit et Catherine Potel nous proposent quant à eux de partager non sans enthousiasme une expérience groupale originale puisqu’elle s’étaye autour sur la dimension de formation et à partir de la relaxation. Le groupe y devient une expérience conçue et pensée comme support d’expériences inédites qui peuvent être par la suite intériorisées. Ces dernières sont dès lors disponibles pour trouver leur utilité dans d’autres espaces et à fortiori dans le cadre des prises en charge engagées comme thérapeute par chacun de ses participants dans d’autres espaces… Enfin, Daniel Courberand, quant à lui, nous parlera de ce qu’il propose de nommer les groupes thérapeutiques à médiation corporelle, qui permettent un travail d’élaboration du côté de « l’agir expressif », modalité de traitement symbolique qui soutient l’expression corporelle tout en contenant la charge excitante et agressive qu’elle comporte et ce par le biais et le soutien du groupe… Nous finirons ici ce numéro par un article hors thème : celui d’Anne Marie Latour qui envisage les liaisons possibles entre le domaine de la psychopathologie (et plus particulièrement celui des états limites) et de l’autre côté des éléments cliniques beaucoup plus directement liés à la sphère de la psychomotricité puisqu’ils concernent la latéralité. La problématique ainsi envisagée évite dès lors l’écueil des traditionnelles lignes de séparation qui pourraient concerner deux domaines à priori différents pour en montrer au contraire les implications et emboîtements réciproques, véritable plaidoyer pour la complexité des processus en jeu… En vous souhaitant une excellente lecture… 01 Editorial – J. Boutinaud -p. 2 02 INTERVIEW de Jean-Bernard CHAPELIER – Par J. Boutinaud -p. 4 03 La créativité dans le groupe thérapeutique : expérience d’un atelier de danse – Par N. THIRANT -p. 20 04 CORPS en GROUPE – CORPS GROUPAL… Une lecture psychomotrice du groupe à médiation corporelle – Par C. BERTIN -p. 36 05 LE GROUPE « Autour de la marche » – Par F. LEPLAT -p. 50 06 Travail de représentation et construction du transfert – Par D. CHAULET -p. 64 07 A propos d’un groupe de formation par la relaxation, et à la relaxation Sapir – Par C. BROCLAIN, A. LAURAS-PETIT, C. POTEL -p. 74 08 Les groupes thérapeutiques en psychomotricité – Par D. COURBERAND -p. 88 Hors thème : 09 Etats limites et latéralité : une question théorique – Par A.-M. LATOUR -p. 96 10 J.A. Strasbourg 2011 Programme des Journées Annuelles à Strasbourg -p. 106

Manuel de psychologie et de psychopathologie clinique générale

R. Roussillon-C.Chabert-A.Ciccone-A.Ferrant-N.Georgieff-P.Roman

Il n’existait pas jusqu’à présent de représentation théorique d’ensemble de l’histoire de la subjectivité et des ses aléas psychopathologiques, de la naissance à l’âge adulte. C’est la volonté des auteurs de ce Manuel de psychologie et psychopathologie clinique générale de pallier ce manque en présentant la logique du processus par lequel le bébé puis l’enfant, l’enfant latent puis l’adolescent construisent leur vie psychique en lien avec l’univers parental et les interrelations qui le constituent.
Les auteurs, issus de la pensée psychanalytique, retracent tout d’abord l’histoire de la réalité psychique de la subjectivité ; ils présentent ensuite les logiques, en large partie inconscientes, qui sous-tendent les formes d’expression de la psychopathologie. L’apport des neurosciences dans le champ de la psychopathologie est également abordé. Une approche projective complète enfin cette démarche d’ensemble et fournit une méthode pour médiatiser la subjectivité propre du clinicien.
Ainsi composé, ce manuel s’adresse à tous ceux qui, étudiants, jeunes professionnels et psychologues confirmés, sont soucieux d’une vue d’ensemble actuelle de la connaissance de l’approche clinique de la vie psychique et des formes de sa pathologie.

Psychomotricité : soigner l’esprit par le corps

Lisa Friedmann Article publié le 23/03/2011 dans la revue Le Cercle Psy. La psychomotricité s’intéresse à la fois au psychisme et aux comportements moteurs. Il s’agit là d’une approche peu courante dans nos sociétés où le clivage esprit/corps est la règle. Quant aux praticiens qui l’exercent, mi-thérapeutes, mi-rééducateurs, sait-on vraiment comment, où et avec qui ils travaillent ? Enquête. La psychomotricité peut être définie comme une spécialité du développement global de la personne. Elle étudie l’ensemble des comportements moteurs, envisagés en fonction de leurs liens avec l’activité cérébrale, la vie psychique, affective, intellectuelle et relationnelle, et ceci à tous les âges de la vie. Cette profession paramédicale propose une prendre en charge pour de nombreux troubles moteurs associés à des problèmes psychologiques : hyperactivité, inhibition, bégaiement, tics nerveux, agressivité, manque de tonus, défauts de coordination, difficultés de repérage dans l’espace et dans le temps, troubles de l’équilibre, maladresses motrices… Les champs d’application de cette jeune discipline sont vastes, et ne cessent de se développer (certains psychomotriciens souhaitent gagner le monde de l’entreprise). Les publics rencontrés sont par conséquent divers : nourrissons prématurés, enfants présentant des troubles du comportement, adolescents en échec scolaire, personnes âgées atteintes d’Alzheimer ou en fin de vie, adultes handicapés, femmes enceintes, malades psychiatriques, personnes souffrant d’addiction… Comment se déroule la prise en charge ? Le professionnel va commencer par établir un bilan psychomoteur approfondi afin de cerner l’origine et la nature des troubles de son patient. Une fois l’évaluation terminée, il proposera une rééducation adaptée à la problématique et aux capacités de la personne. Celle-ci peut se dérouler en groupe ou en individuel. Les médias utilisés sont très variés et font appel à la créativité du psychomotricien : sports collectifs, relaxation, musique, chant, danse, cheval, pâte à modeler, puzzles, exercices d’équilibre ou de mémoire, jeux d’adresse avec une balle, un cerceau, dessins sur ordinateur… Ces activités servent de prétextes : par la mise en action du corps, les séances de rééducation-thérapie visent à rétablir les fonctions physiques, mentales et affectives entravées, à retrouver une harmonie entre corps et psychisme. Par exemple, le psychomotricien peut amener une personne à travailler sa coordination ou son équilibre en lui faisant exécuter des figures avec un ruban ou un bâton de gym. Il peut aussi proposer à un enfant qui a des difficultés d’écriture des exercices de motricité fine sur ordinateur via une palette graphique. Quant aux sports collectifs tels le football, ils permettent de travailler à la fois la socialisation et l’investissement de l’espace. Le choix des activités proposées dépend des formations suivies par le psychomotricien et de ses compétences (formation à telle ou telle méthode de relaxation, intérêt pour les arts plastiques, pratique du cheval…), mais il se fait aussi en fonction des contraintes matérielles (Dispose-t-on d’un gymnase ? D’une piscine ?…). Quoi qu’il en soit, le psychomotricien doit faire preuve de créativité et d’adaptabilité, afin que les séances restent ludiques et pertinentes pour les patients. Comment devient-on psychomotricien ? A l’heure actuelle, 5 894 psychomotriciens, dont 85,5 % de femmes, travaillent en France. Pour pouvoir exercer, il faut obtenir le Diplôme d’Etat de psychomotricien créé en 1976 et accessible après trois ans d’études post-bac. Sept instituts dispensent la formation et l’entrée se fait sur concours (numerus clausus déterminé par le ministère de la Santé). Souvent, les psychomotriciens complètent leur cursus par une formation en thérapie par l’art ou la musique. Une fois diplômé, le psychomotricien n’agit, en principe, que sur prescription médicale. Il travaille généralement en réseau avec des médecins, des psychologues, des équipes de rééducateurs (masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes, ergothérapeutes…), des infirmiers, des puéricultrices, des éducateurs sociaux… Salarié ou fonctionnaire, il exerce principalement dans des centres de rééducation et de réadaptation, des hôpitaux (psychiatrie, maternité, gériatrie, soins palliatifs…), des centres médico-psychopédagogiques, des services de protection maternelle et infantile, des maisons de retraite, des centres d’aide par le travail… Le plus souvent, il doit cumuler deux employeurs, voire davantage. La plupart des psychomotriciens ne semblent pas rester longtemps dans un même poste. Ils changent régulièrement de structure, passent le concours de cadre de santé ou reprennent des études, notamment en psychologie, pour aller du côté de la psychothérapie. Quant à l’activité libérale, elle est rare : seuls 9 % des professionnels sont concernés, et ceux qui font ce choix sont souvent salariés à temps partiel en parallèle. Ceci s’explique du fait que les consultations, bien que prescrites, ne sont pas remboursées. Un métier peu visible Quant aux relations avec les autres professionnels de la santé, elles paraissent variables. Les psychiatres, par exemple, connaissent bien la psychomotricité et la prescrivent. En revanche, les pédiatres sont en général moins au fait. Et pour ce qui est des psychologues, tout dépend de leur obédience. Il leur est parfois un peu difficile de s’entendre avec les lacaniens, par exemple… Historiquement, avant d’être confiée à des praticiens spécialisés, la psychomotricité faisait partie de la kinésithérapie. Il s’agit donc d’une discipline relativement récente et des conflits subsistent par rapport à cette séparation entre psychomotricité et kiné. D’ailleurs la psychomotricité ne bénéficie pas des mêmes « avantages » que les autres professions paramédicales (les consultations ne sont ni actées, ni, rappelons-le, remboursées). De plus, différents courants s’affrontent au sein même de la profession : certains centres de formation privilégient une approche « psy », d’autres se concentrent davantage sur la « neuro », d’autres encore cumulent les deux perspectives. Ces divisions se retrouvent au niveau des syndicats. De ce fait, il n’existe pas pour l’instant de discours unifié. Il est aussi à noter qu’il existe très peu d’écrits, de recherches dans le domaine. D’où un manque de visibilité et une faible promotion de la profession. Témoignage en pédopsychiatrie Alexandra Hulsken a intégré l’école de psychomotricien(ne)s de Bordeaux après un bac scientifique. Depuis 17 ans maintenant, elle exerce en Alsace. Elle occupe un poste de fonctionnaire à temps partiel en pédopsychiatrie. Elle définit son métier comme une tentative « d’amener par le biais corporel une meilleure harmonie au quotidien aux enfants en souffrance psychique et/ou corporelle ». Elle explique que même s’il s’agit d’une rééducation par le corps, le bien-être psychologique est toujours pris en compte : c’est une préoccupation constante dans le cadre d’une prise en charge globale. Plus concrètement, elle rencontre au sein de l’hôpital de jour des enfants atteints de lourdes pathologies telles que l’autisme. Avec eux, elle évite un contact trop intrusif et travaille beaucoup en piscine avec des poupées, des bouteilles en plastique, des planches ou des matelas. En salle, elle peut aussi utiliser un ballon qu’elle roule sur les différentes parties du corps de l’enfant en les nommant, si celui-ci est d’accord. Quels que soient les « outils », elle ne sait jamais à l’avance comment va se dérouler une séance, s’adaptant en permanence au comportement et aux réactions de l’enfant, à ce qu’il exprime à travers le corps ou la parole. En réponse, elle met en mots ce qui se passe durant la séance et ce qu’elle perçoit du ressenti de l’enfant si ce dernier ne peut le dire. Son travail en pédopsychiatrie l’amène aussi à intervenir en CATTP (Centre d’accueil thérapeutique à temps partiel) auprès d’enfants présentant des difficultés attentionnelles, de l’instabilité, des pathologies physiques… Avec ce public, elle pratique la méthode feldenkrais, la relaxation, et se sert beaucoup de la balle. Les prises en charge d’enfants sont décidées en équipe pluridisciplinaire et prescrites par un médecin. Elles peuvent être ponctuelles ou s’échelonner sur le long terme (l’équipe réévalue régulièrement la situation). Souvent individuelles (une rencontre dure 45 minutes), les séances peuvent aussi se dérouler en groupe ou avec la mère, dans le cas d’enfants autistes par exemple (ceci permet de travailler le lien). En plus de cette activité, Alexandra Hulsken intervient dans une antenne des troubles de l’apprentissage (dyslexie, dysgraphie, dyscalculie…) faisant partie du service de pédiatrie d’un hôpital général. Dans ce lieu, une équipe pluridisciplinaire va poser un diagnostic approfondi afin de proposer des solutions. Alexandra Hulsken effectue, elle, la partie psychomotrice du bilan au cours de quatre rencontres avec l’enfant et sa famille. Ce détachement de 10 heures par semaine lui permet de prendre du recul, de diversifier son métier. En début de carrière, elle avait aussi fait de la formation. Elle sensibilisait des assistantes maternelles au développement de l’enfant, à l’intérêt du jeu et favorisait également le lien parents-assistantes. Elle aime son métier mais a connu un essoufflement à un moment donné, car elle travaille seule et sur plusieurs sites souvent éloignés. Il est donc pour elle difficile d’être disponible et de communiquer au mieux avec tous ses interlocuteurs. De plus, les moyens et le temps pour se former sont insuffisants.

Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence

Tous les aspects de la psychiatrie infanto-juvénile ! Organe de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence aborde tous les aspects de la psychiatrie infanto-juvénile et fait le lien entre la pratique de terrain et la clinique. Outil de référence et de formation pour l’étudiant et le praticien, la revue publie tant des articles originaux en pédopsychiatrie que des analyses de livres et des comptes rendus de congrès. Chacun des 8 numéros présente aussi un agenda complet des principales manifestations intéressant la spécialité. . Société académique : Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées Indexation : Embase/Excerpta Medica , Pascal/INIST-CNRS , PsycINFO, Scopus Contact : a.dore@elsevier.com

L’accueil de la petite enfance

Invités : Patrick Bensoussan,Sylviane Giampino et Corine Chaillan

La petite enfance est un âge qui nous suit toute notre vie. Il y a du bébé dans l’adolescent et sans doute aussi chez les adultes. La petite enfance est l’âge où s’acquiert la confiance et se forge la créativité de notre vie future. Livré à lui-même, le bébé se recroqueville sur lui-même. Trop sollicité ou encadré, il perd sa capacité d’initiatives. Les bébés, il convient de s’en occuper, mais il faut savoir également les laisser tranquilles. Être auprès d’eux, sans chercher à s’en débarrasser à coup de BabyTV ou BabyFirst, de logiciels ludo-éducatifs, ou à coup de programmes d’habiletés sociales tels ceux qui sont mis en œuvre dans certaines crèches afin de socialiser les bambins au plus vite ! Devenir un être socialisé n’est pas apprendre à se fondre dans un groupe anonyme. « Mamaïsez les crèches » conseillait Françoise Dolto. « Papaïsez les lieux d’accueil » », renchérit le pédopsychiatre Patrick Beb Soussan qui vient de diriger un « Livre Noir de l’accueil de la petite enfance ». « Nous les formatons, calibrons, nous sommes les nouveaux Merlins, enfanteurs de clones ritalinés, coachés » … s’écrie le médecin dans sa préface. « Nous voulons un bel enfançon, normé et étalonné » s’exclame-t-il. Allons bon. Les crèches seraient-elles devenues des maisons de correction pour bébés turbulents ? Les terribles images que les téléspectateurs du monde entier ont pu voir fin 2009 de la crèche de Pistoia en Toscane sont exceptionnelles. Il est rare que des enfants soient battus dans les lieux d’accueil de la petite enfance et les Maisons d’Assistants Maternels. Mais sans être mal traités, ils peuvent être l’objet d’un traitement social intensif. L’ouverture de l’accueil à la libre concurrence n’est pas que bénéfique. Le marché des crèches aiguise les appétits des opérateurs privés. Sans compter qu’il manque à notre pays 300 000 à 400 000 places pour l’accueil des tout-petits. En 1844, Firmin Marbeau, ouvrait la première crèche pour nourrissons à Chaillot. Depuis, sont apparues la crèche parentale, la crèche familiale, la micro crèche. Cette diversité des lieux d’accueil de la petite enfance ne doit pas entraîner leur démentèlement. D’où ce livre noir. Nous avons invité trois spécialistes de la petite enfance pour en débattre…

Invité(s) : Patrick Bensoussan, auteur, Responsable du Dpt de psychologie clinique Institut Paoli Calmettes de Marseille Sylviane Giampino, psychanalyste et psychologue Corine Chaillan, présidente de la FNEJE : Fédération Nationale des Educateurs de Jeunes Enfants à écouter en cliquant sur le lien: http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-3188461#reecoute-3188461

Revue OXYMORON

La revue Oxymoron – ingénieuse alliance de mots contradictoires –, est une publication du séminaire interdisciplinaire du CIRCPLES et du séminaire de l’AEFL (Association d’Études Freud et Lacan). Il s’agit de soutenir la coïncidence des savoirs psychanalytiques, artistiques, littéraires ainsi que ceux issus des sciences humaines dans une démarche trans-disciplinaire. L’étymologie latine de trans, renvoyant à un « au-delà » souvent inconfortable mais pourtant nécessaire.

dernière publication en ligne : 30 septembre 2010

Ce numéro présente des textes issus des séminaires 2009-2010 « Création(s)-Sujet(s) » du CIRCPLES ainsi que du séminaire de L’AEFL « Penser la clinique » http://revel.unice.fr/oxymoron/index.html
Michèle Achard : Acte psychanalytique, Acte éducatif Gilles Bourlot : La théorie freudienne du récit: la narration et ses enjeux spécifiques pour la psychanalyse. Daniel Cassini : L’idiot de village Inês Catão : Voix, Parole et Langage Marie Odile Fiévet Cattuti : Mort Création Acte analytique David Pavón Cuéllar : La conception lacanienne de la société, entre désagrégation névrotique et protestation homosexuelle Élisabeth De Franceschi : Y a-t-il une nouvelle clinique ? Christine Di Benedetto : Je comme sujet : l’introspection dans la littérature espagnole contemporaine de femmes Zaineb HAMIDI : Entre psychologie et psychanalyse Claude Miollan : Perspectives cliniques sur les dessins d’enfants Denis Siboni : Y a-t-il un double embarras pour la clinique de l’institution ? Frédéric Vinot : Les Erinyes, le free jazz et l’au-delà du principe de plaisir

« Les jeux vidéo et les réseaux sociaux modifient le rapport à l’espace, au temps, à la construction de l’identité »

LEMONDE pour Le Monde.fr | 18.02.11 | 17h41 • Mis à jour le 01.03.11 | 17h00 Dans un chat sur LeMonde.fr, Serge Tisseron, psychiatre et psychanaliste, spécialiste des nouvelles technologies, estime que les parents doivent réguler l’utilisation des écrans par leurs enfants au quotidien car « une fréquentation excessive peut nuire à d’autres activités ». Nous publions l’intégralité de ce débat du lundi 28 février 2011. A lire également sur ce sujet l’enquête de Pascale Krémer intitulée « Ados accros, parents à cran » et parue dans « Le Monde Magazine » daté 26 février. Ice Berg : Les « psy » constatent-ils une augmentation des consultations pour des problèmes relationnels ou de comportement liés à l’utilisation grandissante et précoce des écrans ? Oui, les psychologues et les psychiatres sont aujourd’hui énormément consultés pour l’usage jugé excessif des jeux vidéo ou des nouveaux réseaux sociaux. Pol : Comprenez-vous l’angoisse des parents sur ce sujet ou la trouvez-vous disproportionnée ? Les parents ont raison d’être inquiets, mais pas pour la raison qu’ils croient. La consommation excessive d’écrans à l’adolescence n’est, en règle générale, pas le signe de troubles psychologiques. En revanche, c’est vrai que la fréquentation excessive des écrans peut nuire à d’autres activités, et les parents doivent la réguler. Tom : Pendant quelle durée quotidienne doit-on autoriser les enfants à être devant des écrans (ordinateur, télévision) ? L’Académie américaine de pédiatrie a proposé en 1999 un guide pour les parents : pas d’écran avant 2 ans (les spécialistes s’accordent aujourd’hui à parler de 3 ans), une heure par jour entre 3 et 6 ans, 2 heures entre 6-9 ans et 3 heures au-delà. Mais il s’agit de temps réel global, incluant la télévision, l’ordinateur pour jouer, l’ordinateur pour travailler, la console portable… Yan : La télévision et les jeux vidéo font partie de leur époque et de leur quotidien. Comment ne pas les mettre en marge sans tout leur interdire et rentrer en conflit avec leur désir qui semble d’être en phase avec leur temps ? Pourquoi dit-on que les parents doivent cadrer le temps de jeu ? Parce qu’à l’adolescence, les jeunes n’ont pas encore acquis la possibilité de réguler eux-mêmes leurs impulsions. Ils ont de la difficulté à suivre les décisions qu’ils jugent pourtant les plus raisonnables pour eux. C’est pourquoi les parents doivent veiller à ce que les jeux vidéo n’occupent qu’une partie du temps de loisirs. Mais en même temps, cadrer est totalement insuffisant. Parce que les jeux vidéo comportent beaucoup d’aspects positifs et que les parents ont tout à gagner à s’y intéresser. Quand les parents accompagnent en s’intéressant aux jeux de leurs enfants, ils savent cadrer avec beaucoup plus d’intelligence et d’efficacité. Cadrer sans accompagner est aussi inutile que vouloir accompagner sans cadrer. Les deux sont indispensables. Latemotiv : Un enfant face à tous ces écrans peut-il devenir fou ? Et perdre la relation au réel ? Jlrenck : Qu’en est-il des repères d’espace et de temps chez des jeunes rivés sur ces fenêtres « magiques » par lesquelles – virtuellement – les distances s’abolissent, et l’immédiat devient la norme ? Des signes perceptibles de « mutations », d’incompétences spatio-temporelles, etc., ont-ils été observés ? La pratique des jeux vidéo, comme celle des nouveaux réseaux sociaux, modifie le rapport à l’espace, au temps, à la construction de l’identité, et à la place que nous donnons aux activités partagées et aux activités solitaires. Mais une semblable révolution a déjà accompagné d’autres grandes innovations comme l’invention de l’écriture, et, dans une moindre mesure, de la diffusion du livre grâce à l’imprimerie. Les modes de fonctionnement nouveaux repérés chez les enfants et les adolescents ne sont ni meilleurs ni pires que ceux auxquels nous sommes traditionnellement familiers. La culture des écrans est en train de remplacer celle du livre. Face à ce bouleversement, le pourcentage d’enfants présentant des troubles mentaux reste stable, et eux seuls courent le risque de développer des pathologies. Il ne faut pas confondre la sphère d’activité dans laquelle une pathologie est repérée avec la cause de celle-ci. Docteur Olive : L’écran est-il comparable à de la drogue, tant au niveau chimique (dopamine…) que psychologique ? Elvire : L’utilisation quotidienne de consoles de jeux ou d’Internet ne peut-elle pas générer des mécanismes addictifs chez les enfants ? Je constate que mes enfants ont parfois du mal à « décrocher » si je ne les y invite pas fermement. Dans les années 1990, Aviel Goodman a développé l’idée qu’il existerait des addictions sans substance. Mais à ce jour, il n’y a pas de consensus des spécialistes sur l’existence d’une addiction à l’Internet, au virtuel ou aux jeux vidéo. Pourquoi ? Parce que plus ces jeux évoluent, et plus ils donnent de l’importance à la socialisation via Internet. Evidemment, l’être humain adore échanger, ou plus précisément bavarder, et nous connaissons tous cela. Mais on ne peut pas dire pour autant qu’il existe une addiction au bavardage. Et c’est ce que font aujourd’hui la plupart des adolescents quand ils vont sur les jeux vidéo ou les réseaux sociaux : bavarder avec leurs copains. Le seul problème est chez ceux qui vont dans les jeux vidéo pour jouer seuls. C’est pourquoi les parents doivent toujours poser la question à leur enfant : « est-ce que tu joues seul ou avec d’autres ? » Jouer seul est le plus inquiétant, et si l’enfant répond qu’il joue avec d’autres, il faut lui demander s’il joue avec d’autres qu’il connaît ou qu’il ne connaît pas. La réponse la plus rassurante est celle où il retrouve le soir dans ses jeux des camarades de classe qu’il côtoie la journée. Adrien : Les réseaux sociaux ne sont-ils pas des lames à double tranchant : d’un côté, l’incroyable possibilité pour qui l’utilise d’échanger en temps réel et, de l’autre, un cloisonnement autour d’un écran, une certaine solitude face à l’écran ? Dans les réseaux sociaux, on n’est jamais seul, par définition. D’autant plus que des études ont montré que les jeunes, à la différence des adultes, retrouvent préférentiellement dans ces réseaux des personnes de leur âge, qu’ils connaissent par ailleurs. Les adultes cherchent plutôt à rencontrer des inconnus, avec le désir d’avoir des aventures… Lapin : L’écran ne risque-t-il pas de remplacer le parent en terme de transmission de normes et de valeurs ? Il y a longtemps que les enfants cherchent dans les écrans des repères pour savoir comment devenir « grand ». La télévision et le cinéma ont toujours constitué de tels repères. Et à partir de là, tout se joue autour de la relation que les enfants ont avec leurs parents. Si ceux-ci fonctionnent selon des règles claires et fiables, les enfants renoncent vite à appliquer les recettes qu’il leur semble découvrir sur les écrans. Mais si les parents n’ont pas de tels repères, ou, pire encore, se détournent de leurs enfants, ceux-ci vont évidemment tenter d’appliquer les modèles des écrans. C’est la même chose aujourd’hui avec tout ce qu’ils trouvent sur Internet. S’il y a une différence, elle est seulement dans le fait que sur Internet, ils sont non seulement en contact avec des modèles, mais aussi avec la communauté de leurs camarades, ceux qu’on appelle les pairs. C’est pourquoi aujourd’hui, les enfants sont beaucoup plus dépendants des modèles pratiqués par leurs camarades que par le passé. Mais, comme par le passé, la capacité des parents de proposer des repères fiables et récurrents reste essentielle. Mimie : Je n’ai pas la télé à la maison, seulement un ordinateur sur lequel mes enfants regardent de courts dessins animés. Je passe pour un extra-terrestre mais je me dis que c’est mieux comme ça. Mais cela peut aussi être à double tranchant… De plus en plus de parents préoccupés par l’influence des écrans sur leurs enfants préfèrent leur mettre des DVD plutôt qu’allumer la télévision. Les règles fixées par l’Académie américaine de pédiatrie en 1999 doivent s’appliquer de la même manière pour ce qui concerne le temps d’écran. Mais cette formule présente un avantage considérable : permettre à l’enfant de choisir ce qu’il va regarder, de le regarder plusieurs fois s’il en a envie, ce qui lui permet de comprendre mieux l’histoire et de développer sa mémoire. En revanche, ce choix peut conduire l’enfant à ignorer l’existence de feuilletons ou de dessins animés dont ses camarades vont lui parler. Mais l’expérience montre que les enfants dans cette situation s’en débrouillent très bien et qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir, d’autant plus qu’ils s’arrangent toujours pour regarder la télévision chez leurs copains ou… chez leurs grands-parents. Si les parents n’allument jamais la télévision, il vaut mieux qu’ils expliquent à leur enfant que c’est leur choix mais qu’ils sont tout à fait disposés quand même à parler de ce que l’enfant pourra voir ailleurs qu’à la maison. Glagla : Les adultes ne sont-ils pas les premiers à donner le « mauvais exemple » en passant eux-mêmes de nombreuses heures chaque semaine à consulter leurs mails ou à échanger avec leurs amis sur les réseaux sociaux ? Une récente étude américaine a montré que les enfants qui regardent le plus la télévision sont ceux dont les parents regardent le plus la télévision… Autrement dit, si des parents veulent que leurs enfants la regardent moins, le mieux est qu’ils commencent eux-mêmes par réduire leur propre temps d’écran. Pour ce qui concerne l’utilisation des jeux vidéo en réseau, il semblerait que le fait d’avoir un parent qui joue est plutôt dissuasif pour l’enfant de jouer : le jeu vidéo est en effet vécu comme une manière de fuir les parents, et si eux-mêmes sont joueurs, l’enfant court toujours le risque de se voir donner des conseils qui l’empêcheront de cultiver l’illusion de fuir l’influence des parents, notamment du père. Enfin, pour ce qui concerne les nouveaux réseaux sociaux, les jeunes y créent leur propre territoire, quel que soit l’usage que les parents en font de leur côté. Finalement, à mon avis, l’important est plutôt de créer dans la famille des moments où chacun peut parler de ses propres usages des écrans. Et le moment privilégié pour cela me paraît être le repas du soir pris en commun… sans écran, justement pour parler des écrans. Jos : Quels sont les réels désagréments d’une pratique excessive des écrans chez les jeunes enfants (3-6 ans) ? Pouvez-vous les décrire précisément ? Entre 3 et 6 ans, des études ont montré qu’il est essentiel que l’enfant ait des activités impliquant l’utilisation de ses dix doigts. C’est pour cela que traditionnellement, l’enfant à cet âge était invité à réaliser des découpages, des pliages, des collages, des coloriages… C’est en effet cette activité des dix doigts qui permet la maturation des régions cérébrales qui permettent l’appréhension des objets en trois dimensions. C’est pourquoi il vaut mieux éviter le plus possible que l’enfant à cet âge-là utilise une console de jeu qui ne mobilise que deux ou quatre doigts. Et il faut en particulier bannir complètement les consoles mobiles (Nintendo DS ou PSP), qui accaparent toute l’attention de l’enfant. Au-delà, le désagrément principal est la réduction des autres activités et la réduction du temps disponible pour en avoir. Il y a tellement de choses à apprendre à cet âge. Mais on ne peut pas non plus mettre sur le même plan la pratique d’un jeu vidéo et l’exploration de sites Internet. Pour un temps d’écran égal, prendre en compte le type d’activité est essentiel. Tout ce qui socialise l’enfant à travers l’écran et tout ce qui l’invite à se poser des questions et à résoudre des problèmes imprévus, favorise son développement. A l’inverse, toutes les activités de jeu répétitives, stéréotypées, et plus encore solitaires, sont inquiétantes. Destouche : Que pensez-vous des projets de l’éducation nationale qui veut que les NTICE (nouvelles technologies de l’information, de la communication, et de l’enseignement) envahissent le champ éducatif et que les écoles deviennent des cyber-cafés ? Le corps enseignant n’est pas prêt à laisser transformer les écoles en cybercafés ! En revanche, l’école a un rôle capital à jouer (comme les parents, mais différemment d’eux) pour que les enfants soient introduits de la meilleure façon aux nouvelles technologies. L’école doit expliquer aux enfants dès l’école primaire les trois règles de base d’Internet : tout ce qu’on y met peut tomber dans le domaine public ; tout ce qu’on y met y restera éternellement ; et tout ce qu’on y trouve est sujet à caution, parce qu’il est impossible de repérer les images de la réalité des images falsifiées. L’école a également un rôle essentiel à jouer pour expliquer aux enfants les modèles économiques qui sous-tendent Facebook, YouTube, Dailymotion…, et aussi l’importance du droit à la dignité et du droit à l’image. Avant d’être un lieu où l’on utilise les nouvelles technologies, l ‘école doit être un lieu où les enseignants les connaissent suffisamment pour mettre les enfants en garde contre leurs dangers et leurs pièges. Quant à l’utilisation des nouvelles technologies à l’école, les modèles sont encore à l’étude. On s’oriente aujourd’hui dans deux directions : d’abord, la mise au point de jeux vidéo à travers lesquels les enfants puissent acquérir des apprentissages utiles (jeux qu’on appelle « serious games ») ; et ensuite, l’utilisation des outils numériques que les enfants possèdent, à commencer par leur téléphone mobile et leur iPod. La meilleure manière qu’ils n’utilisent pas ces machines pour s’échapper des cours est encore de les obliger à travailler avec ! Mais nous ne sommes qu’au début de ces recherches. Anna : Je constate (mes collègues aussi) chez mes élèves de 9 ans de grosses difficultés de concentration et une nette tendance au zapping. Est-ce lié aux jeux vidéo et à la télévision ? Le cerveau des nouvelles générations, et d’ailleurs de tous ceux qui sont gros consommateurs de nouvelles technologies, ne fonctionne plus comme par le passé. Le désir d’obtenir une réponse rapide, le fait de passer rapidement d’un sujet à un autre, la difficulté de concentration, tout cela fait partie des nouvelles façons de fonctionner. C’est vrai qu’elles sont inadaptées au système d’enseignement traditionnel. Mais le problème est que rien ne prouve à ce jour qu’elles soient inadaptées au fonctionnement qui sera exigé de chacun d’entre nous dans dix ou vingt ans. On voit déjà de jeunes employés qui sont incapables de se concentrer sur une seule tâche et passent sans cesse de l’une à l’autre pour les résoudre en parallèle, et non plus successivement. C’est très déroutant pour les vieux cadres qui les regardent. Mais ils arrivent à faire le travail pas plus mal que leurs aînés, même si la méthode paraît dérouter la logique qui veut qu’on résolve plusieurs tâches de natures différentes les unes après les autres. Voilà le genre de paradoxe auquel il faut nous habituer. Certains pédagogues américains suggèrent même que la seule chose qu’il faudrait apprendre aux élèves serait la programmation de machines, car demain l’humanité se divisera en deux : ceux qui savent les utiliser (pensons à nos smartphones d’aujourd’hui !) et ceux qui sauront si mal le faire qu’ils seront rapidement marginalisés. C’est pourquoi les enseignants doivent s’engager eux-mêmes dans l’usage des nouvelles technologies pour mesurer l’ampleur des bouleversements qu’elles imposent au fonctionnement psychique et aux procédures d’apprentissage, et relativiser leurs dangers possibles. Didon : Comment choisir les dessins animés que peuvent regarder des petits enfants à partir de 2 ans et demi ? Rappelez-vous que le Conseil supérieur de l’audiovisuel a repris à son compte le slogan « Pas d’écran avant 3 ans ». Cela ne signifie pas qu’un enfant soit menacé dans son développement s’il regarde une demi-heure ou une heure de télévision par jour. Mais cela signifie qu’il a toujours mieux à faire, parce qu’à cet âge-là, ce qui importe, c’est qu’il puisse interagir avec le monde environnant d’une manière qui fasse intervenir tous ses sens. La télévision nous offre une relation réduite à la vue et à l’audition. Si un enfant n’a jamais l’occasion de regarder les programmes que les parents regardent pour eux, pourquoi en effet ne pas lui mettre de temps en temps un dessin animé ? Mais avant l’âge de 3 ans, et même un peu au-delà, il n’y comprendra rien de toute façon. Seuls comptent le rythme, qui doit plutôt être lent, et les couleurs, plutôt harmonieuses… Tom : Pensez-vous qu’il y a un âge limite pour avoir un téléphone portable ? L’âge auquel les parents achètent un téléphone portable à leur enfant baisse de plus en plus. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir des enfants en posséder en CM1. La seule chose que je peux dire aux parents, c’est que plus tôt un enfant aura un téléphone portable, et plus rapidement il s’éloignera de ses parents. A partir de là, tout dépend donc de leurchoix… Chat modéré par Emmanuelle Chevallereau et surligné par nous.

Il faut protéger la petite enfance du sécuritaire

Source: | 18.02.11 | 09h21 • Mis à jour le 18.02.11 | 10h06 http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/18/il-faut-proteger-la-petite-enfance-du-securitaire_1481782_3232.html Sept ans après son premier rapport où il avait « inventé » l’idée fallacieuse du dépistage dès la crèche des bébés agités pour prévenir la délinquance, Jacques-Alain Benisti récidive dans un second rapport sur la prévention de la délinquance des jeunes. On aurait pu s’attendre à des propositions qui aient atteint l’âge de raison. Malheureusement les mêmes présupposés erronés persistent, malgré un langage plus policé et des précautions oratoires. L’auteur se souvenant sans doute de la réprobation massive par la société de son premier rapport, et des 200 000 signataires qui, en quelques semaines, ont répondu à l’appel « Pas de 0 de conduite pour les enfants de trois ans ». Ainsi, finaud, M. Benisti concède que tous les enfants présentant « des signes de mal-être à 3 ans ne deviendront pas des délinquants à 15 ans ». Mais ne cède pas quand il maintient qu’« on constate à l’inverse, parmi les mineurs délinquants, un certain nombre de points communs dès leur plus jeune âge ». Dès lors il retombe in fine sur une proposition fleurant bon la détection précoce des futurs délinquants, en concluant : « C’est pourquoi il est fondamental de focaliser la politique de prévention de la délinquance sur la prévention précoce ». Dans cet esprit, la philosophie du nouveau rapport de M. Benisti se résume entièrement à l’objectif affiché de « faire de la politique de prévention de la délinquance le carrefour de toutes les autres politiques : sociales, ville, judiciaire, protection de l’enfance, scolaire ». Depuis la publication de l’expertise Inserm sur « le trouble des conduites chez l’enfant » en octobre 2005, le gouvernement, se justifiant des spécialistes et scientifiques qui le conseillent, confirme sa volonté de mettre en application la logique de pensée et de politique de prévention préconisée dans ce rapport. Logique et récupération politique contre lesquelles le collectif Pas de zero de conduite s’est constitué en janvier 2006, et mène sans relâche depuis, actions et réflexions. Nous nous élevons contre cette énième tentative, quelques mois après la publication du rapport de M. Bockel, de pervertir la prévention auprès des bébés et de leur famille en l’annexant à la politique de prévention de la délinquance. Mais que vient donc faire la prévention de la souffrance psychique et des difficultés de développement des jeunes enfants dans la galère de la prévention de la délinquance ? Et qu’ont à faire dans cette même galère le « développement de la capacité langagière d’un enfant », la « culture précoce de la parentalité et de la bientraitance dès les premiers mois de vie », ou la proposition de « rendre les écoles maternelles obligatoires pour les enfants de 3 ans » ? En reprenant les propositions de « cours de parentalité » si proches des projets de « coaching parental » chers à M. Bockel, en proposant de subordonner la protection de l’enfance à la prévention de la délinquance, en appelant les professionnels à une « obligation d’informer les maires de tout ce qui peut porter atteinte à la santé et à l’équilibre des enfants », le rapport 2011 de M. Benisti nous rejoue la partition de son rapport 2004. Une partition fondée notamment sur l’infantilisation, la suspicion et la sanction à l’égard des parents, et sur une nouvelle tentative d’assigner aux professionnels une mission de pistage et de contrôle qui dévoie la pratique et l’éthique de leurs métiers. La logique de toute cette soit-disant « prévention de la souffrance » n’est en réalité que répression anticipatoire à une délinquance annoncée. Le tout servant à professionnaliser la délation, le contrôle et la répression. On repère, puis on met au carré, puis on sanctionne si ça ne plie pas. Les enfants par les parents, les parents par les professionnels, les professionnels par les parents, le tout avec des élus et une justice instrumentalisés. Cette illusion de « mise au carré » en guise d’aide aux enfants en difficulté tend à se décliner avec cohérence du côté des enfants, comme du côté des adultes. En direction des enfants par un effacement des frontières entre l’éducation et le conditionnement précoce. En direction des parents par un effacement des frontières entre soutien à la parentalité et contrôle, entre accompagnement dans les difficultés et sanctions. En direction des professionnels enfin, par un brouillage des repères, missions, métiers, services au profit de protocoles, programmes et procédures d’expertises imposées. LA PRÉVENTION PRÉVENANTE Nous réaffirmons que la prévention prévenante est une finalité en soi qui n’a pas à se nicher à l’ombre des politiques de sécurité. Pourquoi céder à une telle manipulation qui relève au mieux d’une erreur idéologique, au pire d’un mensonge stratégique visant à concentrer les ressources et les moyens publics dans des dispositifs sécuritaires au détriment des institutions de santé, d’éducation, d’action sociale ? Faut-il encore le redire ? Le collectif Pas de zero de conduite œuvre pour faire reconnaître l’importance et l’urgence de la prévention prévenante en faveur des enfants. Mais pas n’importe laquelle, et à n’importe quel prix humain, social, éthique. Nous insistons sur l’importance d’une prévention psychologique prévenante qui s’adresse aux enfants et à leur famille pour éviter que la souffrance, l’inadaptation, la perte de confiance en soi ne nuisent à leur développement, à leur épanouissement, à leur liberté future. Nous ne partageons pas cette défiance à l’égard des jeunes, contrairement à M. Benisti qui se dévoile en citant en exergue de son rapport : « Ne tardez pas à vous occuper des jeunes, sinon ils ne vont pas tarder à s’occuper de vous ». L’engagement des professionnels du social, de la santé, de la psychologie, de l’éducation pour la prévention vise à protéger les enfants contre les dommages occasionnés en eux par des violences subies dans la société et les relations familiales et non à protéger la société et la famille contre les enfants. Nous demandons aux pouvoirs publics que les ministères de la santé, de l’éducation, des affaires sociales retrouvent leurs bébés, au lieu de laisser orchestrer une politique de l’enfance rétrécie à la prévention de la délinquance par les ministères de l’intérieur ou de la justice. Il est fondamental de protéger la petite enfance du sécuritaire, de faire échec au rapt des bébés par les politiques de lutte contre la délinquance. Sylviane Giampino, psychologue petite enfance, psychanalyste, Michel Dugnat, pédopsychiatre et Pierre Suesser, pédiatre en protection maternelle et infantile, sont membres du collectif Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans.

L’enfant insupportable

instabilité motrice, hyperkinésie et trouble du comportement Marika BERGES-BOUNES (ed) – Sandrine CALMETTES-JEAN (ed) – Catherine FERRON (ed) – Jean marie FORGET (ed) – Christian REY (ed) Co-Auteurs : Jean-pierre ALLAISConceicao BELTRAO-FLEIGHerve BENTATAJean BERGESFranco BOSCAINIGraciela CULLERE-CRESPINFabienne DALMONJamila HAMDANIJacinthe HIRSCHKarima LAZALIEvelyne LENOBLEAlexandrine SAINT-CASTJean-jacques TYSZLER – ©2010 Psychanalyse et clinique – collection dirigée par Marika Bergès-Bounes et Jean-Marie Forget ISBN : 978-2-7492-1210-4 EAN : 9782749212104 14 x 22 – 248 pages 23.00 €

L’Hyperactivité serait une maladie génétique.

Publié dans l’Express Par Laura Thouny, publié le 30/09/2010 à 14:30

C’est ce que met en évidence une étude anglo-saxonne. Et c’est une première. La maladie serait d’ordre neurologique et non comportemental.

L'hyperactivité serait une maladie génétique Manque d’attention, incapacité à se concentrer, instabilité émotionnelle, impulsivité… font partie des symptômes de l’hyperactivité Les parents des enfants hyperactifs ne sont pas à blâmer pour avoir échoué dans l’éducation de leurs enfants. Des chercheurs viennent en effet d’identifier des causes génétiques à cette maladie, qui serait un syndrome d’origine neurologique – et non psychologique. L’hyperactivité, aussi appelée « trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité » (ADHD), est surtout connue pour rendre les enfants qui en sont atteints « hors de contrôle ». Mais aussi pour la controverse qui fait rage autour de la ritaline, médicament de la famille des amphétamines, largement utilisé -parfois à tort – aux Etats-Unis. On a également souvent pointé du doigt les parents, accusés de manquer d’autorité, ou de donner trop de bonbons à leurs enfants. Une maladie neurologique L’étude, publiée dans la revue scientifique The Lancet, pourrait faire changer le regard que l’on porte sur l’hyperactivité. Les chercheurs viennent pour la première fois de montrer des modifications génétiques chez les enfants atteints d’hyperactivité. Et les marqueurs ADN découverts interviennent dans la même aire cérébrale que celle impliquée dans la schizophrénie et l’autisme. Ce qui signifie, selon les auteurs, que l’hyperactivité est une maladie d’origine neurologique, et non comportementale. « Nous espérons que ces découvertes aideront à vaincre la stigmatisation associée à l’hyperactivité », explique l’un des auteurs de l’étude. « On attribue trop souvent l’hyperactivité à une mauvaise éducation ou à l’alimentation. En tant que clinicienne, il était clair pour moi que c’était peu probable. Maintenant nous pouvons dire avec certitude que l’ADHD est une maladie génétique et que le cerveau des enfants atteints se développe différemment de celui des autres enfants ». L’hérédité avait déjà été évoquée comme facteur déterminant dans l’apparition de cette maladie, qui toucherait 1 à 10% des enfants en âge scolaire. Mais le lien génétique n’avait jamais été mis en évidence. Les auteurs n’écartent toutefois pas totalement l’aspect environnemental. « L’hyperactivité est un trouble très complexe, dans lequel interviennent de nombreuses causes différentes. De multiples facteurs génétiques différents doivent être impliqués en même temps que d’autres, non génétiques », analyse le Dr Kate Langley, qui a également participé à cette étude.

Parole donnée

La collection vidéo des professionnels de l’Enfance et de la Famille A voir sur le site d’ANTHEA: www.anthea.fr avec entre autres des nouveautés: Conduites à risque à l’adolescence: acte de passage. David Le Breton Prendre corps à l’adolescence, l’inédit d’une métamorphose. Maryse Ravel Sarrola, Christine François.

Être psychomotricien

Un métier du présent, un métier d’avenir

Etre psychomotricien Un métier du présent, un métier d’avenir Catherine POTEL BARANES (ed) Le métier de psychomotricien est une profession de santé réglementée, reconnue à partir de 1974 par un diplôme d’État. Depuis dix ans, elle a pris un essor considérable. Elle a le « vent en poupe », comme on dit. Pourquoi cet engouement ? Que dit-il de notre société en mal de repères et parfois en mal de corps ? Comment expliquer l’importance donnée aujourd’hui à la sensorimotricité, évidente dans la clinique des nourrissons et des enfants, mais aussi – et c’est nouveau – dans celle des adolescents, des adultes, des personnes âgées ? Le corps, métaphore du monde, porte en lui l’inscription d’une histoire, individuelle et groupale. La psychomotricité, pour avoir, dès ses origines, considéré le lien fondamental entre psyché et soma dans la construction identitaire, se trouve au centre des débats les plus contemporains. Dans cet ouvrage très complet, l’auteur revisite les fondements de la clinique psychomotrice. À la pointe des recherches les plus actuelles en psychomotricité, elle explore la complexité des techniques et des médiations utilisées qui, sous des allures d’une « simplicité enfantine », se réfèrent à des théorisations élaborées ; elle s’intéresse aux troubles psychomoteurs, aux différents bilans et évaluations, à la formation et donne, dans une diversité de points de vue, tout son sens à l’« être psychomotricien ». Catherine Potel est psychomotricienne et thérapeute en relaxation analytique (méthode Sapir). Elle travaille actuellement au CMPP de l’OSE à Paris et en privé, à Sceaux. Elle est fondatrice et responsable de l’association Vivre l’eau. Elle enseigne à l’Institut supérieur de rééducation psychomotrice et à l’Institut de formation en psychomotricité Pitié-Salpétrière, université Pierre et Marie-Curie. Elle areçu le prix Sapir en 2003. Co-Auteurs : Jean-michel ALBARETDorota CHADZYNSKIAnne GATECELFrancoise GIROMINIDenis GRABOTMarc RODRIGUEZRegis SOPPELSA – ©2010 Trames – collection dirigée par Bernadette Allain-Launay (ballainlaunay@wanadoo.fr) et Serge Vallon ISBN : 978-2-7492-1273-9 EAN : 9782749212739 11 x 17 – 472 pages 18.00 €

L’hyperactivité en débat

Fabien JOLY (ed) Co-Auteurs : Francois BANGEMaurice BERGERPierre FOURNERETJean-marie GAUTHIERBernard GOLSEMarie-christine MOUREN-SIMEONIPascal ROMANBernard TOUATILouis VALLEE – ©2005 Carnet psy -Le- – dirigée par Manuelle Missonnier (manuelle@carnetpsy.com) ISBN : 2-7492-0508-5 EAN : 9782749205083 11 x 17, 160 pages 10.00 €

Corps et Psychiatrie

Résumé :
Le corps et son appréhension sont des éléments essentiels de la conscience de soi. Les troubles de la représentation du corps sont très souvent constitutifs de troubles psychiatriques. Cependant, compte tenu du dualisme classique de la séparation du corps et de l’esprit, le corps est souvent oublié en psychiatrie. Eclairé par différentes approches théoriques, cet ouvrage intègre la question du corps à la clinique psychiatrique et clarifie les liens entre représentation du corps et pathologie mentale dans les diverses catégories diagnostiques : névroses, psychoses, maladies psychosomatiques, états dépressifs… Ce livre permet au lecteur, qu’il soit psychiatre, psychologue, médecin généraliste, kinésithérapeute, psychomotricien… de prendre en compte la question du corps chez un patient représentant des troubles psychiques et de trouver là une voie d’approche thérapeutique. En première partie, le concept de corps est abordé d’un point de vue historique et théorique : l’évolution du statut du corps, le développement de sa connaissance, les modèles de sa représentation selon les différents courants de pensée. La partie centrale de l’ouvrage est clinique et s’attache, pour chacune des pathologies psychiatriques de l’adulte, à dégager la nature de l’investissement du corps, ses avatars et ses conséquences. La dernière partie est consacrée aux différentes thérapies à médiation corporelle, leurs courants historiques, leurs approches, leurs techniques et leurs indications en fonction de la pathologie. Un lexique et une bibliographie très documentée complètent cet ouvrage.
Auteur(s) : Pierre ANDRÉ, Thierry BENAVIDES, Françoise GIROMINI
Collection : Psychomotricité (Corps & Psychiatrie)
ISBN : 9782853852562
Nb de pages : 258 p
Année : 2004
Prix TTC : 27,00 €

Psychomotricité : entre théorie et pratique

3e édition

Broché
Paru le: 25/08/2010
Editeur: In Press
Collection: Psycho
ISBN: 978-2-84835-190-2
EAN: 9782848351902
Nb. de pages: 312 pages
Poids: 590 g
Dimensions: 16,6cm x 23,9cm x 1,7cm
Résumé : En l’espace de trente ans, la psychomotricité est devenue une profession à part entière. On fait désormais appel aux psychomotriciens dans les crèches, les maternités, les services de pédiatrie, de médecine générale, de neurologie, mais aussi en psychiatrie ou en gériatrie. En fondant sa pratique sur l’articulation entre corps et psyché, le psychomotricien occupe une position  » charnière « , au coeur même de la problématique de la vie humaine. Une situation privilégiée qui le conduit à s’adapter aux différentes pathologies rencontrées et qui lui demande une écoute, une créativité indispensables. Mais cette position  » intermédiaire  » ne présente-t-elle pas néanmoins un risque d’éclatement des pratiques et des réflexions ? Comment la psychomotricité peut-elle garder sa spécificité, malgré la grande diversité des pratiques ? Cet ouvrage a été conçu autour de ces interrogations. Il réunit les contributions de psychomotriciens travaillant dans des secteurs différents. Au travers des textes présentés, sont tour à tour rencontrés des nourrissons, des enfants, des adolescents, des adultes et des personnes âgées. Chaque auteur nous fait partager ce qui vient du  » terreau  » même de sa clinique. Cet ouvrage  » laisse parler  » la diversité de la clinique tout en proposant une théorisation des pratiques.

L’enfant dyspraxique et les apprentissages

FICHE TECHNIQUE ISBN : 978-2-294-71022-3 Date de parution : 9/2010 Format (l x h) : 170 x 240 mm Référence : 471022 Nombre de pages : 216 Langue de publication : Français Marque/Éditeur : MASSON Collection : Neuropsychologie

Au sein des « dys- », les dyspraxies sont des troubles du développement gestuel et/ou visuo-spatial dont les répercussions sociales et scolaires peuvent être sévères, envahissant le quotidien et compromettant l’avenir. Ces pathologies ont en effet de graves conséquences sur l’ensemble des apprentissages. Rédigé par des cliniciens dont la pratique auprès de jeunes dyspraxiques s’inscrit dans l’indispensable interaction quotidienne entre rééducation et école, cet ouvrage vise à fournir des clés pour comprendre les ressorts cachés de ces échecs scolaires, afin de mieux les prévenir ou tout au moins les pallier. C’est pourquoi sont abordés ici à la fois les stratégies de remédiation (dévolues aux rééducateurs) et les aménagements qui, dans le même temps, doivent prendre place en classe, en partenariat avec les enseignants. Comportant de nombreux exemples qui illustrent les difficultés rencontrées tous les jours par ces enfants, ce livre constitue un ensemble cohérent de propositions pratiques et concrètes visant à rétablir les chances de réussite scolaire et d’épanouissement du jeune dyspraxique. Après des rappels sur les processus en jeu dans les apprentissages (gestuels, scolaires ou rééducatifs), les auteurs précisent les conditions d’un véritable projet thérapeutique global, avant d’aborder les différents aspects des accompagnements dans les apprentissages : écrire, e-écrire, compter, lire. Puis un chapitre de synthèse offre une méthode générale d’analyse des supports scolaires, spécifiquement dans les aspects qui croisent et sollicitent le handicap de l’élève. Enfin, sont abordées les difficultés liées à la vie quotidienne (repas, habillage, sports et loisirs) et leurs répercussions sur l’estime de soi.
L’évaluation des soins en psychomotricité : la thérapie psychomotrice basée sur les preuves versus la psychomotricité relationnelle

Bonjour, Je me permets de vous envoyer, ci-joint et sous format PDF, un article susceptible de vous intéresser.

Cet article, qui vient de paraître dans la revue « Annales Médico-Psychologiques » s’intitule « L’évaluation des soins en psychomotricité : la thérapie psychomotrice basée sur les preuves versus la psychomotricité relationnelle ».

Cordialement, James Rivière —————— James Rivière Maître de conférences en psychologie du développement Psychomotricien DE (Pitié-Salpêtrière, 1990) Laboratoire de Psychologie et Neurosciences de la Cognition et de l’Affectivité (EA 4306) Université de Rouen Thèmes de recherche et publications : http://www.univ-rouen.fr/11305/0/fiche___annuaire/

Bonjour,

Suite à la publication de mon article intitulé « L’évaluation des soins en psychomotricité : la thérapie psychomotrice basée sur les preuves versus la psychomotricité relationnelle », de nombreux psychomotriciens m’ont sollicité l’indication de coordonnées d’organismes proposant des formations de qualité dans le domaine de l’évaluation et de la prise en charge des troubles psychomoteurs. Recevez ci-dessous les coordonnées de formations qui m’ont été rapportées comme étant de qualité. Je vous invite à m’indiquer les stages de formation continue qui vous ont aidé à mettre en place des pratiques professionnelles relevant de la thérapie psychomotrice basée sur les preuves. Ces informations seront intégrées dans un envoi ultérieur. Cordialement, James Rivière —————————————————————— Evaluation de la dyspraxie et du Trouble de l’Acquisition de la Coordination (TAC) : Les Editions du Centre de Psychologie Appliquée (ECPA) proposent des formations à l’examen psychomoteur avec la présentation des épreuves et des profils des résultats obtenus avec le M-ABC, le BHK, la Figure de Rey et l’épreuve de Schéma Corporel : http://www.ecpa.fr/psychomotricite-ergotherapie/presentations2.asp Le M-ABC BATTERIE D’EVALUATION DU MOUVEMENT CHEZ L’ENFANT est un outil de référence pour l’évaluation du développement psychomoteur et des capacités psychomotrices (présentation : http://www.ecpa.fr/psychomotricite-ergotherapie/test.asp?id=1807 Evaluation et prise en charge des dyspraxies : http://apfformation.blogs.apf.asso.fr/files/Fiches/209p25.pdf Evaluation des troubles visuospatiaux et graphomoteurs : http://www.sfb-formation.fr/upload/media/images/SFBDTVPVMI%20Presentation%202011.pdf Evaluation et rééducation des troubles visuospatiaux chez l’enfant : http://www.anfe.fr/_migal/datas/Progs/2011.E09.pdf Prise en charge des troubles graphomoteurs chez l’enfant : http://www.anfe.fr/_migal/datas/Progs/2011.E05A.pdf Evaluation et prise en charge des difficultés de l’attention, de l’inhibition et de la planification chez l’enfant : http://www.sfb-formation.fr/upload/media/Form%20SDdysexecutif/SFB%20DYSEXECUTION%20Presentation%202011.pdf —————— James Rivière Maître de conférences en psychologie du développement Psychomotricien DE (Pitié-Salpêtrière, 1990) Laboratoire de Psychologie et Neurosciences de la Cognition et de l’Affectivité (EA 4306) Université de Rouen Thèmes de recherche et publications : http://www.univ-rouen.fr/11305/0/fiche___annuaire/

Motricité Cérébrale

FICHE TECHNIQUE
ISSN: 0245-5919
Périodicité: 4 n° par an
Calendrier de publicationPour cette revue, les mois prévisionnels de parution sont les suivants : mars, juin, septembre, décembre
Format: 192×262
Langue de publication: Français
Marque / éditeur: Elsevier Masson
Copyright : © Elsevier Masson SAS
Motricité cérébrale Réadaptation, neurologie du développement Organe officiel du Cercle de documentation et d’information pour la rééducation des infirmes moteurs cérébraux (CDI)

Rédacteur en chef : Michel Le Métayer

La recherche et les traitements des atteintes cérébrales Motricité cérébrale publie des études et des évaluations sur les conséquences motrices, psychomotrices, pédagogiques et sociales résultant des atteintes cérébrales. La revue propose également des articles de clinique et de réadaptation. Un contenu scientifique et pratique : Vous trouverez dans chaque numéro des articles de fond, des publications abordant l’approche clinique, des analyses de publications, des récits élaborés à partir d’expériences vécues et des informations pratiques. Motricité cérébrale s’adresse aux « praticiens de la motricité » concernés par l’examen et la rééducation des handicapés souffrant de troubles neurologiques et associés, allant du polyhandicap à l’IMC : éducateurs, psychomotriciens, ergothérapeutes, psychologues et médecins.

La naissance de l’objet

Bernard Golse, René Roussillon

  • 288 pages
  • 28.00 €
  • ISBN : 978-2-13-058218-2
  • N° d’édition : 1
  • Date de parution : 28/04/2010

Ce livre s’attache à creuser l’une des problématiques cliniques au cœur des explorations de la clinique contemporaine marquée par la question de la différenciation primaire moi/objet. Cette question est au centre de l’interrogation clinique des cures dans lesquelles les formes de la souffrance narcissique-identitaire sont au premier plan. Mais elle est aussi au cœur de la clinique du premier âge, celle des bébés. Les interrogations et constats issus de ces deux types de clinique se recoupent-ils ? ou s’agit-il de deux mondes tellement éloignés l’un de l’autre qu’ils ne peuvent se rencontrer ? L’originalité de ce livre résulte du dialogue amorcé autour de cette question entre un psychanalyste spécialisé dans la clinique du bébé et un psychanalyste qui s’est attaché de longue date à la clinique des souffrances narcissiques telle qu’elle se rencontre chez l’adolescent et l’adulte. Bernard Golse est pédopsychiatre et psychanalyste, chef du service de Pédopsychiatrie de l’hôpital Necker-Enfants malades (Paris), professeur de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université René Descartes. René Roussillon, psychanalyste, est professeur de psychologie et de psychopathologie clinique. Il est également directeur de l’équipe de recherche clinique et psychopathologie des processus de subjectivation, directeur du département de psychologie clinique de l’Université de Lyon II, et directeur du psychopôle Rhône-Alpes.

Le trouble de l’acquisition de la coordination

Les éditions SOLAL ont le plaisir d’annoncer le retirage de : « Le trouble de l’acquisition de la coordination. Evaluation et rééducation de la maladresse chez l’enfant » ouvrage collectif coordonné par Reint H. Geuze (Université de Groningen, Pays-Bas).

ISBN : 2-914513-70-4 Format 16X24 cm, 240 pages, broché Prix : 29 Euros Parution : avril 2005 SOLAL éditeur : 111, rue Sainte-Cécile 13005 Marseille Tél : 04 91 25 77 85 Fax : 04 91 80 29 58 Courriel : solalvpc@wanadoo.fr Présentation de l’ouvrage : http://perso.wanadoo.fr/editions.solal/nouveautes/2-914513-70-4.html ——————–Résumé du livre——————– Le développement de la capacité à agir et à se déplacer ne nécessite habituellement aucun entraînement spécifique. Le développement moteur émerge de l’interaction avec l’environnement qui exerce des contraintes mais offre également des modèles pour l’apprentissage par imitation. Notre capacité à appliquer les principes de coordination à de nouvelles habiletés motrices nous ouvre un vaste champ de possibilités. Chez certains enfants, cependant, les habiletés motrices ne se développent pas de façon appropriée. Ces enfants éprouvent des difficultés dans l’apprentissage des habiletés motrices et sont maladroits dans leur mise en oeuvre. Il en résulte un retard du développement moteur. Pour nombre de ces enfants, aucune étiologie d’ordre médical ou neurologique ne peut être trouvée. Ils sont diagnostiqués comme atteints d’un Trouble d’Acquisition de la Coordination (TAC) et sont l’objet de ce livre. Ce trouble est également désigné sous diverses appellations telles que la maladresse, la dyspraxie ou difficultés d’intégration sensori-motrice. Cet ouvrage a pour objectif d’informer le lecteur des derniers acquis de la recherche portant sur le TAC. Il passe en revue les difficultés rencontrés par l’enfant souffrant d’un TAC (Geuze), les principaux tests disponibles dans le domaine des fonctions perceptivo-motrices (Albaret & Castelnau), les différents sous-types et la comorbidité (Visser), les déficits sous-jacents au TAC (Wilson & Butson), les principales approches thérapeutiques et leur efficacité (Polatajko & Cantin), et enfin, la prise en charge du TAC (Sugden). Cet ouvrage souhaite favoriser la diffusion des connaissances scientifiques actuelles ainsi que l’utilisation des outils appropriés pour le diagnostic, l’évaluation et le traitement du TAC. ——————– Sommaire du livre ——————– Préface : R.H. Geuze Chapitre 1 : Caractéristiques du Trouble de l’Acquisition de la Coordination : à propos des difficultés et du pronostic d’évolution (R.H. Geuze) Chapitre 2 : Démarches diagnostiques pour le Trouble de l’Acquisition de la Coordination (J.-M. Albaret & P. de Castelnau) Chapitre 3 : Sous-types et comorbidités du Trouble de l’Acquisition de la Coordination (J. Visser) Chapitre 4 : Déficits sous-jacents au TAC (P. Wilson & M. Butson) Chapitre 5 : La prise en charge des enfants atteints d’un Trouble de l’Acquisition de la Coordination : approches thérapeutiques et niveau de preuve (H. J. Polatajko & N. Cantin) Chapitre 6 : La prise en charge dynamique du Trouble d’Acquisition de la Coordination (D. Sugden) ——————– Les auteurs ——————– Jean-Michel Albaret : Université Paul Sabatier, France. Michael Butson : Université RMIT, Australie. Noemi Cantin : Université de Toronto, Canada. Reint H. Geuze : Université de Groningen, Pays-Bas. Helene J. Polatajko : Université de Toronto, Canada. David A. Sugden : Université de Leeds, UK. Jan Visser : Université de Pennsylvanie , USA. Peter H. Wilson : Université RMIT, Australie.

« Développements »

revue interdisciplinaire du développement cognitif normal et pathologique

Bonjour, Je me permets de vous envoyer, ci-joint et sous format PDF, l’intégralité du premier numéro paru en juin 2009 de la revue intitulée « Développements : revue interdisciplinaire du développement cognitif normal et pathologique ». BAT_revue_develp_1-2009 Cette nouvelle revue est présentée sur le lien : http://www.editions-solal.fr/revue/index.php?cPath=21&osCsid=25b0dac1bbe76a77ff41b5628b37d222 Des universitaires, psychomotriciens de formation, figurent parmi les membres du comité rédactionnel de cette nouvelle revue. Nos objectifs : – améliorer la crédibilité des psychomotriciens ainsi que la visibilité de leur action; – montrer aux médecins, prescripteurs de psychomotricité et décisionnaires dans la création de postes, que des psychomotriciens peuvent s’avérer compétents dans l’évaluation et la prise en charge des troubles psychomoteurs; – favoriser l’émergence d’une thérapie psychomotrice basée sur les preuves et non sur des discours théoriques obsolètes. Nos moyens : – la publication d’articles rédigés par des psychomotriciens soucieux de l’évaluation de l’efficacité thérapeutique de leurs prises en charge; – la diffusion de ces articles auprès d’un vaste lectorat constitué de paramédicaux, de pédiatres, de pédopsychiatres et de psychologues; – le professionnalisme d’un éditeur spécialisé dans les domaines médical, paramédical et scientifique. Afin de favoriser l’essor d’une thérapie psychomotrice basée sur les preuves, notre revue publiera des écrits de psychomotriciens répondant aux critères suivants : – évaluation des troubles psychomoteurs à l’aide de tests et d’échelles étalonnés; – prise en charge ciblée sur le trouble; – souci d’objectivation scientifique de l’efficacité du traitement mis en œuvre; – description objective des techniques de traitement afin de les rendre reproductibles par d’autres psychomotriciens pour des patients présentant des pathologies similaires; – bibliographie pertinente et actualisée. D’ores et déjà, des praticiens-chercheurs en psychomotricité rédigent des articles en vue de leur publication dans « Développements : revue interdisciplinaire du développement normal et pathologique chez l’enfant ». Je vous invite également à soumettre à publication vos manuscrits dans cette nouvelle revue en les envoyant par courriel simultanément aux trois adresses suivantes : albaret@cict.fr (Jean-Michel Albaret) james.riviere@univ-rouen (James Rivière) regis.soppelsa@free.fr (Régis Soppelsa) Cordialement, James Rivière Membre du comité rédactionnel de « Développements » —————— James Rivière Maître de conférences en psychologie du développement Psychomotricien DE (Pitié-Salpêtrière, 1990) Laboratoire de Psychologie et Neurosciences de la Cognition et de l’Affectivité (EA 4306) Université de Rouen Thèmes de recherche et publications : http://www.univ-rouen.fr/11305/0/fiche___annuaire/

Entre Sens Formation

Fascicule N°001: « DANSE – THERAPIE ET DYNAMIQUE DE GROUPE » Ce travail présente une expérience clinique de danse-thérapie auprès de jeunes enfants souffrant de troubles graves de la personnalités. Il expose d’une part comment la danse-thérapie peut représenter une médiation riche dans le traitement de la problématique psychotique, dans le soin transculturel et d’autre part l’importance du travail thérapeutique groupal.

  • Chapitre 1: « De la différenciation à l’Individuation « 
  • Chapitre 2: « De la problématique Individuelle à la dynamique groupale… »

Fascicule N°002: DANSE – THERAPIE ET TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES – « J’ai mal au corps… » Cet ouvrage retrace une expérience clinique en Danse-Thérapie, une rencontre singulière entre des soignants qui accompagnent, qui « ne savent pas », qui cherchent aux côtés des patientes; et des adolescentes, « qui ne comprennent pas pourquoi elles sont malades, ni comment elles peuvent sortir de l’impasse ». A travers l’approche de la Danse-Thérapie, nous avons tenté de construire un espace de soin, un espace d’écoute en proposant des explorations visant à éprouver le corps et ses sensations: à travers ses systèmes (os-peau-muscle), à travers des notions d’appuis, de poids et de soutien, à travers les schèmes moteurs de la petite enfance, à travers les rythmes et les cycles du corps, … et leurs résonances émotionnelles et imaginaires. Fascicule N°003: DANSE-THERAPIE ET CREATION  » CORPS, GROUPE ET MEDIATION… Mise en miroir, transformation et mémoire de l’intime » A partir d’une expérience de création de statuettes en argile auprès de jeunes filles souffrant d’anorexie , ce travail propose une réflexion théorico-clinique sur le lien qui existe entre la médiation, les espaces intimes du corps et leurs résonances – représentations dans la souffrance psychique. Après avoir introduit rapidement la question de l’anorexie et du travail corporel en groupe, la séance clinique au cours de laquelle le modelage a été proposé, est décrite étape par étape. Ces étapes successives montrent comment la matière-terre devient peu à peu une médiation thérapeutique, une matière à symbolisation. voir le site: http://www.entresens.com/Articles/

Revue THERAPIE PSYCHOMOTRICE et recherches

Le Tonus: toile de fond des émotions

Ce numéro de Thérapie Psychomotrice -et Recherches- est comme une toile tendue où s’imprime le décor, s’écrivent les mots, s’inscrit la trace des XXXVIIIème Journées Annuelles de Thérapie Psychomotrice à Angers. Nous avons voulu réinterroger cette approche fondamentalement psychomotrice qui lie le tonus à l’émotion, appréhender le tonus comme une toile à partir de laquelle l’émotion prend forme. Le tonus, véritable tissu d’échanges entre soi et l’environnement, nous invite à reprendre les chemins de notre premier langage. Cette capacité corporelle à recevoir les messages non verbaux et à s’y ajuster, c’est selon l’expression de J. De Ajuriaguerra « le dialogue tonique ». Celui-ci naît dès les premières interactions et reste la base de la communication non-verbale tout au long de la vie. Dans la pratique psychomotrice, le dialogue tonique peut être un outil de travail spécifique quel que soit l’âge et les difficultés du patient. Les questions suivantes se posent alors pour les professionnels : quelles sont les conditions pour que le corps du psychomotricien soit instrument de contenance et de résonance dans ce dialogue ? Comment chacun de nous trouve-t-il des lieux ressources ? Aussi, nous n’envisagions pas de parler du tonus sans la mise en scène du corps à travers ses différentes formes d’expression : l’aventure théâtrale de nos collègues psychomotriciennes ce jeudi soir pleine d’humeurs et d’humour, mais aussi le chant, le beat box, la danse, la photographie… Dans ce numéro, vous n’aurez pas de trace de ces instants magiques mais ceux et celles qui étaient là s’en souviennent… C’est en chaque lecteur que, maintenant, vont résonner les émotions liées au souvenir de ces journées, à l’évocation d’une clinique qui réveille celle de notre quotidien ou à la mise en tension du désir professionnel de recherche et de réflexion. 01 Du concept de dialogue tonique au concept d’interactions - Par B. Golse p. 6 02 ACCORD PERDU : une étude clinique et psychomotrice de la régulation du tonus et des pulsions - Par S. BOLMEYE-LECROSNIER p. 18 03 LE LIEU DU SIGNE – Interface langue française orale / langue des signes en pédopsychiatrie - Par J.-Y. CEILLIER & E. RAIMBAULT p. 28 04 L’APPROCHE SENSORI-TONIQUE et la question du morcellement - Par M.-F. LIVOIR-PETERSEN p. 38 05 IDENTITE & FONCTION du Psychomotricien - Par F. DESOBEAU p. 58 06 UNE HISTOIRE D’ENVELOPPE : Quand le contenant permet la résonance - Par F. CLEMOT-DELALLE & A. GALLOT p. 70 07 ENJEUX CLINIQUES autour de la grande bifurcation du musculaire au langage - Par P. DELION p. 82 08 Place du tonus & des émotions dans les difficultés interactives précoces de l’enfant prématuré - Par N. BOUSQUET-JACQ & Nicole BOULAY p. 92 09 PSYCHOMOTRICITÉ DE GROUPE : Espace de maturation tonico- émotionnelle - Par F. LEPLAT p. 102 10 LES TRANSFORMATIONS FANTASMÉES de l’enveloppe tonique primitive - Par S. ROBERT-OUVRAY p. 116 11 De l’emprise maternelle à l’inceste chez le sujet alcoolo-dépendant : quand le dialogue corporel semble impossible… - Par C. EXPOSITO p. 126 12 TONUS ET EMOTIONS en soins palliatifs - Par O. GAUCHER-HAMOUDI p. 136 13 BALNEOTHERAPIE & POLYHANDICAP : soin et libertés - Par A. LEBREC p. 146 14 L’HYPERTONICITE à l’adolescence Comme expression du lien à l’objet d’arrière plan d’Identification Primaire - Par C. CATHELAND p. 164 15 MISE EN JEU, MISE EN CORPS : la place du corps dans le psychodrame individuel avec des adolescents - Par I. CHARPINE PISCAGLIA & B. AUCKENTHALER p. 174 16 LA MOBILISATION d’une équipe pluridisciplinaire auprès de personnes âgées démentes - Par N. HERIDEL p. 184 17 L’EUTONIE GERDA ALEXANDER, lieu ressource possible pour le psychomotricien - Par G. LARRIEU p. 196 18 Journées Anuelles de Toulon Le corps abîmé - 7, 8 et 9 octobre 2010 p. 204

Actes des assises régionales Alzheimer PACA

lien des actes des assises régionales PACA du 29 Avril 2009 à Marseille: http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/-provence-alpes-cote-d-azur,135-.html

Ecrits de Psychomotriciens

Nous vous faisons partager Ecrits de Psychomotriciens publiés sur le site PsychomotWeb (http://psychomotweb.free.fr/public/public.php) sous forme de PDF téléchargeables.

Ecrits de Psychomotriciens N°1 avec des articles:

  • Luttons contre le mutisme graphomoteur! Par l’équipe de Speakomot’.
  • Le psychomotricien comme interface. Par Michèle GARREAU.
  • De l’eau, tout simplement… Par Valérie FONDRILLON.

ecrits1 Ecrits de Psychomotriciens N°2 avec des articles:

  • « S’il te plaît apprivoise-moi » Rencontre psychomotrice autour de l’abandon au Maroc. Par Estèle CAZALIS.
  • « C’est pour de la psychomotricité… » Itinéraires d’un symptôme. Par Marcel DEROUBAIX.
  • De l’organisation tonico-psycho-corporelle à l’intervention psychomotrice auprès de jeunes enfants trachéotomisés. Par Françoise de PALMA, Cathy RANDRIANANTENAIANA, Kristina RIVIERE.

ecrits2 Ecrits de Psychomotriciens N°3 avec des articles:

  • Des esprits animaux aux neurotransmetteurs, qui sait ce que peut le corps? Par Béatrice VANDEWALLE, Bernard MEURIN, Bruno BUSSCHAERT.
  • Quand la psychomotricité met au travail l’unité corps-esprit. Par Béatrice VANDERWALLE, Bernard MEURIN, Bruno BUSSCHAERT.
  • Propos pour la psychomotricité autour de Spinoza et de la philosophie de Merleau-Ponty. Par Béatrice VANDERWALLE, Bernard MEURIN, Bruno BUSSCHAERT.
  • L’utilisation actuelle du modèle spinoziste corps/esprit dans la pratique psychomotrice. Par Béatrice VANDERWALLE, Bernard MEURIN, Bruno BUSSCHAERT.

ecrits3

Les editions du Papyrus proposent:

Trois ouvrages coordonnés par Fabien JOLY et Geneviève LABES:

Ajuriaguerra-Volume 1 : Corps, tonus et psychomotricité

Ce premier volume rassemble les enjeux fondamentaux : – théoriques, historiques voire épistémologiques – de la naissance de la psychomotricité et du concept même de psychomotricité chez Julian de Ajuriaguerra, du corps-en-relation, du dialogue tonico-émotionnel ou des thérapeutiques psychomotrices.

Ajuriaguerra-Volume 2 : Psychopathologie développementale

A travers ce second volume, plus directement psychopathologique et psychiatrique, sont réunies les études conduites par Ajuriaguerra et ses collaborateurs sur les troubles psychomoteurs et instrumentaux dans le développement de l’enfant : débilité motrice, syncinésies, problèmes de la gaucherie infantile, difficultés d’écriture et du geste graphique, dyspraxies, apraxies, dysgraphies, désordres du schéma corporel… Ajuriaguerra explore ici les dimensions neuropsychologiques et psychopathologiques développementales que l’on croit aujourd’hui découvrir. Cependant, il s’agit toujours d’une perspective multidimentionnelle mettant au cœur de sa compréhension l’enjeu et le nouage psychomoteurs.

Ajuriaguerra-Volume 3 : Entre l’inné et l’acquis

Sont rassemblés ici les principaux travaux d’Ajuriaguerra dans la direction du précoce, du bébé et de son tout premier développement, en envisageant les rapports réciproques entre l’ontogenèse, les problèmes de maturation, les transformations successives des fonctionnements neuropsychologiques et les interactions affectives et sociales. Ici, Ajuriaguerra concentre ses recherches sur les enjeux liés aux gestes, aux postures et à l’émotion. C’est à travers ces interrelations précoces, ce dialogue tonique – fluidité partagée ou défaillante – entre le bébé et sa mère ou son entourage proche, qu’il donne la mesure de l’avenir du petit d’homme. commande en cliquant sur ce lien: http://editions-papyrus.fr/index.php?option=com_virtuemart&Itemid=58

Quel rôle a le geste dans l’élaboration de notre pensée?

Article publié le 23 janvier 2011 sur Les Inrocks:

Un vaste programme de recherches pluridisciplinaire, Lieux de savoir, se penche sur le rôle crucial du geste dans l’élaboration de la pensée. Un nouveau champ des possibles qui remet la main au coeur de la vie de l’esprit.

Dans un essai paru l’an dernier, Eloge du carburateur, l’Américain Matthew B. Crawford saluait l’intelligence de la main du mécanicien. Le rapport que le geste manuel entretient avec l’activité de l’esprit nourrit un nouveau champ de recherches en France, qu’un imposant ouvrage collectif dirigé par Christian Jacob, Lieux de savoir 2 – Les Mains de l’intellect, illustre avec acuité. Des liens secrets entre la main et l’esprit Des chercheurs, philosophes, historiens ou anthropologues y explorent les liens secrets qui se nouent entre les arts de faire et les arts de dire, entre la main et l’esprit. Partant du postulat selon lequel la pensée ne naît jamais in abstracto, les auteurs démontrent que le savoir se déploie à partir d’un savoir-faire : les gestes de la main accompagnent les opérations de l’esprit, la pensée prend forme grâce au maniement d’objets et d’instruments. Dire, c’est faire ; faire, c’est dire. Observer, fabriquer, classer, interpréter : le clivage entre les savoir-faire manuels et les savoirs abstraits s’efface dans l’entrelacement de l’immatériel et du matériel, de l’intellect et des gestes techniques. Faisant suite à un premier volume, Espaces et communautés, cette nouvelle somme des Lieux de savoirs’inscrit dans une perspective comparatiste et interdisciplinaire pour définir un paysage disséminé des pratiques savantes.

« Nous ne cherchons pas à éclairer le fonctionnement de l’esprit humain ni à trouver des schèmes-universaux de pensée, explique Christian Jacob. Nous explorons en revanche la mise en forme de la pensée en situation historique et culturelle, dans les projections qui la matérialisent, gestes et savoir-faire, artefacts, discours oraux, textes écrits, inscriptions. »

Ambitieuse exploration, ouverte à des multiples et souvent très différentes manières de poser la question, Les Mains de l’intellect s’intéresse autant aux pictographies amérindiennes qu’à un manuscrit indien du XVe siècle, à une page du Talmud qu’à un écran d’ordinateur, à l’établi d’un menuisier qu’à l’atelier de Michel Foucault (une étude passionnante de ses procédures de lecture et gestes dans sa bibliothèque)… Une pensée collective L’impression d’éparpillement, voire d’égarement, qui peut surgir à la lecture de la masse des articles est compensée par la cohérence et l’unité d’une pensée collective nourrie par les travaux fondateurs de Pierre Bourdieu sur le « sens pratique », de Michel de Certeau sur les « pratiques de braconniers », de l’anthropologie des savoir-faire (cf. Yvonne Verdier, Façons de dire, façons de faire – La Laveuse, la Couturière, la Cuisinière) ou encore de Bruno Latour (cf. son enquête ethnographique, La Vie de laboratoire – La Production des faits scientifiques). Grâce à de multiples éclairages complémentaires, le livre prouve que le raisonnement, la mémorisation et l’abstraction peuvent être conçus « comme la manipulation d’objets, de problèmes ou d’idées qui sont travaillés par des techniques particulières ». Les changements technologiques actuels, incarnés par les écrans tactiles qui introduisent une nouvelle gestuelle, modifient en eux-mêmes la nature des textes. Par les gestes inédits qu’il induit, le nouvel environnement numérique affecte la pensée, ce work in progress activé par la main nourricière. Jean-Marie Durand Lieux de savoir 2 – Les Mains de l’intellect, sous la direction de Christian Jacob (Albin Michel), 992 pages, 65€.

D’autres infos sur ce livre sur le site Actuphilo : http://actuphilo.com/2011/01/07/les-mains-de-lintellect/ et sur le site Philolog : http://www.philolog.fr/aristote-la-main-et-lintelligence/ et évidemment sur Lieux de savoir: http://lieuxdesavoir.blogspot.com/2010/11/lieux-de-savoir-2-les-mains-de.html

Psychiatrie: le rapport qui accuse

Paru dans dans la rubrique société le 18/03/2011 à 00h00

Récit-Le contrôleur général des lieux de privation de liberté dénonce, dans un avis que s’est procuré «Libération», l’hospitalisation sous contrainte.

Par ERIC FAVEREAU

«Nous disons que tout cela est insupportable.» Les mots sont durs. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, est pourtant un homme posé, conseiller d’Etat de formation. Il va faire paraître au Journal officiel un avis sur l’hospitalisation d’office en psychiatrie (télécharger ici le document au format PDF), et une recommandation sur l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (télécharger ici le document au format PDF et lire cet article), deux textes que Libération a pu se procurer. Constat terrible. Leur parution intervient au moment même où le Parlement débat d’un projet de loi qui vise à étendre encore les mesures de contrainte pour les malades mentaux. «Nous ne parlons pas dans le vide, argumente Jean-Marie Delarue. Depuis deux ans, nous avons visité plus d’une vingtaine de lieux d’hospitalisation psychiatrique. Ce ne sont pas de simples visites. Nous arrivons à l’improviste, nous restons, nous regardons tout.» Le contrôleur général des lieux de privation de liberté lâche : «Au regard des droits de l’homme, la situation est inquiétante et elle s’aggrave.» Avec, en arrière-fond, un mal typiquement français : le législateur fait des lois, mais les droits qu’elles sont censées garantir ne sont pas accessibles. C’est sur la question centrale de l’hospitalisation d’office qu’a planché le contrôleur. En vertu de la loi de 1990, les préfets peuvent, sur le fondement d’un certificat médical, faire admettre à l’hôpital des personnes, contre leur gré, «atteintes de troubles mentaux et qui compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public». Cette mesure, supposée exceptionnelle, est appelée «hospitalisation d’office» (HO). Elle peut être renouvelée, sans limite de temps. «Le malade en sort lorsque le médecin psychiatre, qui estime la sortie possible, la propose au préfet, lequel décide ou non la mainlevée de l’hospitalisation d’office», note Jean-Marie Delarue. Droits formels. Le législateur avait donc recherché un équilibre, entre le médical et l’administratif. Mais «aujourd’hui, quatre éléments mettent en cause gravement cet équilibre». D’abord, note l’avis, dans de très nombreux cas, les droits formels du patient ne sont pas respectés. Exemple : «On interdit la plupart du temps au malade d’avoir recours à un avocat. On lui dit, certes, qu’il peut saisir un juge, mais sans lui donner l’adresse, ni le lieu. Les formulaires qui lui sont fournis sont illisibles. L’accès à ses possibilités de recours n’est pas possible», s’étonne le contrôleur. Deuxième point qui noircit le paysage de la psychiatrie : «C’est le grand retour de l’enfermement qui caractérise désormais ces lieux de soins.» Cela n’est pas sans aberration : dans un même service de psychiatrie, les patients en hospitalisation libre sont contraints de vivre comme les autres, c’est-à-dire reclus, «en totale contradiction avec leur situation», note Jean-Marie Delarue. «Les portes d’un nombre croissant d’unités hospitalières psychiatriques sont en effet fermées à clef. Les patients, qui sont là librement, ne peuvent sortir, même pour se promener dans un parc, ni pour se rendre dans une cafétéria, ou participer à un office religieux.» Et de préciser : «Ces restrictions ne sont pas sans incidence sur la vie des malades et sur les relations avec leurs proches.» En d’autres termes, la logique de l’enfermement tire tout le monde vers le bas. Troisième point : les sorties d’essai. Depuis des années, c’était une pratique essentielle pour permettre à un patient en HO de commencer à se réhabituer à la vie hors les murs. Le médecin responsable signait alors un certificat, qui était ensuite, la plupart du temps, validé par le préfet autorisant la sortie. Depuis le meurtre à Grenoble en novembre 2008 d’un étudiant par un patient en fugue, les préfets ont peur. Une crainte renforcée par une circulaire de 2010, signée par les ministres de la Santé et de l’Intérieur, rappelant leur responsabilité directe. «Aujourd’hui, devant ces demandes de sortie d’essai, le préfet hésite, diligente une enquête de police. Les sorties d’essai se sont réduites comme peau de chagrin. Des malades, habitués à sortir régulièrement, en sont interdits.» Attaché. Dans le même ordre d’idée, les levées de HO, décidées par le préfet, sur demande du médecin, sont de plus en plus difficiles. «Aujourd’hui, le préfet hésite, demande une expertise, mais il n’a pas d’argent pour la faire. Au final, cela traîne des mois, voire des années»,lâche Jean-Marie Delarue. Des patients sont ainsi retenus, sans aucune justification médicale. «Le préfet fait ce qu’il veut au nom d’arguties juridiques qui ne sont pas opératoires.» Quatrième point : la situation des détenus qui bénéficient de l’article D 398, permettant à l’autorité préfectorale de placer un détenu en hôpital psychiatrique. Voilà des personnes incarcérées qui sont en crise. Le médecin de la prison demande qu’ils soient hospitalisés, et le préfet peut transformer leur incarcération en hospitalisation d’office. Mais là encore, c’est d’abord le parapluie que l’on ouvre. «Le préfet craint, par-dessus tout, l’évasion. Il traîne. Alors qu’il y a urgence, cela peut prendre jusqu’à deux semaines, alors que la personne est en crise aiguë.» Pendant cette crise, le détenu reste en cellule. Quand il arrive enfin à l’hôpital, il est mis systématiquement en chambre d’isolement, durant tout son séjour. Parfois, il est même attaché, sans discontinuer, pendant deux semaines. Résultat ? «On ne leur donne pas les soins appropriés à leur état, cela est absolument inadmissible. Nombreux sont ceux qui préfèrent retourner en prison, car en prison au moins ils peuvent avoir des visites, ou bénéficier de promenades.» De fait, c’est tout un monde caché que fait entrevoir le contrôleur général, un monde où les droits élémentaires des personnes ne sont pas respectés. Et dans ce monde-là, «ce n’est pas tant la loi, quelle qu’elle soit qui est en cause, mais la réalité des pratiques», conclut Jean-Marie Delarue.

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